L'ignoble attentat de Marrakech aurait-il pour objectif de : - Faire avorter le mouvement du 20 février et donner un coup d'arrêt à la dynamique de changement qu'il a enclenchée ? - Porter atteinte à l'initiative royale, aussi discutable soit-elle, visant à réaliser une réforme constitutionnelle ? - D'acculer le régime à se durcir, en le forçant à mettre fin aux actions du mouvement du 20 février - De pousser à un affrontement entre la monarchie et ce mouvement qui n'a pas cessé de gagner en audience, en expérience, en maturité. N'a-t-il pas mobilisé 800.OOOcitoyennes et citoyens lors, des marches qu'il a organisées dans plus de 100 villes et villages le 24 avril dernier. Des marches qui se sont déroulées dans un ordre parfait, ne connaissant ni dérapage, ni la moindre anicroche et regroupé les islamistes d'El Adl Wa Al Ihsan, les Salafistes*, les partisans des organisations des droits de l'homme, à leur tête l'AMDH, les militants des partis de gauche, Annahj, Attaliaa, les retraités de toutes les catégories, ainsi que des ouvriers, et des chômeurs. Sans oublier les mouvements amazighs. Il semble, in fine, que ceux qui ont commandité cet odieux attentat voulaient faire d'une pierre deux, trois ou même quatre coups. Leur timing n'est pas, quant à lui, le fait du hasard. Il a été choisi avec une extrême munitie ; à savoir au lendemain de la marche du 24 Avril, à 72 heures de la fête du travail et au moment où l'Etat annonçait des augmentations des salaires. Même si celles-ci avaient pour but d'acheter, entre autres, une paix sociale et faire en sorte qu'une partie des classes moyennes et du monde ouvrier ne rejoigne la contestation des jeunes du 20 février. Face à cette stratégie de déstabilisation le régime devrait garder son sang froid et ne pas opter pour le tout sécuritaire, en interdisant toute action du mouvement du 20 février, en commettant les erreurs faites au lendemain des attentats de Casablanca. A savoir se livrer à des rafles qui ont conduit à l'arrestation de plus de 2000 citoyens, dont la très grande majorité était constituée par des innocents qui furent condamnés injustement dans des procès uniques. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il faille rester les bras croisés. Les services concernés doivent accomplir leur devoir mais dans le respect total de la loi, comme a tenu à le rappeler le roi. Les responsables ne doivent pas céder à la panique. Et cette horreur ne doit pas mettre fin au processus de démocratisation en cours et aux débats qui l'accompagnent. Les tenants du makhzen, ses sbires, les sécuritaires de tous poils , et les réactionnaires de tous bords ne manqueront pas d'essayer d'instrumentaliser ce crime afin de préserver leurs privilèges indus et plaider pour une répression tous azimuts afin de mettre un terme aux changements en cours. C'est là une épreuve qui, même si elle est terrible, doit être mise à profit pour confirmer que rien ne pourra attenter à la volonté du Maroc d'assoire sa marche vers l'instauration d'une réelle démocratie. Sur le plan international, Europe et Etats-Unis conseilleront au régime de poursuivre ses réformes et ne pas faire le jeu des terroristes en mettant fin à ces réformes. Quant aux commanditaires de cette tuerie, plusieurs pistes sont à explorer y compris celle de l'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) vu le mode opératoire. Cette branche d'Al Qaida n'avait-elle pas déclaré, il y a peu, qu'elle pourrait agir au Maroc. La cible visée : un restaurant très fréquenté par les touristes étrangers et situé dans une place mondialement connue, celle de Jama3 El Fana renforcerait cette hypothèse. Si c'est le cas, le but recherché était de mettre fin au processus de changement en cours dans le royaume et se rappeler au bon souvenir de l'Europe. *les salafistes détenus à la prison de Salé ont dénoncé avec la grande vigueur l'attentat de Marrakech. Il en a été de même d' Adl Wa Al Ihsan