Dans un petit appartement du 13ème arrondissement de Paris, un singe magot mâchouille le coin d'un canapé. Son propriétaire, en rentrant à la maison, se rend vite compte que l'animal n'a rien du petit compagnon domestique qu'on lui avait vendu pour 50 euros dans un souk de Marrakech. Le magot est alors bien loin de la forêt de cèdres d'Azrou où il a vu le jour. Mais au juste comment en est-il arrivé là? Certains groupes de singes vivent sur des sites fréquentés par les touristes et sont facilement capturés par des braconniers qui les revendent ensuite aux quatre coins du pays, et même au-delà. Utilisés par les amuseurs publiques ou vendus comme animaux domestiques, les singes entreprennent un voyage dont le retour est fort improbable : Les magots vivent généralement en petits groupes de 15 à 20 individus et il est impossible pour un membre ayant quitté le groupe de le réintégrer. Le commerce est particulièrement florissant en ce qui concerne les animaux de jeune âge, puisqu'ils sont plus dociles et s'adaptent plus facilement. C'est ainsi que, chaque année, des dizaines de singes se retrouvent en France et ailleurs en Europe. La détention de singes en provenance du Maroc est illégale dans bon nombre d'Etats européens et plusieurs magots ont d'ailleurs été saisis en région parisienne au cours des dernières années. Certains des acheteurs croient que le singe, en raison de son agressivité, pourrait avantageusement remplacer un pitbull comme “dispositif de sécurité” animal. De telles rumeurs ont été démenties par certains spécialistes. Dans le cas des animaux saisis lors de leur voyage vers l'hexagone – les douaniers français auraient intercepté plus de 100 bébés magots – ceux-ci devront attendre pendant des jours dans des cages minuscules jusqu'à ce qu'on décide de leur sort. Faute d'établissements disposés à les accueillir, ils sont le plus souvent euthanasiés. Selon l'organisation britannique “Born Free”, plus de 30.000 singes – entre autres des magots – sont capturés dans leurs milieux naturels et vendus sur le marché international chaque année. Plus de 25 pour cent des transactions sont effectuées illégalement.