BIEN-ÊTRE Derrière ce mot bien souvent employé à tort et à travers, se cache un vrai trouble psychologique, parfois très handicapant. Explications. “Fais attention, c'est une vraie hystérique, celle-là !» Qui n'a jamais entendu cette phrase, souvent prononcée sur un ton moqueur, pour qualifier une personne qui pique de grosses crises de colère ? Mais l'hystérie classique, telle que de nombreux psychologues la considèrent encore, est plus complexe. Dans la plupart des cas, il s'agit de la somatisation d'une angoisse ou d'un trouble psychologique, qui peut provoquer, de manière inconsciente, des symptômes très variés, comme des crises de nerf, des crises de tétanie, de spasmophilie, des douleurs, des vomissements, des évanouissements… Les hommes aussi L'hystérie masculine existe ! mais, elle est moins fréquente que la version féminine : un homme contre neuf femmes selon certains spécialistes. Elle se manifeste de manière différente. Car ici la volonté d'attirer l'attention et le besoin de reconnaissance entraînent d'autres manifestations : consommation d'alcool, exacerbation des attitudes « viriles »… L'homme sera souvent isolé. On retrouve régulièrement une hypocondrie, c'est-à-dire des inquiétudes récurrentes sur son état de santé. L'hystérie peut s'accompagner de divers problèmes sexuels, tels que les troubles de l'érection et l'éjaculation prématurée. Mais le fait est que la pathologie est restée fortement associée à la féminité et les psychanalystes ont considéré que l'hystérie était probablement une pathologie fortement associée aux femmes non parce que les femmes y seraient plus sensibles que les hommes mais parce que, dans des sociétés où la femme est opprimée et où la féminité est réprimée, celles-ci l'utilisent comme médium pour exprimer leur malaise psychologique profond sous l'influence de la société qui oriente leur peine vers une expression de type hystérique. Cette hypothèse bien que semblant appuyée sur une explication séduisante, n'est pourtant pas démontrée. Elle expliquerait pourquoi il semble y avoir des effets de mode ou des crises d'hystérie dans certaines sociétés et à certaines époques, et pourquoi l'hystérie a beaucoup régressé (sans doute remplacée par la dépression). Si la classification des symptômes liés à l'hystérie ne s'est faite qu'à partir qu'à la fin du XIXe siècle, sous l'impulsion de Sigmund Freud, alors neurologue, et des travaux de Charcot, neurologue dans un hôpital psychiatrique de Paris, le terme d'hystérie est, quant à lui, très ancien. Il vient du médecin grec Hippocrate (l'inventeur du fameux serment de médecine), qui créa ce mot pour décrire un concept qu'il apprit des Egyptiens. Ce mot est en effet dérivé du terme grec « hysteron », signifiant l'utérus. L'hystérie, en effet, jusqu'aux travaux de Charcot, puis ceux de Freud appuyés sur les observations d'un autre neurologue, Joseph Breuer, était considérée comme intimement liée à l'utérus… La théorie admise étant que celui-ci se déplaçait dans le corps, créant les symptômes. Difficile, dans ce cas, d'expliquer l'hystérie masculine ! La psychanalyse actuelle utilise toujours la notion d'hystérie, bien même si certain travail de délimitation a eu lieu. L'hystérie n'existe plus! Du fait de la diversité de ses symptômes, la définition de l'hystérie a toujours été l'objet de controverses. Même son existence a été remise en cause ! D'ailleurs, elle a disparu aujourd'hui du manuel de référence en psychiatrie : le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) américain. Seule a survécu la « personnalité histrionique », qui possède plusieurs caractéristiques, comme un égocentrisme très important, un besoin de reconnaissance par les autres, qui passe par un besoin de susciter l'intérêt et d'attirer l'attention, une « théâtralisation » de ses réactions (la personne se met en scène) et une exagération des émotions, ainsi qu'une utilisation de la séduction dans les rapports sociaux. Nous sommes bien loin de la définition socialement admise des femmes qui poussent des cris de colère… L'hystérie collective En psychologie, ce terme s'applique à des phénomènes où les mêmes symptômes hystériques ou ayant les mêmes caractères soudains et incontrôlables que l'hystérie, sont ressentis par tout un groupe de personnes. Par exemple, des réactions de panique ressenties par des foules des populations entières, à la réception de nouvelles concernant des maladies. Ou encore, des situations particulières dans lesquelles tout un groupe présente les mêmes symptômes somatiques, comme ce fut le cas en 1977 aux Etats-Unis, où 57 membres d'un orchestre scolaire furent pris, après un évènement sportif, de maux de tête, nausées, vertiges, évanouissements… Ne trouvant aucune cause organique à ces maux, les chercheurs ont conclu à une réaction à la chaleur, dont avaient été victimes quelques-uns de ces musiciens, et qui s'était étendue aux autres par suggestion émotionnelle. Aujourd'hui, on préfère parler de « réaction de stress collective » pour qualifier les phénomènes de ce genre. Quel traitement ? Le principal traitement contre l'hystérie est basé sur la prise d'anxiolytiques, qui ont pour but de réduire l'anxiété ou l'angoisse. Utiles en cas de manifestations aiguës (crises de nerf, spasmophilie…), ils n'agissent que sur l'angoisse et non sur le symptôme névrotique. Mais ces médicaments ne sont pas sans inconvénients : certains entraînent des troubles de la mémoire, voire des accès de confusion. D'autres peuvent même déclencher des troubles du comportement. Ils provoquent surtout, des états de dépendance physique et psychique importants qui poussent à augmenter les doses, et entraînent des symptômes de sevrage qui rendent bien difficile l'arrêt de la prescription. Il est donc important de ne prendre ces médicaments que sous le contrôle d'un médecin, qui ne les prescrira que pour des durées déterminées. Il faut également les arrêter progressivement –et ne pas oublier que la psychothérapie de soutien est toujours importante en cas de névrose hystérique