Dans un communiqué dont Lakome détient copie, le président de la ligue marocaine des droits de l'homme (LMDH), Mohammed Zhari, appelle à l'annulation de la cérémonie d'allégeance car, selon lui, "elle constitue une humiliation pour les marocains et leur vaut des insultes lors des rencontres internationales de défense des droits de l'homme". Mohamed Zhari s'interroge sur ce que "le roi aurait à perdre s'il se contentait de recevoir des messages de vœux, de prononcer un discours adressé à la nation et à recevoir des délégations et les saluer normalement" précisant que "la question ne réduirait en rien le prestige du roi et l'obligation de respect que nous lui devons en tant que Chef d'Etat". Ce communiqué de la LMDH, proche de l'Istiqlal, intervient suite au refus du député istiqlalien Adil Tchikito de répondre à l'invitation du Protocole royal pour assister à la cérémonie d'allégeance organisée à l'occasion de la fête du Trône. Zhrai a qualifié l'attitude du député, membre de la LMDH de "courageuse". Les "gardiens du temple" Des personnes anonymes ont lancé une campagne contre le député istiqlalien sur les réseaux sociaux critiquant son refus d'honorer l'invitation qui lui a été adressée par le Protocole royal. Dans un entretien avec Lakome, le député "rebelle" s'est dit s'attendre à ce type d'attaques de la part de ceux qu'ils qualifient de "gardiens du temple". Par ailleurs, Mohamed Zhrai de la LMDH s'étonne de l'attitude de certains "hommes politiques et d'universitaires qui tentent de justifier cet esclavagisme et cette idolâtrie des temps modernes". Zhari considère que "l'attitude de Adil Tchikito mérite d'être louée d'autant que le jeune homme représente une partie du pouvoir législatif. Une autorité qui représente la nation, qui dispose du pouvoir de légiférer et de contrôler l'action du gouvernement, qui lutte contre l'autoritarisme de l'Etat et qui doit honorer la confiance des citoyens pour ne pas leur faire croire à la légitimité d'un comportement dépassé dans les monarchies parlementaires modernes où le roi règne et ne gouverne pas." Mohamed Zhari se dit non surpris de l'attitude du jeune député, "connaissant ses positions". De ce fait, le président de la LMDH a annoncé son soutien pour Tchikito "contre toutes ces voix qui s'accrochent à des rituels makhzanéens d'un autre temps au détriment de la dignité des marocains". Zhari considère également que l'attitude de Tchikito a permis l'ouverture d'"un débat public autour de cet événement annuel"précisant que "la monarchie au Maroc n'a pas besoin d'une file de personnes alignées sous la pression de cris invoquant la sacralité par la prosternation à une idole sous la canicule du soleil brûlant. Cela constitue une humiliation et un comportement infamant qui traduit une volonté de faire souffrir les gens, surtout lorsqu'il s'agit de personnes âgées et de malades, et qui participe à ternir l'image du Maroc". Et le communiqué de poursuivre : "le roi a le droit de célébrer la fête du trône avec le peuple marocain mais dans des formes qui profitent à la patrie en dégageant une image positive de la citoyenneté et un sentiment de dignité".