Les Emirats Arabes Unis, l'Algérie et la Libye sont les différentes sources d'approvisionnement. Les appareils importés frauduleusement sont en moyenne 30% moins chers. Entre 50 et 55% des smartphones commercialisés au Maroc sont importés illégalement. Selon les professionnels qui les annoncent, ces chiffres sont même en baisse en 2015 et 2016 grâce à l'élargissement du réseau des magasins spécialisés. «Samsung est la marque la plus touchée, suivie de près par Apple. Huawei, Oppo mais aussi Wiko sont également concernées, mais à des proportions plus faibles», détaille El Amine Seghrouchni, DG de Bestmark, société spécialisée dans la distribution de téléphones et accessoires. «Sur le marché parallèle, les importations proviennent principalement des pays de Golfe, notamment les Emirats Arabes Unis, et du Maghreb, en l'occurrence l'Algérie et la Libye», assure un professionnel qui avance que «les téléphones importés des Emirats sont envoyés par voie aérienne sous forme de colis de 30kg». L'expéditeur enlève l'emballage et les accessoires pour pouvoir introduire entre 150 et 200 smartphones dans un colis qui est ensuite envoyé par messagerie rapide à un correspondant avec un nom d'emprunt. Une fois au Maroc, ce dernier se débrouille pour récupérer son colis. Dubaï est devenue la principale source d'approvisionnement compte tenu des avantages fiscaux que ce marché offre. Les appareils frauduleusement importés de cet émirat sont 30% moins chers que ceux des grossistes qui ont pignon sur rue. Les professionnels demandent un renforcement du contrôle A partir de l'Algérie et de la Libye, les produits arrivent par le circuit classique de la contrebande et sont aussi vendus à des prix défiant toute concurrence. A titre d'exemple, le Huawei P9 qui sera prochainement commercialisé officiellement au Maroc à 5 000 DH est déjà en vente à Derb Ghallef à 3 800 DH. «Pour combattre ce fléau, il faut juste appliquer le même système qu'en Turquie», déclare un professionnel. Concrètement, la direction des Douanes pourra partager ses données avec les opérateurs télécoms. Ces derniers doivent vérifier si le numéro de série du téléphone activé figure dans la base. Dans le cas contraire, la carte SIM doit être systématiquement désactivée au bout de trois mois. «Cette mesure rendra tout le parc des téléphones importés illicitement obsolète», explique le professionnel. Un autre professionnel précise que «les constructeurs ont des bases de données des téléphones vendus dans chaque pays. Ainsi grâce au numéro de série, ils peuvent identifier ceux qui ont été introduits légalement ou illégalement». Mais en réalité, il y a beaucoup d'enjeux. Les fabricants opèrent de manière globale et non par marché. Les pertes réalisées sur un marché sont souvent compensées par les gains réalisés sur un autre puisque l'origine du produit est le même et que leur prix de base n'est pas touché. Des prix un peu plus bas pour le client final équivalent en fin de compte à la hausse de leurs ventes. De leur côté, les opérateurs télécoms, sauf s'ils sont des importateurs, se garderont d'intervenir. Donc, la seule solution est que les autorités renforcent le contrôle, comme le suggère le DG de Bestmark.