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Edito. Sahara : le coût de l'autoritarisme
Publié dans Lakome le 30 - 04 - 2013

Les derniers développements sur l'affaire du Sahara montrent que le Maroc a raté les tournants de 1999 et 2011. Seul un processus de démocratisation crédible permettrait la reconnaissance internationale de la marocanité du Sahara.
La réaction du régime marocain et de ses soutiens à la tentative des Etats Unis d'élargir le mandat de la MINURSO au contrôle du respect des droits de l'homme était prévisible et...logique. Prévisible car comme d'habitude le hooliganisme s'est paré du masque du patriotisme, dans les médias et au sein du Parlement.
La réaction du régime marocain était tout aussi logique. D'abord parce qu'il y a de quoi se sentir trahi. Trahi par un allié, en l'occurrence les Etats-Unis, pour lequel les services marocains ont torturé à souhait lors de la dite «guerre contre le terrorisme». Un allié pour lequel le régime a sali l'honneur des Marocains en mettant à disposition des « Blacks sites », ces prisons secrètes où une «main d'œuvre» marocaine se chargeait de la sale besogne. Un allié pour lequel le Maroc s'est humilié à la face du monde lorsqu'il a fait volte-face en refusant de ratifier le traité de la cour pénale internationale après l'avoir signé, parce que l'administration Bush n'en voulait pas.
Et puis, c'est une réaction logique pour un régime qui veut profiter du rayonnement qui va avec le statut de démocratie sans vouloir en payer le prix. Le projet de résolution américain allait, en quelque sorte, acter ce mensonge.
Dans cette affaire le Maroc tente d'atteindre deux objectifs. Faire pleinement partie du concert des nations et affirmer sa souveraineté sur ce que la communauté des nations appelle le Sahara Occidental. Le Maroc aurait pu poursuivre un seul de ses objectifs : la marocanité du Sahara. Il aurait pu refuser l'implication des Nations-Unies et affronter par la force s'il le faut toute contestation à sa souveraineté sur ses provinces du sud. Il aurait alors choisi l'isolement, l'autarcie. Une attitude nord-coréenne avec des implications nord-coréennes pour sa population. Il est utile de rappeler ces évidences car souvent le ton du débat national laisse croire que nous sommes prêts à payer n'importe quel prix. D'accord, mais commençons par avoir une idée du prix. C'est précisément parce que les autorités marocaines sont conscientes des conséquences d'un rejet de la médiation internationale qu'elles tentent d'atteindre les deux objectifs en même temps : souveraineté sur le Sahara ET intégration dans la communauté des nations.
Comment s'y sont-elles prises ? Mal. Les défaillances tactiques n'ont pas manqué. Plus problématique et plus lourde de conséquence est leur incohérence stratégique.
La pantalonnade de l'expulsion d'Aminatou Haidar, le désastre Gdim Izik où le PAM et l'Istiqlal ont tour à tour joué les pompiers pyromanes, et plus récemment la débandade de l'exigence du départ de Christopher Ross, font partie de la première catégorie. Dit poliment, des défaillances tactiques. Plus crûment, des opérations d'une insondable stupidité. Leur point commun, être directement piloté par le palais, ou par des affidés comme cela a été le cas pour Gdim Izik. C'est pour cela que la dernière sortie de Mustapha Bakkoury proposant la création d'une commission nationale présidée par le roi pour piloter le dossier du Sahara sous prétexte que le gouvernement a failli, est grotesque d'hypocrisie. Benkirane et son gouvernement sont innocents de ces défaillances. Enfin, pas tout à fait. En avalisant un système institutionnel qui met la monarchie au dessus de toute reddition de compte, ils adhèrent à ses politiques, l'encouragent à persister dans ses errements, et en deviennent complices.
Le cabinet royal s'est empressé de publier un communiqué clamant victoire après le passage de la résolution sur le prolongement de la MINURSO. L'objectif évident est de signifier que c'est bien le palais qui avait réalisé cet exploit. L'objectif moins avouable est d'espérer masquer le grave échec qu'est la tentative même par les Etats Unis d'introduire cette résolution. C'est un échec grave car il souligne une déroute stratégique.
Les condamnations répétées d'organisations internationales de défense des droits de l'homme, avec comme couronnement le rapport de Juan Mendez, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, concluant à la persistance de l'impunité et de violations sérieuses des droits de l'homme, viennent démentir un mythe. Le mythe selon lequel le régime marocain a définitivement tourné la page des atteintes graves aux droits de l'homme. Le régime a cru faire l'économie d'un vrai processus de démocratisation en effeuillant la gauche et la société civile de ses éléments tentés par les ors du Makhzen, et en les plaçant à tour de rôle a la tête d'instances et autres commissions. Il pensait montrer ainsi ce qu'il fallait de progrès en matière des droits de l'homme pour convaincre la communauté internationale. Il a cru que torturer pour les Américains, offrir l'économie marocaine aux entreprises françaises pour venir s'empiffrer de profits gargantuesques, et engraisser quelques grandes familles sahraouies allait lui acheter la paix, l'autorisation de faire ce qu'il veut au Sahara. Et dans le reste du Maroc, d'ailleurs...
Si c'était la seule façon de faire accepter la souveraineté marocaine sur le Sahara et en jetant toute considération éthique par la fenêtre, peut être. Sauf que non seulement ce n'est pas la seule manière, c'est la pire.
Qui se rappelle aujourd'hui que lors des importantes manifestations à Laâyoune en septembre 1999, il n' y avait pas un seul drapeau de la RASD, ni revendications d'indépendance ? Un peu plus de cinq années plus tard, en mai 2005, des manifestations de la même ampleur auront lieu à Laâyoune. Cette fois les revendications sont clairement indépendantistes. La question est : Que s'est-il passé entre-temps ? Ou, que ne s'est-il pas passé entre-temps ?
Après les événements de 1999, le roi avait limogé Driss Basri sous prétexte que les forces de l'ordre avaient fait preuve de violence injustifiée à l'égard des manifestants. Dans la foulée, il annonçait dans son discours commémorant la marche verte qu'il allait créer un conseil (CORCAS) qui s'occuperait de porter les revendications des sahraouis dont les membres seraient élus par les populations sahraouies.
Que fit la monarchie ? Rien. Il fallut attendre les événements autrement plus sérieux de mai 2005, pour que, sous la pression, le roi décide de créer ce fameux CORCAS. Mais avec une différence de taille par rapport aux promesses de 1999 : cette fois ses membres seront désignés par le roi.
S'il n'y avait que ça. Durant cette période, les promesses d'un jeune roi que beaucoup croyait convaincu de la nécessité de démocratiser le pays, se sont mues en certitudes d'une monarchie ivre de son pouvoir.
Centre de détention de Témara et ses torturés, brutalités policières, justice toujours aux ordres, presse interdite et gloutonnerie affairiste décilleront une génération de Sahraouis, la génération d'Aminatou Haidar, de Mohammed Moutawakil et d'Ali Salem Tamek. Une génération que le projet d'un Maroc démocratique aurait peut être séduit. C'était cela l'opportunité du Maroc. Convaincre ces jeunes Sahraouis que leurs aspirations à la liberté et au respect de leur dignité auraient plus de chances de se réaliser dans le cadre d'un Maroc démocratique.
Le projet d'autonomie avait un sens dans ces conditions. Le choix pour cette génération aurait été entre un Maroc qui se construit, qu'ELLE serait invitée à construire, et un processus d'indépendance qui les mettrait aux prises avec des élites du Polisario, au moins en partie, toujours engoncées dans une mentalité de guerre froide et sous l'influence du régime algérien.
Par ailleurs, la politique de l'achat des consciences n'a pas seulement visé les élites sahraouies. Les avantages dont bénéficie la majorité des sahraouis en termes de services sociaux, d'accès prioritaire aux emplois de la fonction publique, d'investissements publics et autres exonérations fiscales ont exaspéré les défavorisés du « nord ». Après Gdim Izik, ce ressentiment est apparu avec force. Une sorte de racisme anti-sahraoui décomplexé s'est déployé dans l'espace public. Une réaction qui n'a fait qu'exacerber le sentiment d'aliénation de populations dépeintes comme choyées et ingrates. C'est comme cela que cette idée néfaste d'acheter l'assentiment par l'argent a produit l'effet opposé.
La responsabilité d'Abdelilah Benkirane et des élites politiques qui, comme lui et son parti, ont choisi d'accepter la perpétuation de l'autoritarisme est à cet égard historique. Le retrait de l'élargissement du mandat de la MINURSO au contrôle du respect des droits de l'homme n'a pas réglé grand-chose. Par leur tentative qui vient s'ajouter au rapport de Juan Mendez et aux innombrables interpellations de la communauté internationale, les Etats Unis ont signalé que la répression exercée par les autorités marocaines pouvait avoir un coût. En d'autres termes, le militantisme indépendantiste devenait, à contrario, moins coûteux. Le résultat ? On l'a vu dès le lendemain du vote du conseil de sécurité. Les indépendantistes ont moins peur. Ils bravent des coups de matraques qui coûteront de plus en plus cher au régime marocain.
L'adhésion d'une jeune génération sahraouie, qui est née après la marche verte et a fréquenté l'école publique marocaine, au chantier d'un Maroc démocratique aurait dû être le meilleur atout du Maroc pour régler la question du Sahara. En l'absence de démocratisation crédible, elle est devenue son plus sérieux handicap.
Concrètement, il faut leur permettre de s'exprimer librement même lorsqu'ils demandent l'indépendance. Il faut permettre aux acteurs crédibles de la société civile de multiplier les contacts et créer des liens avec leurs vis-à-vis au Sahara. Il faut éradiquer ce cancer qu'est la prédation économique. Les fermes des potentats qui pompent les nappes phréatiques à Dakhla et ailleurs sont un crime écologique et contre l'intégrité territoriale du pays. Assez des agréments d'exploitations de carrières de sable octroyés aux suppôts du régime. Mettre fin à ces pratiques enverrait un signal puissant et crédibiliserait ce tournant de gouvernance. Mais cela n'est possible et ne serait crédible qu'à la condition d'une vraie démocratisation des institutions du pays. Nous avons raté les tournants de 1999 et de 2011, persister sur le même chemin nous fera un jour perdre le Sahara. Seule la démocratisation des institutions du pays nous donnera une chance de faire reconnaitre la souveraineté marocaine.
Le Maroc a, depuis le début de cette affaire, misé sur le facteur temps pour affaiblir ses adversaires. Aujourd'hui, ce facteur s'est transformé en guerre d'usure en raison de l'accumulation des erreurs. Le temps, au lieu d'effacer ces erreurs ou les faire oublier, ne fait qu'en amplifier le coût.
Révision du texte par Ahmed Benseddik


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