Les arènes de Tanger- Plaza de Toros L'inauguration a lieu en grande pompe, un dimanche d'août 1950. L'excitation est à son comble. La Plaza est pleine à craquer d'aficionados venus de Tanger, Tétouan, Larache, Rabat… Des kilomètres d'embouteillages encombrent la ville. Très tôt et sous la canicule, une foule imposante prend place autour des arènes : marchands de glaces, cireurs, journalistes, spectateurs… Tous sont là ! Les fréquences des trains et autobus venant d'autres villes ont été revues à la hausse. Les bateaux en provenance d'Algésiras connaissent le même sort. Une compagnie aérienne organise même un vol spécial Gibraltar -Tanger. Plus de 11.500 personnes prennent place dans les gradins. Parmi eux, se trouve l'ambassadeur d'Espagne, Don Cristobal Del Castillo. Les matadors vêtus d'or font leur entrée. Ils sont suivis d'un taureau (sorte de Minotaure) de la fameuse ganaderia andalouse de Don Fermin Bohorquez. À compter de ce jour, la tauromachie prend une ampleur étonnante à Tanger. Les amateurs, de plus en plus nombreux, affluent chaque dimanche de toutes les villes du royaume, ainsi que de la péninsule Ibérique. On se prépare au rendez-vous dominical dès le début de semaine. Les femmes choisissent la robe, la fleur, les bijoux qu'elles porteront ce jour-là. La Plaza de Toros de Tanger gagne en renommée. Les plus grands matadors s'y produisent d'une part pour la beauté du lieu, mais aussi pour la symbiose qui existe avec les spectateurs. "Toréer à la Plaza de Toros c'était magique, on ne pouvait manquer ça", confie un matador de l'époque. Dans les gradins, c'est l'euphorie. Les femmes sortent leurs plus beaux atours, les messieurs sont gominés et rasés de près pour l'occasion. " La corrida à Tanger, on n'y allait pas que pour le spectacle, mais aussi pour en créer. On s'y rendait en groupe pour chanter, boire du vin…" se souvient avec nostalgie, un ancien aficionado. La corrida prend fin vers 19h, mais le spectacle continue dans les rues de la ville. Les matadors sont portés en héros. Des soirées sont organisées en leur honneur et finissent souvent au petit matin. Il est incontestable que la tauromachie engrangeait à l'époque une manne financière importante pour la ville. Les années se succédèrent avec un public toujours aussi présent et des matadors parmi les plus célèbres au monde : Parrita, Calerito, Dominguin…