Abbès El Fassi, ministre de l'Emploi, de la formation professionnelle, du développement social et de la solidarité Je voudrais, dans un premier temps, saluer la maturité dont ont témoignée les différentes parties lors de la discussion du dossier social, ainsi que leur prédisposition à converger positivement vers les résultats escomptés. Ce climat était très encourageant pour débattre des principaux points dans cette réunion. Les différentes centrales syndicales, y compris l'UMT, ont répondu présent pour le dialogue social. Le discours du Premier ministre a retracé toutes les dispositions prises et les avancées réalisées depuis l'accord d'août 1996 et d'avril 1999. Tout le monde a apprécié la résolution du gouvernement à prendre en charge le dossier social, ainsi que l'audace dont il a fait preuve en reconnaissant que certains points n'étaient pas encore satisfaits et la reconnaissance du fait qu'il a encore à fournir tous les efforts possibles pour honorer ses engagements et établir les conditions nécessaires au développement socio-économique. Il est important de souligner un point : les différentes parties sont résolues à poursuivre ce dialogue avant le 1er mai. Et si, auparavant, ce genre de réunions ne se tenait qu'une fois par an ou tous les deux ans, sans être fructueux, tous les partenaires sociaux et acteurs économiques s'engagent à participer collectivement à l'élaboration de la meilleure formule requise pour le dialogue social, dont une périodicité régulière renforcerait l'impact. Abderrazak Afilal, secrétaire général de l'UGTM La réunion a débouché sur des points positifs, mais aussi négatifs. Si un minimum de concordances et de prise de conscience de la nécessité du dialogue social, en tant que facteur de changement des mentalités, a été enregistré, ces réunions occasionnelles, voire folkloriques, avaient plus pour objectif de résorber la colère de la classe ouvrière et de calmer les tensions que de déboucher sur une volonté délibérée de résoudre les problèmes. Le dialogue que nous prônons devrait se faire sur la base de discussions sérieuses et fructueuses. Pour sa part, le gouvernement devrait ainsi s'expliquer sur son omission d'établir cette plate-forme de dialogue, que nous revendiquons. Le prétexte de l'indisponibilité des moyens ne peut, à lui seul, justifier cette omission. Les discussions doivent au contraire toucher tous les sujets et être axées, surtout, sur cette insuffisance des moyens, sur ce qui a été effectué, sur les failles dont souffre notre système social. Qu'a-t-on fait pour élever le pouvoir d'achat et promouvoir la productivité des tissus industriels ? A mon avis, il faudrait mettre le doigt sur la réalité des problèmes, il faudrait traiter de tous les sujets, à l'image d'un conseil économique dont nous déplorons l'absence. L'aspect négatif de la réunion réside dans le fait que nous ne sommes pas parvenus, jusqu'à présent, à trouver des solutions qui répondent aux aspirations de la classe ouvrière : augmentations des salaires, droits syndicaux…, enfin les acquis légitimes auxquels elle prétend. Nous ne savons pas si le gouvernement a entamé ce dialogue dans le but de gagner du temps jusqu'aux échéances électorales, ou s'il s'agit d'une véritable volonté d'aboutir à des solutions efficaces, afin de parer aux problèmes périlleux. Ces points devraient être élucidés dans les prochaines réunions, avant le 1er mai. Qu'avons-nous à présenter à la classe ouvrière marocaine, qui s'attend à des acquis tangibles et quantifiables, et non à des promesses ? Noubir Amaoui, secrétaire général de la CDT Cette réunion était importante, compte tenu de l'ordre du jour. Nous avons exposé les principaux points déjà soulevés par l'accord d'août 1996 et celui d'avril 1999. Certains ont été satisfaits, même si d'autres attendent toujours de l'être. C'est ce qui a découlé du discours du Premier ministre. De notre côté, nous pensons que cette réunion a été marquée par la réalisation d'un accord très important entre les différentes parties sur la nécessité d'adopter une nouvelle formule de dialogue social. Dans tous les cas, il serait précoce, à mon avis, de dresser une évaluation définitive ou un bilan exhaustif sur ce qui a été fait. Beaucoup de points et de revendications attendent d'être satisfaits pour pouvoir qualifier cette réunion de positive ou de négative. Ce qui est important, c'est que les différentes parties se soient mises d'accord sur la nécessité de changer la formule des négociations suivie jusqu'à présent, formule qui s'avère maintenant désuète. Les jours qui suivent peuvent démontrer l'engagement réel du gouvernement pour répondre aux revendications légitimes de la classe ouvrière marocaine, qui aspire à ce que le dialogue social débouche sur la satisfaction de ses attentes. C'est pourquoi je tiens à rester prudent. Nous espérons que les prochaines réunions sauront inaugurer une nouvelle ère de l'institutionnalisation du dialogue social, au-delà des discours et de la rhétorique, car seul un engagement sérieux peut rétablir la confiance entre les différents partenaires sociaux, en assumant collectivement nos responsabilités afin de promouvoir ce dossier et de résoudre les crises et les différends. Miloudi Moukharek, membre du secrétariat national de l'UMT La délégation de l'UMT a rappelé au Premier ministre et aux membres du gouvernement les règles d'un dialogue simple et responsable. A savoir qu'il faut que la concertation précède la décision et non que la décision précède la concertation, comme l'a fait jusqu'à présent le gouvernement. Nous avons réitéré les revendications majeures des travailleurs, comme la réintégration des syndicalistes révoqués, l'ouverture des grandes entreprises fermées, le retrait du code du travail, qui revient sur les acquis des travailleurs. Nous avons là un bel exemple avec ce qui se passe en Italie à propos de la loi Berlusconi, qui est pratiquement une transposition du code du travail que le gouvernement propose. Le fameux article 18 du code du travail italien cadre exactement avec les intentions du gouvernement marocain. Nous avons aussi présenté des revendications sectorielles, comme dans la fonction publique, les organismes publics, les secteurs de production, la restructuration de la CNSS et la négociation autour de la loi organique sur l'assurance maladie obligatoire. Abdelhak Sedrati, de la Confédération générale des entreprises du Maroc La réunion s'est déroulée normalement, dans un climat fructueux et ouvert. Toutes les parties ont exprimé leurs positions et leurs propres convictions au sujet du dialogue social, et ont défendu leurs approches et leurs préoccupations. Ce qui est important, c'est que les différentes parties ont trouvé une formule d'entente au sujet de la procédure à suivre pour un dialogue social fructueux et riche, à même de parer aux problèmes posés et d'aider à la promotion de la productivité du tissu socio-économique. Les débats, lors de cette réunion, se sont accentués sur la nécessité d'une rénovation de la formule adoptée jadis et qui s'avère désuète. Depuis de nombreuses années, nous avons essayé de dépasser, en vain, nos problèmes sur le plan pratique, nous avons, à titre d'exemple, été confrontés à des difficultés considérables, sans pour autant aboutir à un accord de principe sur différents sujets, le code de travail notamment, qui ne fait toujours pas l'unanimité. C'est pour cela qu'il s'avère impérieux d'instaurer un souffle nouveau afin de consolider le dialogue social et de sortir de l'impasse actuelle. Le point positif de cette réunion est que les différentes parties ont convenu de tous se rallier à la procédure. Dans tous les cas nous restons optimistes car cela s'annonce de bon augure.