Procès de la cocaïne au TPI de Casablanca L'affaire de la cocaïne “colombienne” larguée sur les côtes casablancaises en 1997, et dont une partie a été saisie à Hay Oulfa, tire à sa fin. L'audience tenue au TPI de Casablanca le 24 septembre 2004 a tenu toutes ses promesses. Le verdict est pour le 27 septembre. Vendredi 24 septembre 2004 au Tribunal de première instance de Casablanca(TPI). En cette après-midi d'automne, la salle n° 4, où siège le juge correctionnel Rwibat et ses juges conseillers, connaît une affluence somme toute particulière. Et pour cause, le procès de l'affaire de la “coke” colombienne, où sont impliqués sept membres d'un réseau de trafic et de consommation de cocaïne ( voire LGM n° 385 ), allait connaître son dénouement. Vers 16h, la salle d'audience affichait déjà complet. Familles et proches des prévenus, avocats, badauds, journalistes, agents de sécurité..., l'assistance est venue en force pour assister aux dernières plaidoiries de la défense avant l'annonce du verdict. L'audience a duré pratiquement six heures, de 16h à 22h passée, avant que le juge décide de reporter tard dans la nuit le verdict, pour délibérations, jusqu'au lundi 27 septembre. Ce jour-là, le temps s'est péniblement égrené à la salle 4 du tribunal pour faire encore durer le suspens de trois longues journées. Sur les visages des prévenus, on pouvait lire la fatigue des journées passées en détention à la prison d'Oukacha et le sentiment de regret et de dégoût mêlé à l'angoisse et à la peur de se retrouver au box des accusés. Au début de l'audience, le procureur du Roi plante le décor et requiert de lourdes peines contre les prévenus. Alors qu'il énumère les accusations en se référant aux articles de la procédure pénale, les chuchotements se multiplient dans la salle, donnant ainsi du travail aux services de l'ordre qui n'ont pas hésité à évacuer un bon nombre de présents à l'assistance. Faire durer le suspens Au fur et à mesure que le temps passait, l'ambiance devenait de plus en plus lourde. Appelés à comparaître devant les juges, chacun des sept prévenus y est allé de sa propre défense pour démentir les charges retenues contre lui. Et pourtant, les perquisitions et la saisie, dont a fait état la police judiciaire de Casa-Anfa, parlent de 385 grammes de cocaïne et plus de 26 kilos de cannabis, a rappelé le juge Rwibat à l'ensemble des prévenus. Contournant les propos du parquet, la défense des prévenus s'est beaucoup appuyée sur l'absence du flagrant délit dans l'affaire. Les avocats ont relevé également l'illégalité des arrestations des sept prévenus opérés dans la nuit du 8 septembre 2004 après 21h et sans aucune recommandation du procureur du Roi près du TPI de Casa-Anfa. S'adressant aux juges alors qu'il commençait à faire tard, certains avocats ont sollicité des circonstances atténuantes au profit de leurs clients qui, disent-ils, ne peuvent être poursuivis que pour consommation de drogue. C'est le cas de l'avocat de Younes Zahiri, coiffeur de son état, qui a plaidé son innocence et a demandé aux juges qu'il soit admis dans un hôpital psychiatrique pour suivre des cures de désintoxication. Dans la salle, les regards émus de sa famille et ses proches semblent vouloir confirmer cette requête qui a été jointe à son dossier. Pratiquement, toutes les requêtes des autres avocats de la défense ont été rejetées par le parquet, qui dans chacune de ses interventions, confirmait ses conclusions quant à leur culpabilité par rapport aux faits qui leur sont reprochés. C'est le cas des trois frères Tahour où la PJ a saisi une bonne partie de la cocaïne et les 26 kilos de cannabis dissimulés dans un camion de transport appartenant à la société Maroc Transt. Dans ce dernier cas de figure, l'avocat de l'entreprise a demandé la restitution du camion, qui fait objet de saisie, et des dommages et intérêts à l'encontre du chauffeur incriminé, un certain Abdelhamid Tahour. Pour rappel, cette affaire a démarré en début de septembre à Hay El Masjid à Casablanca par l'arrestation d'un petit dealer du quartier, arrêté en flagrant délit, qui n'a pas hésité à donner les noms des autres membres du réseau incriminé. Leurs aveux ainsi que les analyses effectuées sur la cocaïne saisie au laboratoire de la police scientifique ont conduit les enquêteurs vers la piste de cette embarcation colombienne qui avait échoué sur les côtes casablancaises en 1997.