82 villes et villages, des dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes, mais une voix et les mêmes revendications -« nous refusons une constitution makhzanienne ». « EL Manouni dégage », la constitution ne t'appartient pas » « Point de sacralité et la tyrannie finira par tomber » « Nous voulons une constituante ». Rejet de la commission Manouni, car elle ne peut se prévaloir d'aucune légitimité populaire. Le peuple ne l'a pas désignée, encore moins élue. Ne lui a conféré aucun pouvoir ou autorité pour parler en son nom, proposer en son nom, décider en son nom. Certes, elle jouit d'une « légitimité », celle de sa désignation par le roi. Une commission royale, de surcroît consultative qui agit dans le cadre fixé par son créateur. Elle ne pourra donc que se plier à sa volonté, à ses désirs, à ses intérêts, à son bon vouloir. Ne doit-il pas d'abord donner son aval, sa bénédiction au futur projet constitutionnel avant qu'il ne soit soumis à référendum ? N'oublions pas que les travaux de cette commission sont supervisés par le conseiller du souverain, Mohamed El Mouatasim. Ces marches ces revendications d'une grande partie du peuple, du moins de celui des jeunes qui constituent 52% de la population, constituent un vote contre cette constitution que concocte cette commission. Bien entendu Manouni et ses amis sont autistes. Ils n'entendent ni les voix de ces dizaines de milliers de citoyens, encore moins leur revendications. Cela ne les intéresse pas, ne les interpelle pas car ils n'ont guère de compte à leur rendre n'ayant pas été élus par eux. Oh bien entendu, la dite commission a auditionné nombre d'individus, de formations, de partis s'inscrivant dans le politiquement correcte et Makhzanisés à divers degrés. « Ecoute les, mais ne tiens pas compte de leurs avis », dit le proverbe. Les membres de cette commission n'ont pas voulu entendre aussi les cris de souffrances de ces dizaines milliers de marocains lorsqu'ils étaient pourchassés, traqués, tabassés, insultés, humiliés traités « de fils et de filles de putes » par les forces de la répression à Tanger, Casablanca, Rabat, Agadir, Fès, etc. … Comme ces forces répressives, ils soutiendront, comme le proclame la MAP (Makhzen Arabe Presse) « que ces marches perturbent la circulation et le réseau de transport à l'intérieur des villes, outre l'impact négatif sur l'activité commerciales. En conséquence les forces de l'ordre ont été dans l'obligation d'intervenir pour faire prévaloir la loi ». Dans un autre dépêche de la même officine, une autre version : « Les forces de l'ordre ne se sont livrés qu'à des contrôles d'identité ». Par ailleurs, et selon le ministre de communication, seules les villes de Casablanca, de Tanger, Fès, Rabat ont connu des violences. Question, est-ce qu'on peut en conclure que les marches dans les 78 villes et villages restants n'ont pas perturbé la circulation et l'activité économique ? Etrange pour le moins. Etrange cet autre argument exhibé par Monsieur Naciri, à savoir que c'est la gauche radicale, entendez par la Ennahj, et les islamistes qui ont semé le désordre, voulu assassiner la démocratie et opérer une OPA sur le mouvement du 20 février ? Il y a de quoi se perdre parmi tous ces arguments et explications avancés par le makhzen pour justifier, légitimer la répression sauvage et barbare subie par les militants de ce mouvement ! Comment concilier les atteintes et à la libre circulation dans les villes et à l'activité économique d'un côté, et contrôle d'identité et prétendue subversion animée par les islamistes et les gauchistes de l'autre ? Au demeurant s'il s'était agi de simples contrôles d'identité, il faudrait convenir qu'ils furent pour le moins, musclés : insultes, humiliations coups de matraques dont des dizaines de jeunes, filles et garçons, porteront les stigmates pendant très longtemps. 24 heures avant que ces dizaines de milliers de citoyens et de citoyennes ne soient tabassés, privés de leur droit de manifester, de clamer leurs revendications, Mr. El Majidi, directeur du cabinet de roi, et dont wikileaks a révélé l'étendue de la corruption, un homme dont le peuple marocain réclame le départ et le jugement (Majidi dégage, Majidi ir7ale) se rendait au festival Mawazine narguant, défiant, méprisant ceux qui réclamaient à juste titre : « flouss achaab, fin mchat, f-mawazine wa al hafalat » (Où est passé l'argent du peuple dans le festival de Mawazine et les fêtes).