Plan national gazier Le recours au gaz naturel s'inscrit dans la perspective de la stratégie énergétique nationale visant la diversification des produits et leur répartition selon les filières technologiques au moindre coût et en préservant l'environnement. La visibilité gouvernementale en la matière part du souci d'assurer la sécurité d'approvisionnement d'un pays importateur caressant l'ambition de la découverte de gisements gaziers à long terme. En déclinant le schéma directeur du Royaume, le jeudi 23 octobre, le ministre de l'Energie et des mines, a mis l'accent sur la double logique sous-tendant la conception du plan national gazier : celle d'un pays importateur et de probable producteur à long terme. Interrogé sur les explorations en cours, Mohamed Boutaleb s'est montré convaincant : “nous utilisons une démarche scientifique et technique dans les moyens choisis qui est étalée dans le temps et dans l'espace. On ne peut tabler sur les résultats de la recherche que dans un délai de 5 à 7 ans pour prétendre éventuellement aux performances d'un forage commercial”. Ajoutant que dans le Royaume, après l'étape d'identification du potentiel, les investigations énergétiques sont en passe d'entamer la deuxième phase liée aux forages prévus dans le courant du premier semestre 2004. Compte-tenu de la probabilité élevée du risque et des charges capitalistiques d'exploration, un forage coûtant entre 20 et 30 millions de dollars, il y aurait lieu de souligner que l'engagement d'opérateurs représentant des compagnies major à travers le monde est un indice prometteur. Le marché gazier à l'horizon 2020 Sans se départir de son optimisme sur les potentialités à découvrir dans le sous-sol du Royaume, Boutaleb a expliqué que l'existence d'un réseau gazier favorisera la valorisation des gisements du Gharb et des futurs gisements potentiels restant à dénicher. “En cas de découverte, la production locale aura la priorité d'intégration dans l'infrastructure gazière nationale”, a tenu à assurer le ministre. Non sans manquer de lever certaines appréhensions quant à l'aboutissement des recherches en cours : “même si on ne trouve rien, c'est positif”, signifiant par là que les zones “stériles” seront définitivement connues et géographiquement délimitées. D'ailleurs, que ce soit pétrole ou gaz, le pays a besoin de produire ses propres ressources énergétiques pour garantir son développement économique endogène. En attendant un “Maroc producteur d'énergie”, la production actuelle de 50 millions de mètres-cubes par an étant insignifiante, le schéma directeur décliné fait la part belle aux prévisions en approvisionnement gazier à l'horizon 2020. En dépit du fait que le Royaume aura à supporter de plus en plus une facture énergétique très lourde, de l'ordre de 17 milliards de DH actuellement, ce qui équivaut à peu près au budget d'investissements de l'Etat. Pour réduire cette charge, “ il ne saurait y avoir de miracle ”, a précisé le ministre, la seule issue est de produire ses propres ressources naturelles. Bien que l'introduction progressive de mécanismes d'utilisation des énergies renouvelables, en particulier puisés dans le potentiel de l'énergie éolienne, puisse contribuer à alléger le fardeau de la balance commerciale.Le marché national de la consommation en énergie serait de l'ordre de 40% pour le gaz naturel, 50% pour le charbon et 10% pour le fuel destiné à la production d'électricité. Dans deux décennies, la consommation atteindra 5,1 milliards de mètres-cubes dont 3,3 milliards de mètres-cubes pour le seul secteur électrique. Les investissements prévisionnels s'élèvent à 665 millions de dollars consacrés au projet de Terminal GNL et son réseau d'infrastructures de base. A cela, il faut ajouter la mise en service, en 2005, de la première centrale à cycle combiné de Tahaddart qui consommera 500 millions de mètres cubes de gaz naturel pour fournir 17% de la production électrique nationale.Aussi, les redevances du GME (gazoduc Maroc-Europe) transitant par le territoire marocain, de l'ordre de 600 millions de mètres cubes actuellement, atteindront les 800 millions de mètres-cubes à partir de 2005.