Promotion Le ministère de l'Industrie, du commerce et des télécommunications a décidé de faire de 2004 l'année de l'internet au Maroc. Même si le détail des mesures et des manifestations qui jalonneront l'année n'est pas encore tout à fait arrêté, le ton est déjà donné. L'ANRT a autorisé Maroc Telecom à baisser ses tarifs et à supprimer tout frais d'abonnement à partir du 1er janvier et l'heure de connexion est passé à 12 DH. L'année qui commence sera celle de l'internet au Maroc. L'annonce a été faite par Rachid Talbi Alami, ministre de l'Industrie, du commerce et des télécommunications, lors de la présentation du bilan d'activité de son département qui a eu lieu en début de semaine dernière à Rabat. L'objectif de cette mesure stratégique, qui s'inscrit dans le cadre du processus de libéralisation du secteur des télécommunications, est de généraliser l'utilisation des TIC dans la société marocaine. "C'est aujourd'hui possible, le Maroc dispose de l'une des meilleures plates-formes informatiques d'Afrique. Sa bande passante est de 500 Mégabits par seconde", est-il avancé. Quoi qu'il en soit, une fois n'est pas coutume : pour ce projet ce sont surtout les ménages qui sont visés. En effet, pour encourager le développement de l'internet résidentiel, qui représente aujourd'hui moins de 5% du million d'internautes recensés actuellement au Maroc, l'ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications) a autorisé Maroc Telecom à agir sur trois leviers pour baisser ses tarifs aussi bien de bas que de haut débit. A partir du 1er janvier 2004, date d'entrée en vigueur de ces mesures, il n'y aura plus de frais d'abonnement. Tous ceux qui désirent se connecter pourront le faire sans contrainte d'abonnement. Et donc plus personne ne sera ajouté sur la liste des 45 000 abonnés que compte le Royaume. Le prix d'une heure de connexion baisse également de 40%. Il passe notamment d'une moyenne de 20 DH TTC (1) à 12 DH par heure, soit 0,166 DH HT la minute sans frais d'abonnement au lieu du tarif actuel d'une minute de communication locale. Autre mesure, qui est une première dans les relations entre Maroc Telecom et les 130 fournisseurs d'accès répartis sur tout le territoire national (2), pour permettre aux providers - c'est l'autre nom attribué aux fournisseurs d'accès - de commercialiser ce service, Maroc Telecom a décidé de satisfaire une requête qu'ils n'ont jamais cessé de formuler. Abdeslam Ahizoune et son équipe ont en effet accepté de leur reverser 28% du prix payé par tout appelant passé par eux. Les forfaits internet ne sont pas non plus en reste. La baisse passe de 20% à 41% sur l'ensemble des forfaits à savoir les forfaits simples et les forfaits soir et week end (voir tableaux). Même en cas de dépassement, le tarif baisse aussi de 24%, passant de 26,4 DH TTC l'heure à 20 DH TTC. De plus, moyennant une redevance fixe de 20 DH par mois, les clients auront la possibilité de reporter les secondes non consommées au mois suivant. Ici aussi, les fournisseurs d'accès n'ont pas été oubliés. Maroc Telecom a consenti à leur donner une remise sur le tarif de détail internet pour l'offre de collecte de trafic. Un autre levier de baisse concerne l'internet haut débit (3). Encore dénommé ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line) c'est une technologie permettant un accès beaucoup plus rapide au net que le réseau téléphonique commuté (RTC). Le tarif de l'offre ADSL 128 Kilo bits/seconde baisse précisément de 25%, passant de 479 DH TTC à 360 DH. Un tarif appelé encore à baisser pour se situer à 300 DH durant l'été prochain. Sinon, il faut retenir qu'actuellement cette réduction de prix concerne aussi bien la ligne ADSL que l'accès internet. Pour la ligne ADSL 128 Kb/s, le tarif passe de 252 DH TTC à 172 DH TTC, soit une baisse de 32%. Quant à l'accès internet ADSL 128 Kb/s, il enregistre une baisse de 17%, et passe de 227 DH TTC à 188 DH TTC. Cette diminution de prix sera accompagnée d'une offre illimitée soir et week end. Les frais d'accès ont aussi été revus à la baisse. Ils passent de 1199 DH TTC à 700 DH TTC, soit une réduction de 42%. Sur cette même niche d'activité, une main a été également tendue par Maroc Telecom aux providers. Le coût du transit IP de 34 Méga bits/secondes passera de 450 000 DH par mois à 330 000 DH. Ce n'est pas tout, les packs comprenant un ordinateur plus un accès à internet et des forfaits tout compris, actuellement commercialisés à partir de 3 750 DH, passeront à 2 500 DH et l'objectif est de faire passer ce prix à moins de 2000 DH vers fin 2004. Avec ces efforts, les pouvoirs publics veulent booster le marché d'accès à internet à domicile. Il est notamment attendu un doublement voire un triplement du nombre d'internautes au Maroc ce qui devrait porter le chiffre à 3 millions de personnes à fin 2004. Le pari est-il tenable ? En principe oui. D'abord, parce que le cadre réglementaire devant organiser ce secteur est déjà ficelé. Le projet de loi 55-01 qui complète et modifie la loi 24/96 relative aux postes et télécommunications qui a été adopté par le Conseil de gouvernement du 18 décembre dernier a pratiquement tout prévu. Autrement dit, personne parmi les intervenants actifs sur internet au Maroc ne sera lésé dans cette affaire qui se profile. Sauf, peut-être... les cybercafés (voir encadré). Aziz Diouf (1) Calculé sur 70 DH TTC au titre de l'abonnement mensuel et sur la base d'un mix tarif normal/tarif réduit de 60/40 et une consommation moyenne de 10 heures par mois. (2) Cette donnée ressort d'une étude de l'ANRT portant sur l'internet au Maroc. (3) L'ADSL a été officiellement lancée par Maroc Telecom durant le dernier trimestre 2003. L'avenir des cyber est-il compromis ? Selon les résultats de l'étude effectuée par l'ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications), le Maroc compte un total de 2 500 cybercafés. Avec la démocratisation de l'internet engagée en 2004, ces espaces très fréquentés aujourd'hui risquent d'être désertés à court terme. En effet, avec l'heure de connexion résidentielle à 12 DH, la majorité des personnes qui fréquentent actuellement les cybercafés pour 10 DH l'heure préféreront rester chez eux où ils jouissent d'un bien meilleur confort.
