BIO EXPRESS Professeur de sciences politiques à l'Université Hassan II, Casablanca, Mohamed Tozy est également chercheur associé (sociologue) à la Direction du Développement Rural, à l'Institut Agronomique et Vétérinaire, au CERI (CNRS) et est premier vice-président de l'Association Marocaine des Sciences Politiques. En matière d'islamisme politique, notamment au Maroc, ses analyses, tout aussi rigoureuses qu'approfondies, font de lui une autorité dans le domaine. Il a déjà publié «Monarchie et Islam politique» (CNRS-PFNSP, 1999), «Les Puissances du symbole», (Casablanca, 1997) ou encore «Décentralisation et pratiques locales du développement» (Université Hassan II, 1996). Cette renommée l'a placé au cœur du groupe scientifique qui a supervisé et élaboré le Rapport sur le Cinquantenaire de l'Indépendance du Maroc. J'ai été personnellement du groupe scientifique qui a veillé à la préparation et à la mise en œuvre du «Rapport sur les 50 années de l'indépendance et les perspectives de l'avenir». Autant le dire dès le début : j'ai partiellement le sentiment du devoir accompli. Ma part Ayant participé, quelque part, à l'articulation d'une réflexion scientifique, avec en parallèle une demande d'esquisser une vision d'avenir qui débouchera, enfin d'analyse, sur une sorte de contrat social, je crois que nous avons là une certaine lecture de ce Maroc qui a existé ou qui existera à l'orée des 30 années à venir. Il n'en demeure pas moins que j'aurais aimé que l'entreprise se serait passée autrement. Cette dernière, et c'est une remarque non dévalorisante, émerge en concomitance avec une préoccupation élitiste, donc émanant du champ politique. Ceci étant,la chose la plus importante à laquelle on doit porter le plus grand soin est indubitablement cette prise en charge des constats développés par le rapport, par les acteurs politiques, tous secteurs confondus. L'opération, comme vous n'êtes pas sans le savoir est une expertise nationale. Inédite, elle interpelle tout le monde et appelle à une prise en charge qui aura pour finalité suprême la construction d'un MOI collectif. Pour ce, force est d'attirer l'attention sur la fiabilité des données et surtout, sur le rapprochement dont elles ont fait l'objet; conjugué à une sorte de Benchmarking (analyse comparative) avec les performances de pays similaires avec le nôtre. Il va sans dire, que le rapport est une lecture parmi d'autres lectures possibles de ces données. Benchmarking L'essentiel ou le point fort de ce document, par ailleurs très intéressant et très symptomatique de la volonté collective, réside dans l'appropriation par l'ensemble de la communauté nationale de ces données qui ont été diffusées et solennellement rendues publiques. En s'appropriant de ces données , l'ensemble du pays est donc à même de construire cette mémoire marocaine collective tant souhaité et souhaitable à l'image du Maroc de demain. Un fait marquant, cependant : mettre ces données à la disposition de tous, une première sans doute, revient à dire que toutes les lectures ont droit de cité. Plus même : notre lecture, en tant que groupe de chercheurs, universitaires et autres experts n'est pas la meilleure des lectures. Maintenant, le rapport doit faire l'objet d'un débat national tous azimuts. Il est ainsi très clair que la lecture ne peut être que politique dans la mesure où elle fait un retour réfléchi sur les politiques publiques, leurs failles et les enseignements à tirer. Aux acteurs politiques, donc, et à toutes les composantes de la société de s'investir dans ce débat et en faire un moment, sinon un tournant dans la vie commune. Il y va de l'avenir du pays dans le court, le moyen et le long terme. Et c'est cette pluralité enrichissante qui donnera toute son ampleur à une radioscopie qui s'est voulue sans concession, mais sans prétention aucune à escamoter les autres points de vue ou analyses possibles.