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L'Amérique latine et nous...
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 11 - 2004


Points de repère
Depuis la retombée des ferveurs révolutionnaires des années 60 et 70, l'Amérique latine était sortie de l'horizon des Marocains. La mutation profonde que ce sous-continent vit aujourd'hui est pourtant essentielle à connaître et à méditer pour mieux ouvrir cet horizon à de riches expériences de démocratisation et de modernisation...
Hormis les télé-feuilletons mexi-cains ou brésiliens largement diffusés par les chaînes de télévisions marocaines, peu d'aspects des réalités latino-américaines retiennent l'attention de nos médias et de notre opinion publique. C'est aussi un télé-feuilleton qui fait fureur actuellement au Brésil et dans plusieurs pays, “Le clone”, qui véhicule une image d'un Maroc traditionnel, à mi-chemin des archaïsmes collant à l'Orient exotique et des velléités de modernisme.
Or l'Amérique latine peut être un sujet de réflexion des plus passionnants pour nous, compte tenu de son évolution qui la sort de plus en plus du tiers-monde de naguère et en fait un laboratoire vivant d'expériences qui devraient être davantage connues et méditées par les Marocains et tous les Maghrébins.
Il y eut certes l'époque des ferveurs révolutionnaires des années 60 et 70 où Cuba et l'image mythique du Che Guevara ont nourri une génération de militants des changements radicaux. La violence des dictatures, au Chili, en Argentine, au Brésil et dans d'autres pays soulevait des élans de solidarité avec leurs victimes et incarnait le prototype des régimes oppresseurs. A l'époque, la stature de Mehdi ben Barka fut rehaussée par son implication dans la préparation de la conférence tricontinentale de La Havane qui devait sceller la jonction entre les mouvements révolutionnaires d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. On avait, depuis, fait le lien entre son assassinat et cette activité qui était alors apparue comme l'une des raisons ayant précipité son élimination. C'est ainsi qu'à travers le sacrifice de Ben Barka un lien s'était établi avec la mystique révolutionnaire latino-américaine.
On sait que, par la suite, le pouvoir d'Alger n'a cessé d'exploiter cette fibre “tiers-mondiste” et “militante” pour avoir l'oreille des dirigeants et des forces qui, en Amérique latine, ont dès la fin des années 80, commencé à tourner la page des dictatures sanglantes. C'est ainsi que l'image du Maroc pouvait alors être présentée sous les traits les plus négatifs, ainsi que sa position concernant la question du Sahara.
Ceci explique, en partie, les blocages qui ont pu empêcher tout dialogue avec les latino-américains, alors que Cuba adoptait un parti-pris aveugle en faveur du Polisario, malgré les timides exhortations des partis de la gauche marocaine.
Absence d'ouverture
L'absence d'ouverture du Maroc sur le sous-continent latino-américain en pleine mutation explique aussi les déboires diplomatiques enregistrés. La nouvelle démarche peut être annonciatrice d'un changement de cap bénéfique qui aidera à surmonter les méconnaissances, les préjugés et les attitudes figées héritées des décennies écoulées.
Encore faut-il que le Maroc sache aller au-delà des seules urgences diplomatiques et manifester un intérêt réel pour les réalités de cette partie du monde qui a beaucoup à nous apprendre et avec laquelle des liens plus denses peuvent être noués.
L'Amérique latine revient de loin. L'ère des révolutions et des dictatures sanglantes comme celles des sinistres généraux Pinochet au Chili et Videla en Argentine semble révolue. Les sociétés confrontées à des antagonismes violents ont, depuis, abordé la voie du développement pacifique et cherchent un équilibre évitant les excès du libéralisme et ceux des populismes autoritaires. Les expériences de démocratisation, dans leur diversité et leur complexité, devraient être appréhendées par notre classe politique et notre société civile. Tout en tenant compte des spécificités historiques et culturelles de ces expériences, il y aurait là quelques enseignements à retenir. Comme le souligne Jorge G. Castaneda, intellectuel mexicain et ex-ministre des Affaires étrangères, le trait marquant de l'évolution des 15 dernières années, est la montée des classes moyennes. Même s'il y a encore des inégalités énormes et de grands îlots de pauvreté, ces classes moyennes représentent de 30 à 40 % de la population. Cela favorise le choix de la démocratie, et plus de respect des droits de l'homme et de la liberté d'expression. La société civile est aussi très active : cette donnée qui était déjà manifeste sous les dictatures, constitue un des leviers des progrès enregistrés. La création culturelle et artistique qui a fait, par exemple, de la littérature latino-américaine l'une des plus vivantes et des plus originales à travers le monde, est un signe de cette vitalité qui anime ces sociétés.
Cependant celles ci restent confrontées aux problèmes de la pauvreté qui trouvent moins leur expression désormais dans la violence que dans l'extension de l'économie informelle, les flux migratoires vers les USA, les trafics de drogue, etc.
Grands défis
La question de la corruption, notamment celle des élites, est abordée aussi plus frontalement dans les contextes démocratiques. La tâche semble rude au Mexique, par exemple, où malgré les efforts enclenchés depuis l'élection du président Vicente Fox en 2000, le système hérité de 75 ans de pouvoir monolithique du parti révolutionnaire institutionnel (PRI), semble encore résister à une réelle transformation. Ce qui, malgré 60 % de taux de popularité de l'avenant Fox, vaut à ce dernier le reproche de manque de fermeté et d'irrésolution (alors que, curieusement, on prête à son épouse une ambition politique et même une admiration pour la mythique Evita Peron qui, en Argentine, fut l'égérie du populisme péroniste de 1945 à 1952).
Les problèmes liés à l'urbanisation tentaculaire restent énormes (Mexico qui est la plus grande mégapole du monde avec 22 millions d'habitants est l'une des plus touchées par la violence délinquante et, à l'instar des grandes villes du sous-continent, peine à trouver les solutions adéquates).
Tous les régimes en place, y compris ceux dirigés par les mouvements de gauche, sont acquis à l'économie de marché et à la nécessité de veiller aux grands équilibres. Tout en rejetant les tentations collectivistes ou populistes (auxquelles le président vénézuélien Chavez paraît encore attaché), les courants prédominants de gauche sont, à l'image du président brésilien, Lula da Silva, partisans d'un réformisme résolu qui, tout en rassurant les investisseurs, cherche à favoriser “l'inclusion” des couches défavorisées grâce à une politique sociale d'envergure (dont le premier volet est le programme “faim zéro”).
Ce n'est pas un hasard si le renouveau de la gauche s'incarne dans le forum social de Porto Alegre, ville qui est devenue le foyer de l'altermondialisme. L'expérience de Lula da Silva, malgré les impatiences et les contestations qu'elle suscite, est très instructive et elle pourrait inspirer les courants qui se réclament encore de la gauche au Maroc et dans le reste du Maghreb, ne serait-ce que par la vivacité des débats d'idées qu'elle suscite.
L'écueil de l'ultra-libéralisme qui a ruiné l'Argentine est aussi un fait à retenir. Ayant aligné le peso argentin sur le dollar américain, pour lutter contre l'hyper inflation et assurer la croissance, l'Argentine a violemment subi les contre-coups des crises financières extérieures (brésilienne, asiatique, russe) dès 1997 et a replongé dans la dette. Ne pouvant plus assurer la parité avec le dollar, elle a du dévaluer le peso de 75 % et a vu la moitié des 37 millions d'Argentins sombrer dans la misère et l'économie de troc.
Sous la nouvelle présidence de Nestor Kirchner le pays cherche à émerger à nouveau, même si des groupes économiques entiers ont du se faire racheter par des capitaux extérieurs (brésiliens, notamment). C'est dans le cadre du Mercosur qu'un nouvel élan est recherché. Ce marché commun du cône sud est basé sur un accord de libre-échange, en vigueur depuis janvier 1995 et regroupe l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay, et le Paraguay, le Chili et la Bolivie restant membres associés.
L'expérience du Mercosur est des plus prometteuses. Ce sont 210 millions d'habitants qui sont concernés par cet espace de libre circulation des biens, des services et des personnes et qui est aujourd'hui le premier partenaire commercial de l'Union Européenne. Pour le président brésilien, le Mercosur doit être plus qu'une union douanière, “une zone de convergence sur les fronts industriel, agricole, social et scientifique-technologique”, voire déboucher sur des structures politiques représentatives communes.
Leçons pour
le Maghreb
La leçon pourrait valoir pour le Maghreb si tant est que tous ses Etats pourront se défaire des scories d'antagonismes stériles. Il faudrait qu'arrive à maturité, comme en Amérique latine, la voie d'une démocratisation axée sur la volonté de développer les économies et de réaliser des avancées sociales pour de larges couches de la population.
Ce qui implique la remise en cause de certains mythes et une pleine réconciliation des Etats avec leurs peuples. C'est ainsi que, à l'instar de ceux d'Amérique latine, les pays du Maghreb pourront être enfin en mesure de prendre réellement part aux grands mouvements et débats qui refaçonnent aujourd'hui le monde.


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