La prière des chiites est un rituel sacré. Un droit qui a été renié par le régime de Saddam Hussein depuis quatorze ans. Après l'effondrement du régime baâsiste, cette prière a pris des allures de liesse populaire dans toutes les régions de l'Irak. La mosquée Al Hikma, à Karbala, au cœur de cette cité pauvre de près de deux millions d'habitants, a fait le plein et la foule a même débordé dans les rues avoisinantes. Les gens affluaient massivement vers les lieux sacrés chiites, la plupart à pied, pour effectuer le fameux “pèlerinage chiite” Pour la petite histoire, tous les ans, durant le mois de Moharrem, des cérémonies spectaculaires, expiatoires, retracent le geste de Hussein. Le fils d'Ali et le troisième martyr des imams qui occupe une place importante dans la théologie chiite. Poursuivi par Yazid, le Calife Omeyyade, il fut assiégé à Karbala, en octobre 680. Il résista, malgré la soif, avec ses soixante-douze compagnons, mais fut finalement tué. C'est pourquoi, chaque année, des foules énormes convergent vers Karbala pour célébrer cet évènement immémorial. Deux dates sont choisies par les Chiites pour commémorer le deuil de Hussein : l'Achoura et l'Arbain. La première est Achoura : 10e jour du mois musulman de Moharrem. C'est le point culminant du deuil chiite qui, chaque année, revit de façon souvent passionnelle la mort violente de Hussein. Obsédés par un sentiment de culpabilité, certains fidèles se flagellent, d'autres se tailladent le cuir chevelu avec des sabres. Nombre d'entre eux défilent dans les villes en se frappant la poitrine avec la main et en scandant son nom. La seconde est l'Arbain : 40e jour de deuil qui clôt les cérémonies de célébration de la mort de Hussein. Les scènes de mortification y sont souvent aussi violentes que pour Achoura./.