l'écrivain marocain livre un ouvrage pour le moins plat “Partir” est le titre du dernier livre commis par Tahar Benjelloun. Un ouvrage rempli de clichés et de lieux communs sur les candidats à l'émigration clandestine avec un zest d'homosexualité, de rêveries éparses et beaucoup de vide. Décidément, le grand écrivain du Maroc a perdu la main et sa muse semble lui avoir tourné le dos. Lecture. Il ne faut pas s'étonner, mais chez Tahar Benjelloun, les personnages naissent dans des cafés. Rien de nouveau sous le soleil tangérois, puisque là encore c'est le café Hafa (quelle originalité !) qui sert de décor à cette genèse du départ. Et la ronde des lieux communs prend forme. Entre kif et sebsis, remplis de la manne du rif, il y a Azz El Arab (ne cherchons pas plus loin la symbolique onomastique, on ne peut trouver plus simpliste) qui déploie ses multiples facettes comme une espèce d'Azazel, pardon, Tahar Benjelloun nous dit que tout le monde appelle son héros Azel. Et comme Tahar Benjelloun affectionne les trouvailles inédites, Azel est un diplômé chômeur. Eh oui ! le jeune gaillard vit aux crochets des siens, comble de la profondeur imaginaire du romancier qui revisite des clichés tellement éculés que le livre nous tombe des mains. Mais on va continuer avec la série des trouvailles de Tahar Benjelloun qui signe avec “Partir”, un énième roman sans intérêt. Et devinez à quoi pense Azel ? Il veut partir. Il pense à une Harga en bonne et due forme comme des millions d'autres Marocains. Et que veut-il devenir ? À la fois riche et fier, parce qu'il aura quitté un pays qui « ne veut plus de ses enfants ». Grosse critique du romancier qui connaît très bien le sujet puisque lui aussi pense avoir goûté aux affres de l'exil non forcé. Bref, Azel a des rêves plein la tête. Et le cliché atteint son faîte quand l'auteur nous parle des tripes de son héros qui ne veut plus avoir peur, qui rêve de se tenir debout (noter la gravité du vocable ), Azel “qui n'attend pas que sa soeur lui file quelques billets pour sortir acheter des cigarettes”. Et Azel se documente. Il est consciencieux. Il sait qu'il court un gros danger, mais le rêve est plus fort, malgré la houle, la mer et les cadavres. Quelle bravoure ! Et pour que la tableau éculé soit plus complet : il faut parler des passeurs véreux qui n'ont ni foi, ni coeur et qui vivent de la mort des autres. Quelle tragédie révélée par le grand Benjelloun qui nous donne ici une démonstration claire de la mort de sa muse. Et devinez comment se prénomme le salopard du livre ? Al Afia (traduisez le feu) encore une immense et profonde trouvaille du génie Benjelloun. Et comme il n'y a plus d'espoir, il faut créer le sublime leitmotiv : Partir. Tout le monde veut Partir, brûler sa vie et ne plus regarder en arrière. Comme si ce que Benjelloun raconte dans cet énième essai de coller à l'actualité, déjà vieille de plusieurs années et riche de plusieurs essais du même acabit, est une épiphanie qui sort droit des limbes du créateur qui nous livre une version autre de Lahrig expliqué à mes enfants, tous ceux qui le savent mais qui vont le relire parce que c'est moi, Tahar Benjelloun, qui le dit aujourd'hui ! Et quand on lit plus loin, que découvre-t-on ? Des fanatiques, un étranger qui aime les garçons qu'Azel va rencontrer alors qu'il est entiché de la belle Salma et d'autres détails dignes d'une très mauvaise novela à la brésilienne avec Guadalupe en tête d'affiche et un Alejandro pour jouer le rôle d'Azazel. Et ce n'est pas tout, il y a aussi la sœur d'Azel qui veut épouser l'homosexuel ! Eh, oui. Et à votre avis pourquoi ? Parce que tout bonnement, elle veut Partir. Et tout le monde va partir et le livre aussi qui finit par valdinguer dans un coin parce qu'au bout des lignes, quelle perte de temps, ce livre ! Mais, pardonnons au génie ses travers, parce qu'il faut bien écrire et signer et surtout coller l'actualité sur des pages chez Gallimard. “PARTIR” de Tahar Ben Jelloun. Gallimard, 270 p., 17,50 €.