Après Tanger en 2001 Il est communément admis que le secteur touristique est actuellement confronté à des choix décisifs. Soit il réussit à franchir une nouvelle étape pour remplir sa mission qui est celle d'une locomotive de développement de l'économie du pays. Soit il s'affaiblit faute de stratégie et se contentera alors de gérer ses contradictions et ses regrets. Eclaircissements. Les délégués de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) tiendront leur réunion annuelle du 8 au 10 juillet 2002 à Fès. Ce sera la seconde édition après celle ayant eu lieu à Tanger le 25 juin 2001 et qui se tiendra, elle aussi, sur convocation du même directeur général en l'occurrence Fathia Bennis. Une stabilité managériale de bon augure qui risque toutefois d'être contrariée par la baisse des flux touristiques internationaux à destination du Maroc et par l'absence de mobilisation effective des opérateurs privés. Pour relever le défi d'atteindre 10 millions de touristes par an à l'horizon 2010, le directeur général de l'ONMT a mis l'accent, face à ses délégués réunis le 25 juin 2001 à Tanger, sur l'émergence d'une stratégie touristique nouvelle qui s'articule autour de trois dynamiques : commerciale, industrielle, financière. S'agissant de la dernière dynamique qui relève des prérogatives de l'ONMT, que le dirigeant de l'institution a appelée les “quatre P”, elle porte sur le positionnement du produit, la coordination des prix, la politique nouvelle de promotion et la professionnalisation des métiers. Aussi, la mission principale de l'ONMT n'est-elle donc “plus uniquement d'accroître la notoriété de la destination Maroc sur les principaux marchés émetteurs, mais d'attirer chaque année quelques centaines de milliers de touristes supplémentaires vers nos différents sites”. A cet effet, les délégués du tourisme à l'étranger “devront être à l'origine de notre plan marketing” qui tiendra compte des négociations qu'ils mèneront avec les tours opérateurs et autres réseaux de distribution de voyages. Les actions de communication institutionnelle devront donc venir “en support de l'action commerciale”. Nous inverserons la pyramide”, tient également à préciser le patron à ses collaborateurs. Dans ce sens, les délégués ont été informés qu'un contrat de progrès entre eux et les services centraux de l'ONMT sera élaboré pour fixer l'objectif de croissance et les moyens nécessaires pour l'atteindre. Les contrats de progrès établis seront à la base “du plan marketing de l'office et de son budget pour 2002”. Mais au vu de la situation actuelle de l'activité touristique dans notre pays, on ne peut que reconnaître que le secteur touristique est des plus sensibles à l'environnement international et nécessite, de ce fait, une réaction immédiate en vue d'éviter ou d'atténuer les éventuelles nuisances pouvant faire diminuer les flux touristiques vers notre pays. Ces flux, faut-il le rappeler, sont en diminution de 14,4 % pour les cinq premiers mois de l'année en cours, en comparaison avec la même période de l'année 2001. Tous les marchés dits traditionnels accusent des baisses souvent à deux chiffres. C'est le cas de l'Espagne (-10 %), de l'Allemagne (-18,1 %), de l'Angleterre (-18,5 %), de l'Italie (-26,5 %), de la Suède (-63,9 %), de l'Autriche (-35,4 %), des Etats-Unis (-48,9 %) et du Canada (-26,1 %). Même le marché français n'a pas été épargné par cette tendance accentuée de la baisse. Ses touristes ayant séjourné au Maroc ont accusé une régression de 14,6 % pour le mois de mai et 5,6 % pour les cinq premiers mois de l'année 2002. C'est dire la gravité de la situation qui nécessite une nouvelle approche pour inverser la tendance. C'est pourquoi la réunion de Fès doit être celle d'une remise en cause fondamentale des actions entreprises à ce jour par les délégations de l'ONMT à l'étranger. Autrement dit, se conformer aux hautes orientations données par S.M. le Roi dans son discours prononcé à l'occasion des assises du tourisme tenues à Marrakech et satisfaire l'appel de Fathia Bennis lancé à Tanger et préconisant “une révolution dans nos mentalités et nos méthodes de travail pour parvenir à être à la hauteur de la confiance qui a été placée en nous”. Inutile de chercher à expliquer les résultats obtenus dans chaque marché représenté mais plutôt de sérier les actions qui n'ont pas été entreprises et définir celles à lancer pour atténuer cette tendance baissière et augmenter les parts de marché de la destination Maroc. A cet égard, le contrat de progrès prévu entre les délégués et la direction générale de l'ONMT doit être au centre des débats et des négociations et que chaque partie assume pleinement ses responsabilités.