En 1956, l'indépendance du pays vient interrompre le spectacle. Il faudra attendre le 12 juillet 1970, et de nouveaux promoteurs venus de Madrid, les frères Lozano, pour voir les arènes de Tanger rouvrir leurs portes. Des spectacles se succèdent jusqu'au 4 octobre de la même année, date de la dernière corrida. L'inégalable El Cordobes en personne y participe. Les Tangérois vivent cette fermeture comme une trahison. "Nous avons été leurrés. Nous n'avons rien vu venir". Il faut dire que les arènes avaient beaucoup d'impact sur la vie des Tangérois. C'était un véritable lieu de fêtes et de rencontres. Le contexte de l'époque a favorisé la fermeture. La plupart y voient une décision purement politique. D'autres avancent le dégoût qu'avait Hassan II pour ce genre de spectacle. La marocanisation des entreprises a fait le reste. En 1974, Moulay Ahmed Raissouni est l'unique propriétaire des arènes. Il revend ses actions à Ali Lamarti, marchand de ferraille à l'époque. Celui-ci compte détruire le bâtiment pour récupérer le fer qui se trouve dans les murs. L'intervention du gouverneur de l'époque empêche la destruction. Il convainc le nouveau propriétaire des arènes et intervient pour que le CIH rachète le titre foncier au nom d'une filiale de la banque. En 1984, la Chambre de Commerce de Tanger se voit remettre les clés des fameuses arènes. Dès lors, elle y organise de nombreuses manifestations, dont la foire de Tanger. Une scène en bois est installée au milieu des arènes pour y accueillir spectacles et concerts. Un projet est prévu en collaboration avec un bureau d'études espagnol à Madrid et des architectes de Tanger, pour la réalisation sur le site d'un palais des congrès, d'une aire de jeux pour enfants et d'une zone verte. Mais avec l'arrivée de l'USFP à Tanger, le projet est suspendu. Les arènes sont louées pour des magasins, cafés… On y installe même un service administratif de la préfecture. Une télé- boutique et un salon de thé baptisé " la belle Esmeralda " trônent au milieu de la Plaza. Lors des inondations de 1980/81, les familles sinistrées sont installées dans les vestiges de la Plaza de Toros. Le lieu devient même un centre de détention. En 1992, des centaines d'Africains, candidats à l'émigration clandestine, sont arrêtés et logés aux arènes. Le site est aussi occasionnellement investi par des militaires. Aujourd'hui, Plaza de Toros est en plein cœur de Tanger, sur la route de Tétouan. Elle constitue une sorte de transition entre la " Tanger internationale " et les nouveaux quartiers de Beni Makada.