Miloud Chaabi a accordé un entretien au vitriol à l'hebdomadaire arabophone Al Ousboue. Il condamne l'intervention de Mounir Majidi, le secrétaire particulier du roi, dans les affaires. Le patron d'Ynna Holding se fait aussi oracle et affirme que le PJD est la dernière chance du Maroc. Sur le roi et les affaires, Miloud Chaabi avait été plus explicite et direct dans une interview publiée dans Le Journal Hebdomadaire durant l'automne 2009, dans laquelle il disait qu'il était préférable que le roi lui-même sorte du monde des affaires. Là où les propos de l'homme d'affaires publiés par Al Ousboue sont explosifs, c'est quand il affirme que son concurrent Anas Sefrioui, le PDG de la société de promotion immobilière Addoha, est le « Trabelsi » marocain. En faisant référence à la tristement célèbre famille de Leila Benali, épouse du dictateur tunisien déchu, Miloud Chaabi laisse entendre qu'il y a un lien d'affaire entre Sefrioui et la famille royale. Les avantages en tout genre et notamment l'accès privilégié d'Addoha à des terrains d'Etat, le soutien constant de la Caisse des Dépôts et de Gestion, principale institution financière publique du pays dirigée par Anas Alami, un proche de Mounir Majidi et Hassan Bouhemou, sont autant d'éléments qui éveillent les soupçons. Le fait que ce soit Chaabi qui tient ces propos et que ce soit Al Ousboue qui les publie, ne laissent d'intriguer. Si l'homme n'a pas sa langue dans sa poche, il n'est pas suicidaire. Quant à Al Ousboue, son directeur, Mustapha Alaoui, est connu pour sa proximité avec l'ancienne garde de Hassan II, dont les hauts gradés de l'armée que Mohammed VI a hérité de son père et qui sont restés en poste. Ce qui permet à certains de spéculer que l'attaque frontale de Chaabi n'est pas le dérapage d'un homme d'affaire aigri. Ce serait l'expression du ras-le-bol d'une caste proche du pouvoir devant l'incurie du roi et de son entourage.