Driss Lachgar, tête de liste USFP à Souissi La Gazette du Maroc : qu'attend Rabat de ses nouveaux élus ? Driss Lachgar : la capitale attend beaucoup d'eux. Elle est appelée à devenir un véritable pôle administratif dans le vrai sens du mot, c'est-à-dire un espace de promotion des services, de l'urbanisme et des infrastructures de base. Ainsi, elle pourra dépasser les lacunes du découpage de 1983 qui lui a énormément nui. Donc, nous avons grand espoir de voir se concrétiser le principe de l'unité de la ville. En effet, la capitale du Royaume table sur le changement pour se transformer en une capitale à rayonnement international. Mais ceci ne peut se réaliser que si la lutte est sérieusement engagée contre les foyers de la misère qui l'entourent de tous côtés. Rabat devra donc se hisser au niveau que lui veut le Souverain. C'est une ville qui a plusieurs atouts et qui est apte au changement. Mais, elle requiert la bonne gestion qui donne la priorité aux besoins de la population. Tout le monde sait que Rabat se prolonge jusqu'à Bouznika et qu'elle est dotée d'une belle façade maritime qu'il faut développer. Donc, Rabat doit dépasser l'image qu'elle ne vit que grâce à ses fonctionnaires ou étudiants. Dans ce cadre, il faut dire que les projets inaugurés dernièrement par Sa Majesté le Roi tendent à transformer la capitale en un grand espace multifonctionnel. Elle peut devenir un grand pôle touristique et industriel. Il y a un projet au niveau de Ryad qui tend à donner l'emploi à 1.500 ingénieurs. Je suis certain que Rabat deviendra une grande capitale à dimension internationale tant du point de vue touristique que culturel. Mais comment comptez-vous réaliser tous ces projets ? Le préalable à tout développement de la ville réside dans l'engagement à appliquer les dispositions du nouveau schéma directeur, c'est-à-dire en tenant compte de l'unité de la ville. Ensuite, la ville doit élire des conseillers honnêtes et dévoués pour rompre avec la vieille garde dont les représentants sont toujours à l'affût et comptent reconquérir leurs positions. Dans ce cadre, l'administration doit témoigner de sa neutralité et doit combattre tous les fraudeurs que tout le monde connaît d'ailleurs. Cependant, la volonté de changement existe heureusement chez le nouveau Wali qui s'en tient aux nouvelles orientations de la nouvelle ère. Et qu'attendez-vous de la jeunesse de la ville ? La jeunesse doit comprendre que son absence lors du scrutin du 27 septembre est une position en soi et qu'elle a eu les conséquences que tout le monde sait. Toute absence actuellement aura des effets néfastes sur le présent et l'avenir de la ville. La jeunesse doit, par conséquent, se souvenir des attentats du 16 mai et comprendre que chaque voix exprimée signifiera le choix de la démocratie et que toute défection équivaut à un soutien apporté aux forces obscurantistes. Quels sont les chantiers prioritaires de la ville ? Parmi les priorités, il y a lieu d'abord de réhabiliter l'espace en déployant d'intenses efforts pour moderniser les infrastructures et pour lutter contre l'habitat clandestin et insalubre. Il est honteux de voir la décharge de Akreuch persister à enlaidir l'image de la ville. Il faut également encourager l'habitat économique et éradiquer les foyers de la misère qui entourent la capitale de notre pays. Nous n'avons plus le temps et l'échéance du 12 septembre doit être considérée comme une étape de sauvetage. Au niveau de l'USFP, nous avons une grande expérience dans le domaine de la gestion communale. L'exemple d'Agdal Ryad est à prendre et même à généraliser à toutes les communes du pays. Dans ce cadre, nous sommes déterminés à généraliser cette expérience si les électeurs nous font confiance. Mais, je ne laisserai pas l'occasion passer sans dénoncer certains agissements de cercles qui s'opposent au changement et qui font feu de tout bois pour entraver la marche vers le progrès et la modernité. En monnayant de manière éhontée les têtes de listes, il tendent à constituer une sorte de cinquième colonne. Je me demande quelle pourrait être le référentiel politique ou idéologique de certaines têtes de listes qui n'éprouvent aucune gêne à changer d'étiquette politique d'une échéance à l'autre. Aussi, m'adresserai-je à la population de Rabat pour qu'elle barre la route à ces énergumènes qui n'attendent que l'occasion pour s'enrichir davantage au détriment du citoyen. Quel programme envisagez-vous d'appliquer à Rabat? C'est paradoxal, mais la plupart des listes n'ont présenté aucun programme concret. En dehors des listes de l'USFP qui comportent un programme local et un programme national, nous n'avons relevé chez les autres aucune indication. A l'USFP, nous insistons donc sur la question du contrôle des élus qui doivent rendre compte à leurs électeurs. C'est un contrat moral que nous voulons signer avec eux. Ainsi, nous envisageons de réhabiliter certains quartiers périphériques comme Al Farah, Akreuch, Yacoub El Mansour qui doivent être désenclavés par l'extension des routes. Au niveau des hauteurs de Akreuch qui s'étendent sur plusieurs hectares, il faut planifier un certain nombre de projets porteurs qui permettront d'assurer l'emploi à des milliers de jeunes. Il faut réhabiliter la vallée du Bouregreg et la rivière elle-même qui a vu disparaître plusieurs espèces de poissons. C'est un espace qui est appelé à devenir un grand pôle touristique. Tous ces projets sont réalisables à condition que des élus compétents soient choisis par les électeurs. Nous avons l'espoir, à l'USFP, de bénéficier de la confiance des citoyens pour que nous puissions réaliser les vœux et les aspirations du Souverain. En fin de compte, je tiens à dire qu'avant de mettre son bulletin dans l'urne, le citoyen doit avoir assimilé les directives du Souverain contenues dans son discours du 20 août et celui du Trône dans lesquels Sa Majesté insiste sur le choix démocratique et moderniste et met en garde contre les forces qui veulent saboter la démocratie marocaine naissante. Les jeunes et tous les citoyens sont mis devant leurs responsabilités pour élire des représentants aptes à agir pour réaliser les grands projets qui ne peuvent que consolider les bases de l'Etat de droit et des institutions. Driss Lachgar ou le baroudeur Né en 1954 à Rabat, Driss Lachgar est de cette nouvelle génération ittihadie qui s'est initiée longuement au sein de la jeunesse du parti d'Abderrahim Bouabid et de Omar Benjelloun. Il a ainsi escaladé toutes les échelles pour être élu par le sixième congrès, membre du Bureau politique de l'USFP. Avocat de profession et père de famille, Driss Lachgar s'est illustré depuis les années soixante-dix dans la jeunesse du parti et au sein de l'Union nationale des étudiants du Maroc ( UNEM). Il est aussi député dans son troisième mandat et président du groupe parlementaire. Il présida, à ce titre, la commission d'enquête parlementaire sur le CIH dont le rapport a défrayé la chronique. Il présida également le comité d'organisation de la grande marche populaire contre le terrorisme qui a eu lieu à Casablanca le 25 mai 2003. Driss Lachgar est membre actif de plusieurs organisations et associations marocaines, arabes et internationales comme le Comité populaire des parlements des pays islamiques ou le Conseil des parlements maghrébins.