L'agence de notation analyse les risques encourus par les banques marocaines en 2013 et pointe en creux certaines inquiétudes liées à la gouvernance et aux effets de la crise. Un «atterrissage en douceur». C'est ainsi que l'agence américaine de notation Fitch qualifie l'évolution de l'activité des banques du royaume depuis 2012, dans son dernier rapport sur le secteur bancaire marocain qui vient de paraître. Fitch souligne que l'augmentation du coût du risque et la baisse des demandes de crédit (-3% au premier trimestre 2013) vont continuer à peser sur le résultat des banques marocaines. Attijariwafa bank a d'ailleurs annoncé cette semaine des résultats semestriels en baisse de 4,8% à 2,2 milliards de DH. Montée des risques... Après avoir engagé des «discussions avec les banques marocaines», l'agence de notation dit craindre de leur part la reconnaissance «tardive» de créances problématiques. Fitch estime que les règles de provisionnement adoptées par certaines banques (sans les citer) «ne sont pas aussi rigoureuses qu'attendu» dans un environnement économique vulnérable. Fitch estime également que les banques marocaines ont trop concentré de risques sur un nombre réduit de grandes sociétés : l'exposition de certaines banques sur un seul débiteur peut aller jusqu'à 10% de leurs capitaux propres. A cela s'ajoute selon Fitch l'exposition grandissante des banques marocaines en Afrique de l'Ouest (et en Tunisie pour Attijariwafa). En effet si les activités à l'international sont «profitables» pour Attijariwafa, BMCE et la BCP, elles engendrent aussi des risques politiques et opérationnels supplémentaires. Afin de mettre en œuvre «les contrôles adéquats», Fitch recommande ainsi aux banques d'intégrer les systèmes d'information et de management des risques de leurs filiales dans leurs propres systèmes, eux-mêmes jugés encore «faibles» par Fitch. ... Mais des «marges confortables» L'agence de notation souligne toutefois que malgré le ralentissement économique constaté depuis 2012, la performance des cinq plus grandes banques marocaines est soutenue par l'activité de crédit et par des «marges confortables». La principale source de revenus des banques marocaines provient toujours des marges d'intérêts, c'est à dire la simple distribution de crédits. La faible part des marges de commission, autre source possible de revenus, est un indicateur du manque d'innovation du marché bancaire marocain. Une situation mise en évidence dans le dernier rapport du Conseil de la Concurrence : Attijariwafa, «too big to fail» Concernant le risque de faillite ou de stress financier sérieux, Fitch estime que le gouvernement marocain serait disposé à mettre la main à la poche, vu l'importance stratégique du secteur, mais s'appuierait d'abord sur les actionnaires privés de référence. L'agence de notation cite les groupes français BNP Paribas et Société Générale, actionnaires respectivement de la BMCI et de la SGMB, qui seraient probablement prêts à soutenir leurs filiales. Idem pour Finance Com et le Crédit Mutuel français, actionnaires de BMCE. Pour Attijariwafa bank en revanche, contrôlé à 47,7% par la holding de la famille royale (SNI), Fitch parle «d'incertitudes autour de la capacité et de la volonté de l'actionnaire principal d'apporter son soutien», alors que la SNI est toujours en discussions pour la cession partielle de ses participations. Fitch estime qu'en cas de nécessité, le gouvernement marocain interviendrait «étant donné la position dominante de cette banque dans le secteur bancaire marocain».