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Le rêve d'Icare selon Scorsese
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 01 - 2005


Aviator
Le dernier film de Martin Scorsese est inqualifiable. Une dimension artistique rarement égalée par le réalisateur de Raging Bull, Taxi Driver et Goodfellas. Un chef-d'œuvre exquis sur la grandeur et la décadence de Howard Hugues, un nabab comme seul Hollywood savait en produire. Actuellement en salles au Maroc.
Howard Hugues est un illuminé d'une espèce rare. Un spécimen inestimable qui a oscillé durant une vie qui ne ressemble à aucune autre entre le 36ème dessous et les firmaments de la gloire. A la fin de sa vie, il se terra dans la démence et mourut comme un chien. L'histoire n'emprunte rien à l'imaginaire. Dans la vie d'Howard Hugues, milliardaire fou, qui s'est risqué jusqu'aux extrêmes usant le fond de sa passion au contact de paranoïas plus coriaces que son esprit créatif. Comme toujours chez Scorsese, il n'y a pas de héros, mais une foule d'anti-héros qui traînent derrière eux leurs privations, leurs névroses, leurs colères, leurs rages entre vie et mort, amour et haine. Howard Hugues est le parfait bonhomme pour cadrer avec les préoccupations artistiques d'un cinéaste aussi profond et humain que Scorsese. Rien d'étonnant non plus de le voir réincarner Hugues en Di Caprio. Aucune ressemblance à chercher entre les deux bons hommes. Rien ne pourra les assembler, même pas un infime détail. Hugues faisait au moins deux mètres et n'avait rien de la bonhomie instinctive de Di Caprio. Il était grincheux, soupçonneux, maladif, exécrable par moments et très névrosé.
Les ailes d'Icare
Elles vont fondre comme neige au soleil et c'est là tout l'intérêt d'un grand film comme celui que nous offre Scorsese. Une chute de toutes les valeurs incarnées dans l'effondrement physique et moral d'un homme qui aura tout défié, tout dépassé, poussé ses rêves les plus fous aux confins de leurs possibilités. En vingt ans, condensée en 2 heures 45 mn, Scorsese raconte la saga de cette fonte des ailes sous la chaleur d'un soleil absent. Le film s'ouvre sur l'arrivée de Hugues à Hollywood où il devait entamer le tournage de “Hell's Angels”, un vaste panorama très série B sur les combats aériens de la guerre de 14. L'histoire de ce tournage est un film, à elle toute seule. Hugues ruine ses producteurs, bouffe plus de 4 millions de dollars de l'époque (nous sommes dans les années 20) et entame sa série de mythes féminins fabriqués en série et expédiés sous les feux de la rampe. Icare sent les ailes pousser et apprend à voler ; Il est au stade de la falaise avant le grand saut. La vie s'emballe. Hugues est un héros qui gagne , qui incarne le grand rêve américain. Il aura acheté la TWA, il aura signé un juteux contrat avec le ministère de la Défense, et fabriqué son rêve : Hercules. Le porteur géant qui n'était que de bois devait mesurer la force et les limites entre Icare et Hercule. Le choc des Titans n'aura pas lieu. Le saut est consommé et Hugues effleure l'air qui tourne en rond, comme au début d'une immense tornade. 60 secondes en l'air et le rêve d'Icare se brise. Quand l'histoire réelle rejoint la fiction, le résultat est le record absolu du fiasco. La dernière scène du film illustre la folie dans toute sa superbe : “La voie du futur... la voix du futur”, dira-t-il en contemplant sa chute dans un miroir qui lui sort des orbites éclatées.
“Comme un damné échappé d'une toile de Bosch”, dit Martin Scorsese de son héros tombé dans l'oubli, crucifié comme un petit jésus frappé par la foudre en plein désert. Car ce Hugues a quelque chose de hautement biblique, une espèce de damnation mystique où la part de Dieu et du diable sont à jamais égales.
Le vol d'Icare
Icare et non Dédale pas plus que Thanatos ou Tantale. Pas un demi-dieu mais un humain qui rêve de devenir Dieu. Ils le sont presque tous ces personnages de Scorsese. De Mean Streets à Gang's of New York, l'univers du cinéaste est traversé par une pléiade de visages tous animés par la même passion pour la déité. Une envie qui n'a rien de secret, mais une réelle revendication du pouvoir face au suprême. Travis, le taximan, voulait nettoyer le monde et se substituer à la justice manquante de Dieu. Henry Hill dans les Affranchis a poussé la nécessité jusqu'à revendiquer la rue comme domaine du divin. Alors que Jack La Motta avait mis des gants pour monter sur un ring et défier tous les dieux vivants ou morts. L'aviateur (remarquez comme le mot est même tombé en désuétude !) lui, prend le chemin du ciel comme les constructeurs de cette vieille Babel pour toucher le ciel et ses locataires. La Motta s'écrase, grossi, loin du ring. Travis se perd dans le sang face à un miroir. Henry Hill vend tout le monde et achète l'ombre de lui-même. Howard Hugues meurt, la face au soleil sans ailes avec un oiseau décapité dans l'œil.


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