Les ventes sont en hausse de 30 à 40% selon les marques. Un seul téléviseur dans un foyer urbain, c'est en passe de devenir exceptionnel. Prix, service après-vente, communication…, les marques se battent sur tous les plans. Les Marocains verront-ils ou non les matches de la Coupe du monde de football sur leurs téléviseurs? Après l'émoi causé par l'impossibilité pour les chaînes publiques d'acheter les droits de retransmission en raison d'un tarif prohibitif, il semble que l'espoir soit revenu. Certes, voir l'intégralité des matches reste quasi impossible, mais à l'heure où nous mettions sous presse (mardi 6 juin), le lancement de la TV par ADSL, la ruée vers les décodeurs analogiques, le positionnement des paraboles vers le satellite G-Telecom ou encore la possibilité de suivre les matches (avec commentaire en allemand SVP) sur ZDF ou encore ARD, élargissaient l'éventail des possibilités. En dépit des aléas, et comme tous les quatre ans, la Coupe du monde constitue, cette année encore, une aubaine commerciale non négligeable pour les revendeurs et les constructeurs de téléviseurs. «C'est la meilleure période pour la vente de téléviseurs», confie Ali Lakhdar, responsable marketing chez LG. Le mouvement a été perceptible dès le début de l'année. A ce jour, beaucoup de ménages ont acheté un nouvel appareil pour être sûr de pouvoir suivre les rencontres avec un confort amélioré. Au Comptoir de l'électroménager, on indique que les ventes ont augmenté de 40 % par rapport à la même période de l'année dernière. De manière générale, toutes les marques évoluent favorablement, d'autant plus que les sociétés de crédit à la consommation proposent des modes de financement avantageux. La configuration du marché a cependant beaucoup évolué. Selon les responsables de Philips, «il va vers le haut de gamme. On vend moins en unités et plus en valeur ajoutée». LCD et plasma, 2% des ventes sur un marché de 300 000 unités par an Autrement dit, les écrans plats sont très demandés. C'est ce que confirme Hicham Zaouid, directeur du Comptoir de l'électroménager. «Depuis six mois, on vend 10 écrans plats par semaine alors qu'on n'en vendait pas plus d'un par mois», précise-t-il. Abdelali, commercial dans ce même établissement, constate le même phénomène : «Tout le monde voudrait acheter un écran plat n'était la barrière du prix». Des prix, pourtant devenus plus abordables. De 70 000 DH TTC en moyenne en 2001, pour un 42 pouces, on est passé à 24 000 DH TTC en 2006. En 1998 on achetait le même produit entre 120 000 et 160 000 DH TTC. Les traditionnels postes à tubes cathodiques restent cependant les plus populaires car moins chers. Aujourd'hui, le marché des LCD et plasma représente 2 % des ventes, sans compter les écrans CRT (écran plat à tube cathodique) qui totaliseraient un peu plus de 50 000 unités, sur un marché global (postes classiques compris) de 300 000 unités. En l'absence d'un organisme fédérateur chargé, entre autres, d'arrêter les statistiques, outre le fait que l'informel est encore actif dans la commercialisation des téléviseurs, il est difficile de dresser une configuration exacte du marché. Néanmoins, pour le LCD et le plasma, Philips revendique 25 % des ventes, tandis que LG annonce en contrôler 55 % et veut passer à 70 %. «Même si le marché de la télévision est saturé, les gens continuent à acheter. Il y a quarante ans, il était rare d'avoir plus d'un téléviseur par foyer. Aujourd'hui, ce sont plutôt les foyers où il n'y a qu'un seul appareil qui sont l'exception, particulièrement en milieu urbain», explique un observateur du marché. Philips, Samsung et LG jouent la carte de la technologie Distributeurs, fabricants et distributeurs ont pris conscience que le marché ne se cantonne pas uniquement aux grandes villes. Les premiers s'impliquent dans les opérations promotionnelles des seconds, et rognent sur leurs prix. Lecteurs DVD, home-cinéma…, la tendance est aux offres couplées. Pour la plupart des marques, les axes marketing sont constitués par la qualité, le package, la technologie, le service après-vente et les garanties. En somme, personne n'entend céder du terrain à la concurrence. Pour Falcon, distributeur de la marque Samsung, l'objectif est de doubler les ventes par rapport à 2005. On note que LG, qui réalise 40% du chiffre d'affaires de son entité Customer electronics grâce à la télévision, a beaucoup communiqué par le sponsoring et les opérations telles que LG smile ou LG hope. Selon l'étude d'AC Nielsen, cabinet international de marketing, sur la notoriété de la marque, près de 67,7% des gens connaissent LG spontanément quand Sony enregistre 66,6 % (précisons que les responsables locaux de cette marque n'ont pas donné suite à nos différentes demandes d'information). Pour Philips, la TV représente 60% de son chiffre d'affaires. La marque revendique 23% de parts de marché. «Les ventes ont progressé de 30 % par rapport à la même période de l'année précédente», souligne Abdelaziz Nadi, directeur électronique grand public. Forte de ses nombreux brevets exclusifs telles la haute définition et la très haute définition qui améliorent la qualité des images, format sous lequel seront diffusés les matchs de la Coupe du monde, ou encore le procédé «ambilight» qui évite la fatigue des yeux, Philips maintient la pression. Enfin, chez Manar, fabricant local de téléviseurs Siera, on mise sur les prix qui, selon Meryem Lebiad, marketicienne dans cette entreprise, «constituent un argument de vente non négligeable, sans compter le service après-vente et la communication». Cela n'empêche pas l'entreprise de proposer une gamme aussi élargie que celle des fabricants étrangers.