Se laver les mains 40 fois par jour, ranger ses chaussettes, chaque soir, pendant des heures, vérifier 30 fois de suite que le tiroir est bien fermé à clef ... Deux personnes sur cent seraient concernées par des TOC. Pourtant, des traitements existent. Le point sur cette maladie qui peut gâcher la vie. Les personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont confrontées à des pensées préoccupantes (des obsessions), et sont contraintes, pour les chasser ou les empêcher de survenir, de se livrer à des rituels particuliers (des compulsions). Les TOC font partie des pathologies de l'anxiété, et si la plupart des personnes sont sujettes de temps en temps à ce genre de symptômes (certaines superstitions, comme toucher du bois, par exemple, peuvent être rapprochées de rituels obsessionnels), on ne parle de TOC que lorsque les troubles occupent au moins une heure par jour de la vie d'un sujet et retentissent négativement sur ses activités. Les TOC peuvent, par leur intensité et le temps qu'ils font perdre, avoir un retentissement sérieux sur la vie sociale ou sur l'activité professionnelle. •Obsessions et compulsions Les rituels obsessionnels ne procurent aucun plaisir au malade, mais il se sent contraint de s'y soumettre. C'est, pour lui, la seule manière d'obtenir un répit temporaire de ses obsessions. Ces pensées, ces idées ou ces images qui font irruption dans sa tête de manière récurrente et persistante s'imposent au malade souffrant de TOC sans laisser de repos à son esprit. Souvent, les obsessions ont un contenu douloureux, inacceptable, dégoûtant et générateur d'anxiété. Le malade se rend compte, en général, que ses obsessions et les rituels pour les combattre n'ont aucun sens, sont absurdes ou dérisoires. Mais rien à faire : il ne peut les arrêter. Cela peut aussi bien être une activité manuelle (lavages, rangements) que mentale (compter dans sa tête, répéter des phrases, prier…). Les rituels peuvent prendre des heures et l'entourage doit parfois y participer. L'évolution d'un TOC est très variable. Dans certains cas, les symptômes ne sont pas trop importants ou ils diminuent avec le temps et restent supportables ou compatibles avec une vie normale. Dans d'autres cas, ils évoluent par poussées entre lesquelles ils restent modérés. Enfin, ils peuvent également s'aggraver progressivement et nécessitent alors un traitement spécialisé. En l'absence de traitement adapté, l'évolution spontanée d'une forme caractérisée de TOC est, à long terme, assez sévère. Et dans ses formes chroniques, les fluctuations des obsessions-compulsions sont fréquentes : aggravation en période de stress, et, chez la femme, en période menstruelle. Des rémissions durables peuvent être constatées lorsque le mode de vie change. •Des causes génétiques ou neurologiques Les causes des TOC ne sont pas encore très bien connues. Des recherches médicales sont actuellement en cours, et dans l'état des connaissances médicales d'aujourd'hui, on sait que les hommes et les femmes sont atteints de façon à peu près égale, et que la maladie commence le plus souvent à l'adolescence ou au début de l'âge adulte. Les scientifiques continuent d'explorer cette maladie et pensent qu'un ou plusieurs facteurs peuvent être à l'origine d'un TOC. Ces facteurs peuvent être familiaux et génétiques, ou peuvent être liés à un dysfonctionnement cérébral ou neurobiologique (les systèmes de neurotransmetteurs sont touchés), ou encore, chez les enfants, une infection streptococcique peut être une cause de TOC. •Psychothérapie, bienveillance et médicaments Evidemment, vivre avec une telle souffrance devient parfois difficile, surtout pour l'entourage, lorsque ces TOC sont particulièrement contraignants. Il y a, aujourd'hui, deux sortes de traitements : les psychothérapies et les médicaments. Ils sont souvent utilisés en même temps. Les psychothérapies sont diverses. La thérapie comportementale est souvent efficace, mais c'est au spécialiste neuropsychiatre de déterminer la meilleure indication, en fonction des troubles et de la personnalité du sujet. Pour aider le malade à s'en sortir, le soutien des proches est indispensable. La meilleure aide est d'éviter les attitudes excessives. En effet, pour avoir de bons résultats thérapeutiques, les proches ne doivent ni être « complices » en aidant à réaliser les rituels, ni systématiquement opposés au TOC et au patient. Il leur faut garder une attitude souple, à la fois ferme et bienveillante. En ce qui concerne les médicaments, les anxiolytiques, et notamment les benzodiazépines, réduisent l'anxiété, mais les anti-dépresseurs, sans que l'on sache exactement pourquoi, ont souvent un effet très positif sur la maladie. Une maladie bien étrange, qui n'a pas fini de livrer tous ses secrets.