Stratégie nationale de lutte contre la drogue Si en volume, la production du cannabis est insignifiante en marquant moins de 2% du PIB agricole pour être surtout orientée sur les marchés extérieurs, en revanche la consommation de drogue, toutes catégories confondues, fait des ravages sur la marché local dont la jeunesse s'en trouve être une victime de plus en plus exposée. La stratégie nationale de lutte doit impérativement associer les deux approches économique et sécuritaire car le danger provient plus des gangs et mafias de trafiquants internationales que des producteurs nationaux engagés, d'ailleurs, dans un programme alternatif de substitution de cultures. Le problème est complexe pour en dénicher les racines et facteurs explicatifs des comportements de consommateurs s'adonnant à la drogue. La pauvreté et le désespoir ne sont pas les uniques sources du trafic de drogue et les couches aisées s'y adonnent de par le monde, avec une préférence prononcée pour les drogues dures excessivement chères. La stratégie globale conjointement déclinée par le ministère de l'Intérieur et l'Agence de développement des provinces du Nord, ce mercredi 20 juillet, ne doit pas être confinée à la seule approche économique et sociale de cultures alternatives dans les régions productrices de cannabis et la création d'emplois. La stratégie répressive doit également être plus efficace, notamment en collaboration avec l'Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime. En effet, la drogue et le crime sont devenus de plus en plus étroitement liés à telle enseigne que tout trafiquant de drogue peut être assimilé à un criminel, et vice-versa. En tout cas, si le Maroc est un grand exportateur de stupéfiants, c'est aussi un marché de consommation en pleine expansion où se confondent toutes catégories de drogues menaçant les valeurs et l'équilibre humain de notre société. Cela va du kif, la chira, les drogues dures, les psychotropes qui font fureur, et s'étendent à la " drogue des pauvres " que représentent les moyens artisanaux fabriqués sur place comme " solution " et autres possibilités traficotées pour s'envoyer en l'air. 40 MDH/an pour la reconversion Même si les cultures ont régressé de 10% entre 2004 et 2003, c'est tout de même encore plus de 120 000 hectares qui sont cultivés générant un revenu brut de 3 milliards DH que se partagent 96 600 familles regroupant 800 000 personnes vivant de cette "ressource ". C'est la région de Chefchaouen qui continue à se tailler la part du lion en s'accaparant 62% des cultures tandis que des reculs substantiels ont été enregistrés à Al Hoceïma (-54%) et Taounate (-43%). Néanmoins, un premier résultat concret est à porter au crédit de nos pouvoirs publics dans leur volonté d'éradiquer le fléau de la drogue de notre sol national. En effet, plus de 7 000 hectares " maudits " ont été détruits à travers trois provinces dont Larache qui vient d'être " totalement affranchie " du mal. Ce qui n'empêche pas nos décideurs de continuer à garder la tête froide en s'accordant à reconnaître que " le Maroc reste une source principale de résine de cannabis qui alimente essentiellement le marché européen ". En effet, le Vieux continent a consommé 1927 tonnes de cannabis en 2004 drainant des recettes de l'ordre de près de 11 milliards d'euros. Bien sûr, ces quantités sont loin de " droguer " l'Europe mais, faut-il le rappeler au besoin, cette dernière stimule l'activité au lieu d'en dissuader les trafiquants. Certains pays s'étaient même montrés disposés à assouplir leur législation pour autoriser, sous certaines conditions, la consommation locale de drogues douces. Pour l'instant, le Maroc, à travers l'Agence du Nord dirigée par Driss Benhima, met la main à la caisse pour consacrer 40 millions DH par an à la mise en œuvre du programme alternatif intéressant la reconversion des cultures de la drogue en autres activités agricoles ou d'utilité économique. En outre, ce programme sera accompagné par des projets de promotion du tourisme rural dans ces régions mobilisant une enveloppe de 800 millions DH permettant la création de 12 000 emplois dont, au moins, 4 000 directs et stables. Au chapitre de la lutte répressive, le département migration et surveillance des frontières du ministère de l'Intérieur a annoncé la saisie de 318 tonnes de cannabis et de 87 tonnes de chira en 2004 (67 tonnes le sont déjà pour ces premiers mois de 2005), 3 kg de cocaïne et 1 kg d'héroïne ainsi que d'importantes quantités de psychotropes provenant principalement des frontières orientales du pays. Quant aux trafiquants, ils sont 687 personnes dont 240 étrangers à avoir été arrêtés l'an dernier. C'est vrai qu'en tenant, pour la première fois, ce genre de conférence de presse sur la drogue au ministère de l'Intérieur, l'Etat a voulu bien marquer sa ferme volonté d'en finir avec ce fléau. Les premiers résultats sont encourageants et nous pouvons dire déjà que le mal recule de plus en plus chez nous. Reste à persévérer dans ce sens et accélérer la cadence de destruction des cultures incriminées, de multiplication des projets de reconversion des terres cultivées et de renforcer davantage la répression des criminels de la drogue qui prennent en otage les jeunes et les adolescents.