Dans cette petite ville tranquille de 60. 000 âmes, nichée au coeur du Moyen Atlas, ce mythique collège créé par les Français au début du protectorat n'éduquait initialement que des berbères. Interdiction de parler arabe dans ces murs d'où sont sortis des générations d'intellectuels et de dirigeants du Maroc. Tranches d'Histoire... Azrou abrite le plus ancien lycée du Maroc et aussi un des plus prestigieux. Ce fut aussi le premier établissement berbère de l'histoire du pays. Au temps du protectorat, les Français avait pensé «séparer les berbères et les arabes», mais ce collège s'est révélé une véritable pépinière du nationalisme. L'établissement est rebaptisé «Lycée Tarik Ibnou Zyad» en 1957. «C'était une manière d'annoncer la fin de la ghettoïsation au sein du lycée et pour éviter les problèmes ethniques», dira un ancien élève. L'école d'Azrou dispose, dès sa création, d'un hectare environ pour les essais agricoles. Le lieu n'offrait aucune possibilité de logement, il y est prévu une maison pour le directeur et son adjoint. Concernant l'architecture du bâtiment, le climat d'Azrou étant très pluvieux, le choix est porté sur une terrasse à forte pente. C'est en octobre 1927 que s'ouvre, d'abord, l'école régionale berbère qui sera ensuite érigée en collège berbère en 1929. Il fallait que l'établissement soit en communication rapide avec Meknès. Mais il devait aussi être suffisamment éloigné de cette ville pour que les élèves ne soient pas touchés par la propagande politique venant des villes. «Le collège berbère, écrit Mohamed Benhlal*, fut pensé comme un instrument de pénétration politique dans la montagne berbère. Son objectif explique sa création au coeur du pays berbère de l'Atlas Central».