Des industriels demandent la révision de la réglementation pour pouvoir disposer de moyens de production d'une puissance de 20 MW au lieu de 10 MW aujourd'hui. Le dossier a été examiné mardi 2 mai par la Commission des investissements. Des entreprises industrielles veulent investir dans l'autoproduction de l'énergie électrique, afin d'alléger leurs coûts de facteurs, mais elles butent sur une réglementation qui leur impose une limite au-delà de laquelle elles ne sont pas autorisées à produire : pas plus de 10 MW. Le décret-loi (n°2-94-5003) modifiant le dahir (n°1-63-226) portant création de l'ONE (Office national de l'électricité) donne en effet à ce dernier l'exclusivité de posséder des moyens de production électrique d'une puissance supérieure à 10 MW. Estimant leur compétitivité mise à rude épreuve après la signature d'accords de libre-échange entre le Maroc et certains pays, notamment arabes, des associations professionnelles, dont celles des cimentiers, ont saisi le ministère de l'Industrie, du commerce et de la mise à niveau de l'économie (MICMANE) pour lui demander de lever cette limite en augmentant le seuil de puissance des installations de production d'électricité de 10 à 20 MW. Il faut rappeler ici que le cimentier Lafarge a dû solliciter une dérogation spéciale – qui lui a été accordée – pour pouvoir installer une centrale éolienne à Tétouan de…10,2 MW. Considérant que les coûts de facteurs du secteur industriel dépendent en grande partie de l'énergie, le MICMANE est d'autant plus favorable à la requête des industriels qu'une augmentation de leur capacité de production, moyennant bien sûr une révision de la réglementation en vigueur, n'aura, juge-t-il, que des impacts positifs. L'autoproduction, un choix à la fois économique et stratégique Outre l'amélioration de leur compétitivité, face à des concurrents comme l'Egypte oà1 l'énergie est 3 à 4 fois moins cher qu'au Maroc, le MICMANE estime que dans la mesure oà1 l'autoproduction se fait généralement par l'éolien, cela permettra de réduire les énergies polluantes et donc de préserver l'environnement. Le ministère de l'Energie et des mines est du même avis. Mohamed Boutaleb, responsable de ce département, estime même que c'est là une opportunité pour promouvoir davantage les énergies renouvelables, puisque, en l'occurrence, il s'agit pour les industriels d'installer des éoliennes pour produire leur propre électricité. «Cela fait partie de notre politique, je ferai donc tout pour activer l'amendement de la réglementation afin d'encourager l'autoproduction d'électricité», confie M. Boutaleb. D'ailleurs, et on peut l'annoncer ici, le ministère de l'Energie et des Mines prépare actuellement une loi sur les énergies renouvelables. Il faut savoir qu'aujourd'hui, au Maroc, l'énergie éolienne représente à peine 1 % du bilan énergétique global, dont l'essentiel est produite par l'ONE. C'est évidemment faible pour un pays qui ne dispose pas d'énergies fossiles, mais bien pourvu en sites «éventés» propices à l'implantation de parcs éoliens. Le dossier a en tout cas été soumis à la Commission des investissements qui l'a examiné lors de sa réunion du mardi 2 mai. Même si aucune décision n'y a été prise, le dossier reste cependant ouvert. Pour les industriels, notamment les cimentiers – qui ont conclu avec la primature une convention d'investissement de 6 milliards de dirhams -, l'autoproduction d'électricité à partir de l'éolien ne tient pas seulement à des raisons strictement économiques. Elle procède également, explique un responsable à Ciment du Maroc, de «choix stratégiques»: pouvoir fonctionner dans l'indépendance et donc se mettre à l'abri d'éventuels incidents techniques qui peuvent affecter le réseau national, comme cela arrive parfois, y compris dans les grands pays industrialisés