Cet Eté a été particulièrement meurtrier pour la flore marocaine. Des incendies ont ravagé des hectares de forêts dans plusieurs régions. 60 hectares à Taza, 30 à Guercif, 4 à Nador sont partis en fumé durant les mois de juillet et août. Près de Marrakech, 200 palmiers ont été ravagé par le feu. Mais les plus lourdes pertes ont été enregistrées dans les régions d'Al Hoceima et Chefchaoun, où, durant quatre jours, le feu a détruit «150 hectares de couvert végétal». 3000 hectares au lieu de 150 Ce dernier chiffre, annoncé par le Haut commissariat aux Eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) est contesté par un réseau associatif du Rif. Alors qu'officiellement la surface brulée ne dépasserait pas les 150 hec, l'association Azir pour la protection de l'environnement parle de «3000 à 4000 hectares partie en fumée entre le 6 et le 10 août», peut-on lire dans le rapport de cette association. «Nos estimations se basent sur une enquête de terrain réalisée dans le Parc national d'Al Hoceima [superficie de 47 000 hec.]. Ce territoire comptait des espèces naturelles en raréfaction comme le précieux chêne de liège et le chêne vert. Le Parc qui compte encore des espaces vierges sont d'une grande vitalité pour l'écosystème de la région», explique l'association Azir. Des pertes considérables ont été enregistrées également chez les reptiles (tortues, serpents, lézards, etc…) et de nombreuses variétés d'insectes. «Lors de nos visites, nous avons constaté que les moyens humains et matériels n'étaient pas suffisants pour venir à bout du feu rapidement. Même la mobilisation de quatre Canadairs n'a pas eu l'effet estompé, car ce type de feu demande une intervention terrestre», souligne l'association Azir. Cette ONG créée en 1996 et qui compte à son actif plusieurs rapports qui tirent la sonnette d'alarme sur la situation dans la région persiste et signe : «nous sommes étonnés que ce Parc est candidat pour recevoir le statut d'ASPIM comme zone protégée en Méditerranée et ne dispose ni d'un Plan de prévention et de lutte contre les incendies, ni de passages pour faciliter les interventions, sans parler d'équipes sur place pour prévenir des feux de forêts». Silence radio des Eaux et forêts Face à ces allégations qui contredit la version officielle. Le HCEFLCD garde son silence. Sollicité à plusieurs reprises par Lakome.com, les Eaux et forêts ont refusé de répondre à nos questions. Le 23 août dernier, soit le lendemain de la publication de du rapport d'Azir, le Haut commissariat publie un communiqué, où il annonce «une diminution des surfaces forestières incendiées en 2011. Il s'agit au total de 2.180 hectares, au lieu de 5.600 hectares en 2010, soit une moyenne inférieure à celle enregistrée durant la dernière décennie, qui était de 3.500 hectares». Ce n'est pas la première fois qu'une ONG pointe du doigt le travail des Eaux et forêts. La section de l'AMDH à Khénifra avait publié un rapport en juillet dernier pour pointer du doigt la mafia du cèdre et ses complices. « Les pileurs sont protégés par des éléments corrompus dans les Eaux et forêts, dans la gendarmerie et la police », avance Aziz Akkaoui, membre de l'AMDH-Khénifra. Deux mois après sa publication, des commissions du HCEFLCD ont été envoyées sur place mais jusqu'à aujourd'hui, aucun des gardes forestiers mis en cause n'a été inquiété. Pendant ce temps, la mafia du cèdre du Moyen-Atlas achève son travail en toute impunité…