Lorsqu'un communiqué est publié conjointement par trois personnalités internationales, à savoir le Secrétaire général de l'Organisation du Congrès Islamique (OCI), le Secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et le haut responsable de la politique étrangère au sein de l'Union européenne, Javier Solana, concernant les caricatures nuisant à l'image de Sidna Mohamed et leurs réactions partout dans le monde, cela dit l'affaire est très grave. Et lorsque la polémique entre Annan et l'OCI se poursuit sur la base de l'adaptabilité du ton du communiqué avec la dimension de la colère du monde musulman. Cela veut dire que l'affaire n'est pas une simple exploitation de la part de certains pays qui ont publié ces caricatures dans des journaux danois ; et, par la suite dans des publications européennes ; ce, pour faire monter plus la colère des musulmans. La Secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, n'a pas tardé d'accuser la Syrie et l'Iran de jouer sur les sentiments des musulmans. Face à cette simplification de la part de Washington envers cet acte odieux, on ne peut que remarquer une fois de plus que cette dernière ait recours à des justifications visant, d'une part, d'éloigner l'attention de l'existence de la guerre des civilisations ; et, de l'autre, négliger les racines de cette colère objective des musulmans. Le réalisme politique implique qu'il est logique que Téhéran, Damas, et bien d'autres, viennent exploiter ces caricatures pour mobiliser plus les masses ; et, par là, atténuer les pressions exercées sur elles par les Occidentaux. Toutefois, loin de cette exploitation, cette affaire a une dimension purement politique. Ce, en plus de la dimension religieuse liée au conflit des civilisations ravivé par les attentats du 11 septembre 2001 et leurs répercussions. Le concept américaino-européen concernant la lutte contre le terrorisme et la dimension politique abordée, se résument par une question claire posée ces derniers jours par des leaders musulmans, répétée par le Secrétaire général de Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, jeudi dernier, lors de son discours prononcé à l'occasion de la commémoration d'Achoura à Beyrouth. Assayyed s'est interrogé sur le fait pourquoi les gouvernements occidentaux lèvent le bouclier et menacent, lorsque les lieux Saints de l'Islam et leur Prophète sont touchés alors qu'ils votent les lois quand le judaïsme est insulté ou, à titre d'exemple, le Holocauste, est remis en cause ? Le refus de reconnaître que l'Occident, dirigé par les Etats-Unis, emploie deux poids, deux mesures, envers l'Etat hébreu d'un côté ; et, de l'autre, vis-à-vis des Arabes et des Musulmans, restera le moteur de cette colère qui envahit aujourd'hui le monde entier et se poursuivra sans doute dans le court terme. Ce, mis à part, son exploitation ou pas. Aussi les objectifs de cette exploitation, sa légitimité ou son illégitimité. Les Musulmans et les Arabes ressentent qu'ils sont humiliés bien avant ses caricatures, depuis l'occupation de la Palestine et la spoliation de leurs territoires. L'affaire des caricatures a été la goutte qui avait fait déborder le vase. L'insulte aux sentiments des musulmans est le résultat du cumul des politiques engagées contre eux par l'Occident, tout l'Occident sans exception. Celui-ci qui, dans l'affaire des caricatures, s'est rangé derrière les publications qui ont commis cette grave erreur. Ce au nom de la liberté d'expression et sa défense. Un retour aux deux poids, deux mesures sans prendre en compte les messages de colère passés jusqu'ici. Ceux qui n'ont pas su décrypter le slogan principal du Hezbollah, jeudi dernier, “Loubaïka Mohamed”, n'ont rien compris de ce qui pourrait se passer dans les semaines qui viennent. Surtout si, comme l'avait dit, Cheikh Hassan Nasrallah : “si nous nous contentons aujourd'hui des paroles, de cette manifestation dont le nombre a avoisiné le million de personnes, pour montrer notre colère, la prochaine fois, le langage sera celui du sang.” Notamment si les pays concernés continuent à jouer l'« istikbar », refusant de s'excuser auprès d'un milliard et demi de musulmans. « Allahomma Ichhad Inni Ballaght », avait ainsi terminé son discours. Il ne s'agit donc ni d'exploitation de l'affaire des caricatures ni de mobilisation des masses pour atténuer les pressions des Occidentaux sur certains Etats. Il s'agit de Saïd Al- Moursaline ; et non de l'ancien président irakien Saddam Hussein. Ce que les Occidentaux n'arrivent pas jusque-là à le comprendre…