Bientôt, les Marocains devront aller donner leur avis sur le projet de nouvelle Constitution. Le «Oui» l'emportera sûrement, et à moins que ce pronostic ne s'avère erroné, le grand défi que pose ce référendum n'est sûrement pas de pouvoir valider le texte proposé. En réalité, les craintes se concentrent particulièrement autour du cauchemardesque taux de participation. Une inquiétude justifiée puisqu'à quelques jours de la date de consultation, un grand nombre de citoyens n'ont pas encore retiré la précieuse carte d'électeur, en dépit des appels incessant du ministère de l'Intérieur. Cela sans compter les non-inscrits sur les listes qui sont légion et, enfin, ceux qui, pour une raison ou une autre, vont louper le rendez-vous du 1-er juillet. Serions-nous en train de se diriger vers un piètre score à l'instar du taux de participation enregistré lors des législatives de 2007? Un «plébiscite» auquel n'auront participé à peine 40pc des concernés! Avec un brin de réalisme, l'on se rend compte que ce scénario pour le moins ridicule est donné favoris. D'une part, parce que les Marocains entretiennent, depuis très longtemps, un profond dégoût envers tout ce qui a trait aux urnes, et d'autre part -c'est le plus grave- en raison du fait que les partis politiques, pourtant censés encadrer les votants, délaissent leur mission et semblent décidés à rater leur rendez-vous avec l'histoire. Depuis que la machine de la campagne référendaire s'est mise en branle, les principales formations politiques et centrales syndicales (excepté la CDT) se sont lancé un sot défi: Qui pourra rassembler un maximum de personnes par mètre carré lors de son meeting. Pour ce faire, aucun grand parti n'a lésiné sur les moyens. Tous, mus par de vieux réflexes hérités de la défunte ère Bassriste, ont trouvé leur compte dans les quartiers les plus pauvres où ils recrutent des militants en free lance. Une promesse de déjeuner, une caquette par çi et un t-shirt par là, suffisent pour éveiller «l'esprit patriotique» de quelques analphabètes qui, plus est, se trouvent dans le besoin. Preuve s'il en est ce qui vient de se passer avec RNI. Un parti qui se targue, quand même, d'être le seul à être géré par des méthodes modernes, à l'instar des entreprises. Récemment, un «grand» meeting du parti de la colombe organisé au complexe Mohammed V a tourné court à cause du non respect du parti de son engagement tenu envers les militants, lequel n'était qu'une fausse promesse de déjeuner. Constatant que le festin tardait à être livré les +convives+ du RNI n'ont pas hésité a exprimé leur mécontentement en jetant des bouteilles d'eau minérales en pleine figure des cadres des bleus. Il a fallu quelques minutes pour contenir l'ire des invités, finalement consolés par un spectacle musical. Les cadres du Parti, dont Salaheddine Mezouar, Moncef Belkhayat ou encore la studieuse Amine Benkhadra, se sont vus obligés de quitter la salle sous haute surveillance. Morale de l'histoire: Ce n'est pas en invitant des foules dont peut-être une bonne partie n'ont pas encore l'âge de voter que l'on fera de la sensibilisation sur la nouvelle constitution! Hélàs, beaucoup de nos politiciens ne tireront pas les leçons qu'il faut de cette mésaventure. Ils recommenceront. Peut-être rien que pour nous rappeler que le Maroc de 2011 n'est pas vraiment différent de celui d'hier. Que la majorité des marocains est encore « pas prête » à enter de plain-pied dans l'expérience démocratique. Que la mobilisation du 20 février est insignifiante par rapport à l'effet obtenu par le recrutement de « militants » payés à 30 dh la journée. Ils font ça pour nous dire quelque chose comme, «Venez voir, c'est vous qui êtes en dehors de l'histoire pas nous! Nous, c'est le Maroc et voici les Marocains! ». Jusqu'à quand continueront-ils à recourir aux basses méthodes pour survivre, et tenter vainement de repousser le vent du changement. Finalement, ils ne font qu'épuiser leurs dernières munitions. Expier le restant de leur passif et (excusez moi d'écorchez vos oreilles avec cette expression) crever l'abcès pour dégager le pus. C'est nauséabond, mais allez-y on supportera. C'est nécessaire pour votre guérison chers politiciens. Vous vous porterez mieux par la suite. Sûrement mieux, et nous aussi avec.