4ème round des négociations agricoles à Bruxelles “Nous ne sommes ni en situation d'échec ni de rupture. Nous essayons de maintenir le cap sur nos positions, de convaincre de la rigueur de nos choix et de nos concessions” le ton est d'entrée de jeu donné par Hassan Benabderrazik, sécrétaire général au ministère de l'agriculture. Il faut dire que même si les négociations ont pris des allures marathon, leur issue ne doit pas faire illusion. Le statu quo se confirme et les deux parties campent sur leurs positions. A l'ouverture lundi à Bruxelles du 4ème round des négociations, l'objectif visant la conclusion d'un protocole relatif à la libéralisation des échanges agricoles, dans le cadre de l'accord d'association, n'a pas été atteint. Les négociateurs marocains sont montés au créneau pour signifier que l'ouverture ne devrait pas se faire au détriment du produit national et des intérêts des agriculteurs. Il faut dire que l'examen des offres de chacunes des parties en matière de tarifs douaniers, de concessions et de préférences respectives en importations et exportations n'a pas été une sinécure. Si les deux camps tiennent absolument à faire avancer le dossier, il n'en demeure pas moins que les priorités diffèrent d'une rive à l'autre de la Méditerranée. La partie européenne estime que l'offre marocaine ne procure pas suffisamment de concessions bien que les négociateurs marocains aient avancé une offre très diversifiée sous forme de réduction de droits de douane en fonction de la sensibilité du produit. Bruxelles demande un accès plus facile au marché marocain des céréales, des produits laitiers et de la viande européenne, tous des produits fortement subventionnés. Les griefs font également recette côté marocain qui cherche, lui, à exporter plus de tomates sur les marchés européens en dehors du régime préférentiel. Pas de juste équilibre des concessions en vue Somme toute les négociations n'ont pas avancé d'un iota et ce quatrième round a été qualifié de particulièrement difficile "Ce n'est évidemment pas une démarche aisée. Nous sommes pris entre le marteau et l'enclume. D'un côté les Européens veulent que nous fassions de véritables concessions mais de l'autre il y va de l'intérêt de nos producteurs" martèle Hassan Benabderrazik. Les professionnels du secteur des agrumes représentés par l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (ASPAM) ont également entonné leurs doléances :"Nous demandons à ce que les conditions d'accès des produits marocains soient améliorés, soit une augmentation des contingents qui sont admis en exonération des droits de douane, une ouverture des calendriers..." L'accord avec le Maroc, faut-il le rappeler, est conclu pour une durée illimitée. Il instaure une zone de libre-échange qui sera établie au cours d'une période de 12 ans. Le Maroc éliminera au cours de cette période les obstacles aux exportations industrielles de la Comunauté et appliquera des droits préférentiels à certaines de ses exporations agricoles. La Commuanuté s'engage à améliorer le régime des concessions pour les exportations agricoles marocaines. Le protocole numéro 1 fixe des contingents tarifaires à droits nuls et les taux de réduction applicables au-delà des contingents tarifaires pour près de 160 produits ou groupes de produits agricoles. Le protocole numéro 2 établit une exonération des droits de douane pour une trentaines de produits de la pêche. L'ensemble du système pourra faire l'objet d'une révision au terme d'un délai de cinq ans. L'accord comporte des dispositions relatives au droit d'établissement et de services placées sous le contrôle régulateur du Conseil d'association ainsi que des dispositions sur la concurrence qui prévoient l'application des règles communautaires de concurrence. Il faut pourtant rompre avec les étiages et rapprocher les positions des uns et des autres. C'est à se demander si un accord d'association avec l'UE qui ne permet pas des avancées notoires dans le domaine agricole ne serait pas finalement un vain mot. Ahmed Darrab, le président de l'ASPAM, lui, est serein et confiant :"les produits que nous allons exporter au mois d'octobre sont en train de pousser. Nous sommes optimistes car bien que les deux parties ne soient pas parvenues à un accord, de toute façon il y a un courant d'échanges traditionnels qui ne peut du jour au lendemain se rompre" conclut-il