Le quartier des Habous à Casablanca Dans la partie Sud de Casablanca, derrière le Palais Royal, s'étend la Nouvelle Médina. Création unique au Maroc, ce quartier des Habous combine à la fois les grandes lignes de l'architecture musulmane et les règles d'urbanisme modernes. Avec ses placettes et ses ruelles bordées d'arcades, ce lieu est né du plan d'urbanisme entrepris par le Général Lyautey dans les années 20 : un exemple parfaitement réussi d'adaptation moderne des fonctions traditionnelles de la Médina. Edifié à partir de 1917 sur l'emplacement du fort Provost, pièce du dispositif militaire de la conquête française, le quartier des Habous est réalisé en 1920 entre le quartier Mers-Sultan et la ligne de chemin de fer. Les terrains destinés à ce quartier avaient été donnés par Haïm Bendahan, marchand juif, au Sultan, puis transmis à l'administration des Habous, pour être aménagés. Sur une parcelle de 4 hectares résultant de cette donation, Laprade conçoit un premier programme réservé aux musulmans à revenus modestes. Léandre confirme bien en 1930 que " c'est une ville indigène ou, plus exactement, la ville construite par les architectes français pour les indigènes ; en tenant compte de leurs mœurs… ". Après le départ de Laprade, Auguste Cadet et Edmond Brion, architectes, poursuivent la réalisation du quartier. La phase initiale s'étend sur une période de 10 ans. Il s'agit là d'un travail de composition rigoureux et inventif, refusant le pittoresque gratuit. Lors du congrès d'urbanisme colonial, Laprade expose les principes de sa démarche. Il insiste sur son refus d'une solution paresseuse fondée sur la répétition. Il explique le soin porté à l'espace public, équipé de bancs, de fontaines… Il s'agit de conserver, dans cette nouvelle médina, toutes les pratiques urbaines classiques et les lieux perpétuant la sociabilité traditionnelle et les rites musulmans : mosquée, hammam, places, kissariat, marché… Conçu sur le modèle de la médina traditionnelle, le quartier, assez fermé, possède ses portes, l'une située sur une grande place en pente conduisant à la mosquée Sidi Mohamed Ben Youssef, la seconde située du côté de la route de Médiouna, et la troisième située sur le pont de chemin de fer.