(...) Plusieurs dizaines de milliers de réfugiés des camps de Tindouf vivent depuis plusieurs semaines dans une situation catastrophique. Le 11 février dernier, on le sait, des pluies diluviennes se sont abattues sur la région de Tindouf (sud-ouest de l'Algérie), autour de laquelle sont concentrés les camps de réfugiés dirigés d'une main de fer par le Polisario. Ces intempéries ont eu des conséquences dramatiques pour les réfugiés. Le Croissant Rouge Sahraoui, dans un communiqué publié le 12 février, affirme lui-même : «Les campements des réfugiés sahraouis dans la région algérienne de Tindouf sont frappés, depuis le jeudi dernier au samedi 11 février 2006, par des pluies torrentielles sans interruption et des inondations qui ont causé des pertes matérielles considérables et plusieurs blessures parmi les réfugiés, ce qui a poussé des milliers de familles sahraouies à quitter leurs abris dans les campements pour passer les nuits du jeudi à vendredi sur les quelques collines avoisinantes, de peur d'être emportés par les inondations. Selon les premières estimations des équipes du Croissant Rouge Sahraoui (CRS), plus de 12.000 familles au moins sont devenues sans abris, sachant que les inondations ont emporté le peu de biens et aliments dont elles disposaient, sans oublier que le CRS n'a pas de stocks de tentes et n'avait pas reçu d'aide de ce genre en 2005, ce qui a rendu la situation encore plus difficile.» Selon le Haut Comité des Nations Unies pour les Réfugiés, 50 % des logements et « la plupart des infrastructures » auraient été détruits dans trois de ces camps « Awserd » et « Smara », qui ont été les plus touchés, mais aussi « Laayoun ». Il nous vient de différentes sources, y compris d'Algérie, que la direction centrale du Polisario a mis un certain temps à réagir à cette catastrophe (nombre de dirigeants, semble-t-il, n'étaient pas sur le terrain mais «en déplacement »), ce qui a aggravé la situation des sans-abri. La situation a obligé le UNHCR à mettre en place un pont aérien pour venir en aide aux populations sinistrées. Des centaines de tentes ont, entre autres, été fournies, acheminées par avion puis par camion depuis l'entrepôt régional du Comité, en Jordanie, mais aussi depuis Alger et Oran. En tout, l'organisme dépendant de l'ONU prévoyait d'acheminer 200 tonnes de matériel de secours, dont quelque 2.000 tentes. Quant à la nourriture et aux médicaments, « leurs réserves ont presque toutes été endommagées ou détruites », selon M. Amir Abdullah, directeur du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour la zone Moyen-Orient, Caucase et Europe de l'Est. Cette situation ne peut évidemment avoir que des conséquences désastreuses sur la santé des réfugiés : “Environ 40% de la population est âgée de moins de 14 ans, et l'on estime que 35% des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique”. Bref, avec la sous-alimentation, le manque de médicaments et la destruction ou l'endommagement des matériels d'adduction d'eau potable, toutes les conditions sont remplies pour voir se développer, à très court terme, des épidémies. Attaque S'exprimant à Alger, au cours d'une conférence de presse, le Président du Croissant Rouge Sahraoui, M. Bouhbini, s'en est pris à l'UNHCR et au PAM, qu'il tenait «pour responsables de ce qui peut découler de cette situation critique ». Dénonçant le « silence » de ces deux organisations (ce qui est absolument faux, le premier communiqué de l'UNHCR étant daté du 13 février 2006), M. Bouhbini a tenu à rappeler que “ces ONG agissent, pour leur assistance des Sahraouis, sur la base d'un nombre de 92 000 réfugiés vulnérables”, alors que son organisation revendique la présence de 158.000 personnes dans les camps. Eternelle querelle sur les chiffres et donc sur la représentativité réelle du Polisario... M. Bouhbini aurait pu ajouter un “coupable” à sa liste : l'Algérie ou, plus exactement, le Croissant Rouge Algérien (CRA).