Soutien du Maroc au mouvement de libération algérien La table ronde du jeudi 17 mars, une première dans les annales du Haut Commissariat chargé des Anciens Résistants et des membres de l'armée de libération, a eu le mérite de faire revivre la genèse exceptionnelle du soutien du Maroc au mouvement national de libération en Algérie. Mettant l'accent sur la solidarité multiséculaire d'un Maroc entièrement dévoué à la cause du nationalisme arabe et maghrébin qui s'est heurté à l'ingratitude d'une république " national-chauviniste " égarée par les ambitions hégémoniques de la junte militaire. Juste une parenthèse pour parler du Haut Commissariat dont la nouvelle dynamique enclenchée promet de préserver la mémoire nationale et d'enrichir la culture politique des générations d'après l'indépendance et montantes. La “migration” de Mustapha El Ktiri du monde des Finances et de l'Association des économistes marocains a réussi une “greffe” dynamique dans le domaine de la recherche et de la communication sur l'histoire du pays et ses hauts faits de la Résistance et la lutte de libération. En effet, le Haut Commissariat est pris d'activisme et multiplie les opportunités de débats et d'échanges, tant à l'échelle nationale que régionale et internationale. C'est évident que la rationalité de la démarche du responsable, sa rigueur méthodologique, son raisonnement cartésien, mais plus que cela l'ouverture sur les espaces universitaires et les chercheurs avec lesquels il a scellé un fructueux partenariat, toutes ces initiatives, depuis sa récente nomination à la tête de l'institution, témoignent incontestablement d'un savoir-faire qui fera rallumer la flamme de la mémoire nationale et raviver le flambeau des sacrifices partagés. Un de ces sacrifices partagés, le soutien du Maroc au mouvement de libération algérien, sujet sensible par les temps qui courent, et d'un choix opportun avec le déplacement, cette semaine, du Souverain à Alger pour participer au Sommet arabe, a fait l'objet d'une rencontre très animée qui a regroupé des “survivants” de la Résistance et de l'ALN, des témoins d'époque qui ont vécu dans les deux bords, des chercheurs et universitaires versés dans le domaine et autres citoyens intéressés par l'histoire. L'échec de “l'amnésie collective” Une autre première est aussi à signaler, à savoir l'édition spéciale de la revue du Haut Commissariat dont les 275 pages ont été entièrement consacrées aux diverses facettes du soutien du Maroc au mouvement de libération en Algérie. Un ouvrage de référence, enrichi par des illustrations et documents historiques qui montrent, en couverture, une photo de feu S.M Mohammed V recevant une délégation de responsables militants algériens, photo précieusement conservée dans la mémoire collective du pays voisin. C'est dire que toutes les tentatives des gouvernants hostiles à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale du Royaume ne pourront jamais créer cette “amnésie collective” de leur peuple qu'ils ont, des décennies durant, tenté de provoquer. En réalité, cette “amnésie collective” voulue par la propagande de la junte militaire ne date pas du conflit du Sahara depuis la grande marche verte seulement, mais elle était déjà mise en œuvre depuis le coup de force de juin 1965 qui ravit le pouvoir aux civils. Durant ces années suivant le putsch militaire de Boumedienne, les populations s'interdisaient de prononcer le nom de Ben Bella, le premier président de la république renversé par son ex-ministre de la Défense sous peine de représailles terribles. Ou encore de Boudiaf enfui au Maroc où il fut accueilli avec les bras grands ouverts avant qu'il ne soit assassiné par cette même “Algérie” qui l'avait momentanément replacée au pouvoir. Ou encore des Krim Belkacem et Khemisti, brillants hommes politiques qui furent liquidés sans autre forme de procès. Cette édition spéciale de la revue du Haut Commissariat coïncide avec le 50è anniversaire du déclenchement de la révolution armée, du 1er novembre 1954, ce qui a fait dire à l'historien spécialiste de ces questions, Zaki M'Barek : “la lutte de libération algérienne est aussi notre révolution”. Les auteurs de l'ouvrage ont passé en revue les divers aspects d'un soutien marocain sans faille et, surtout, sans limite, pour reprendre la clé du texte présenté par notre auteur. Le professeur Ali El Idrissi reconstitue la genèse des relations bilatérales entre 1954 et 1975, s'appuyant sur des documents authentiques. Le professeur Mustapha Benali a recueilli les témoignages sur le soutien de l'Oriental décisif au peuple algérien, fief des dirigeants algériens en exil, Ben Bella, Boumedienne, Bouteflika et beaucoup d'autres. Mohamed Aujjar Bounilat est perplexe en essayant de comprendre les raisons du revirement d'une Algérie dont les dirigeants semblent avoir renié toute aide du Royaume. Le plan d'action du Haut commissariat El Ghali Laraki et Abdessalam El Ghazi évoquent à leur tour des étapes glorieuses des luttes de libération communes. Les chercheurs Belhazibi et Raggoug se sont penchés sur “les drames algériens, tributs marocains et ingratitude”. Le combattant Bensaïd Aït Idder a apporté sa pierre à l'édifice en dévoilant des aspects peu connus sur la lutte de libération des deux peuples, enseignements significatifs de la résistance solidaire et partagée. Hamdoun Chourak raconte la mission de ravitaillement en armements des combattants algériens en 1955, un des épisodes fréquents du soutien du Maroc à la république combattante. Enfin, la revue est bouclée avec la contribution de Abdeljalil El Boussaïri relatant le soutien des Résistants de Kénitra pendant la période 1954-1961. Cette initiative a été amplement appréciée par les milieux intéressés à telle enseigne que le premier stock de l'édition spéciale a vite été épuisé et qu'une seconde édition, plus conséquente, est envisagée incessamment. El Ktiri a promis d'autres rencontres, aussi intenses et instructives pour les grands débats publics. Un débat élargi hors frontières qui a vu le Maroc prendre activement part à un colloque organisé en 2002 sur l'unité maghrébine des anciens Résistants et membres des armées de libération et, plus récemment, le congrès de l'Union arabe des anciens résistants et membres de l'armée de libération tenu, en décembre 2004, à Alger. En attendant un nouveau congrès du genre pressenti, courant cette 2005, à Nador. Cet événement sera précédé par l'organisation à Al Hoceïma de l'université du printemps entièrement dédiée aux échanges sur la mémoire nationale et les luttes communes de libération. Enfin, le commissariat nourrit un projet qui lui est cher, retardé par le climat de tension qui règne à nos frontières, mais qui devrait ne pas tarder à voir le jour : l'Union maghrébine des anciens résistants et membres de l'armée de libération.