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Des personnalités de la société civile trouvent les promesses du Roi insuffisantes
Publié dans Lakome le 23 - 04 - 2011

Un groupe d'intellectuels dont Hakima Himmich, Bachir Benbarka et Karim Tazi ont publié dans le quotidien français Libération un appel où ils critiquent les dérives du règne de Mohammed VI, trouvent le discours du roi de 9 mars insuffisant et apportent leur soutien au mouvement du 20 Février:
Texte de l'appel:
Les soulèvements tunisien et égyptien, puis de nombreux autres en cours dans l'espace géographique arabe et méditerranéen, ont ébranlé des régimes qui se sont caractérisés par la corruption et la tyrannie, ainsi que par des politiques économiques, sociales et sécuritaires qui ont fait de leurs populations des sujets privés des droits élémentaires à la citoyenneté, la liberté et la démocratie. Le bilan politique et social de ces pays sur ces cinquante dernières années est cruel : pauvreté, chômage, analphabétisme, corruption, arbitraire, discrimination sexiste, répression, émigration, régression culturelle, intégrisme, dépendance économique et politique, musellement de la presse, détention arbitraire, torture, liquidation des opposants…
Bien que des nuances soient à apporter selon les spécificités de chaque pays, le constat est le même : c'est l'échec cuisant des régimes post-indépendances. Des générations entières en ont fait les frais et leurs jeunesses clament aujourd'hui avec détermination : ça suffit ! Elles revendiquent leur droit inaliénable à la citoyenneté pleine et entière, à la dignité, la liberté, l'égalité, la justice et la démocratie.
Au Maroc, le règne de Mohammed VI avait apporté à ses débuts quelques lueurs d'espoir : limogeage de Driss Basri ; libération de détenus politiques et retour dans sa patrie d'Abraham Serfaty ; politique volontariste en termes d'infrastructures ; réforme du code du statut personnel améliorant la condition des femmes… Mais, en l'absence de changement profond d'un système où le makhzen (1) a continué de régir en maître, ces réformes ne se sont pas attaquées aux fondamentaux absolutistes du régime, et leur rythme s'est vite essoufflé. C'est ainsi qu'emprisonnement et torture ont repris ; des organes de presse ont été contraints à la disparition ; des journalistes condamnés à la prison ou à des indemnités colossales ; l'affairisme et l'enrichissement des proches du Palais se sont accélérés… Le message est clair : la récréation est terminée !
C'est pourquoi, dans la lancée de ce printemps arabe, au Maroc, le mouvement du 20 février est né, initié par une jeunesse volontaire et pacifique, déterminée à conquérir ses droits. Ce mouvement a vite rassemblé autour de lui les forces de progrès : jeunesse, société civile, partis de gauche, mouvements de femmes, mais aussi islamistes, tous ralliés au mouvement et à ses revendications. Une force alerte, vigoureuse, compacte et déterminée est en marche. Vigilante à ne se laisser récupérer ni par les partis, ni par les islamistes, ni par les associations qui ont adopté son combat. Cette force n'est pas près de se tarir. Au contraire, elle se densifie de jour en jour. Ainsi, les manifestations du 20 février, renouvelées chaque dimanche depuis, n'auront été qu'un hors-d'œuvre à l'affluence de celles du 20 mars et préfigurent de l'ampleur de la mobilisation des 24 avril et 1er mai prochains.
Les promesses de réforme annoncées par le roi dans son discours du 9 mars ont entrouvert des fenêtres qui ne sauront enrayer le mouvement. En effet, les promesses de révision globale de la constitution ont été vidées de leur sens dès le lendemain par M. Manouni, président de la Commission de révision, nommé par le roi, qui a assuré que seules des modifications de forme et limitées seraient apportées à la Constitution. Les membres de cette Commission sont nommés par le roi et sont, pour l'essentiel, acquis au pouvoir. Surtout, le discours n'a pas répondu à la revendication essentielle exigeant une monarchie parlementaire où le roi règne mais ne gouverne pas. Et donc à l'exigence de séparation des pouvoirs, notamment religieux et politique, qui implique la fin de la «Commanderie des croyants», clé de voûte de la monarchie absolue et de droit divin. Il a au contraire affirmé «la sacralité de nos constantes» et des référentiels «immuables». Enfin, il n'a pas annoncé la fin du quasi-monopole du pouvoir politique sur les affaires économiques, cause d'un enrichissement insolent et du pillage du patrimoine national. La révolution en marche aujourd'hui, dont la revendication centrale est l'instauration d'une monarchie parlementaire, vise un système, dans son maillage absolutiste, qui a démontré son pouvoir de nuisance. La violente répression du 13 mars puis celles qui l'ont suivie ont prouvé que la coercition ne fera qu'exacerber colère et protestation et aboutir à une violence non maîtrisée pouvant déboucher sur une confrontation ouverte. Le bain de sang libyen est là pour nous rappeler les voies à ne pas suivre.
Nous venons en ces circonstances dénoncer toutes les forces conservatrices qui cherchent à semer la peur et le chaos. Nous voulons rassurer celles et ceux qui s'inquiètent de cette vague libératrice en leur disant qu'elle ouvre des perspectives uniques de renouveau et de progrès. Le Maroc a besoin d'une rupture avec le régime qui lui est imposé, non d'une réformette constitutionnelle octroyée. Cette révolution veut aboutir. Sans violence mais aussi sans tarder. La contrarier, c'est exposer le pays à toutes les dérives. En ces circonstances historiques, les directions de l'Union socialiste des forces populaires et du Parti du progrès et du socialisme, usées par des années de servilité, devraient prendre la mesure de cette mobilisation et choisir leur camp en entamant d'urgence leur propre révolution interne, faute de quoi, elles risquent de se couper définitivement à la fois de la jeunesse marocaine et de leurs propres bases. La révolution en cours peut encore être collective. Le temps de la servilité est terminé. Est arrivé celui de la démocratie et de la dignité.
(1) Ensemble des structures de pouvoir dépendant du roi et du palais
Signataires : Fouad Abdelmoumni, économiste ; Bachir Ben Barka, enseignant universitaire ; Younes Benkirane, journaliste ; Abderrahim Berrada, avocat ; Hayat Bousta, ancienne exilée, forum Vérité et Justice ; Aboubakr Chraibi, enseignant ; Hassan Hadj Nassar, ancien exilé, fondateur de l'Asdhom ; Hakima Himmich, acteur associatif ; Ibn Kafka, bloggeur et juriste ; Abderrahim Jamaï, avocat, ancien bâtonnier et président des barreaux du Maroc ; Kamal Lahbib, personnalité du monde associatif ; Larbi Maaninou, ex-exilé et enseignant ; Aziz Enhaili, politologue, chroniqueur, et analyste ; Karim Tazi, chef d'entreprise.


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