Il est certain que dans un prochain avenir, l'écologie sera un des piliers de la nouvelle industrie. Il s'agit d'une mutation du capitalisme, indépendamment et ses dérives financières. L'environnement est mis en avant pour sauver la terre, alors qu'il s'agit plus de la permanence du confort qui est recherchée. C'est se pousser du col que de prétendre vouloir sauver la terre. Bien sûr, la calotte glacière qui fond presque à vue d'œil, le trou d'ozone, le CO2 qui entraîne le réchauffement de la terre, tout cela est patent. Cependant, comme tout ce qui peuple l'univers, la terre vit sa propre vie sans se préoccuper des Américains qui détruisent la chaîne des Appalaches pour en extraire des minerais, des Chinois qui vont bouleverser l'environnement avec le barrage des Trois Gorges censé maîtriser le cours du Yang Tsé, des Brésiliens et des Indonésiens qui détruisent petit à petit les deux principales forêts de la planète, et bien d'autres prédations encore. Tout cela reste des futilités comparées aux fantaisies que s'offre le globe terrestre. De temps à autre, la terre vomit le trop plein de pêcheurs qui n'en finissent pas de rôtir dans ses entrailles de laves. Elle tremble aussi. On dit que ce sont des séismes ou des glissements de terrain. Il arrive aussi que la mer, fine tacticienne, opère une retraite tactique pour revenir en force recouvrir de sa fureur un littoral. Les cargos qui dégazent au large n'y sont pour rien, pas plus que les grincements de sommiers n'ont provoqué le séisme d'Agadir. L'exploitation n'est en rien responsable de la destruction de San Francisco ou de Lisbonne. Des siècles auparavant, un volcan avait eu raison de la superbe de Pompéi. Italie terre de feu et d'incertitude. Il y a peu la terre a tremblé à l'Aquila. A peine le territoire déblayé et des abris de fortune installés, qu'un autre séisme se déclare. La mafia proteste de son innocence et se prépare à reconstruire. Optimisme, inconscience ou provocation, le G8 viendra compter ses sous dans cette région, et prendre des précautions nouvelles pour protéger ses pelotes. Pelote, c'est un mot qu'affectionne Sylvio Berlusconi. Si la terre vit sa vie et daigne nourrir les hommes, ceux–ci se livrent à des recherches non sans quelques griseries. Au siècle dernier, ont été mis au point des satellites qui sillonnent l'espace, pour savoir d'où vient le vent, où se dirigent les troupes qu'on aperçoit là-bas, photographient tout et n'importe quoi. Toutefois, les satellites ont leurs pudeurs. Ils n'aperçoivent pas ceux qui sont plus maigres que leurs squelettes, et dont les yeux exorbités se demandent où leur estomac trouve l'énergie pour crier famine. Ils ne voient pas non plus l'avion gros-porteur qui devait relier Rio à Paris. Il était peut-être trop près. Il bouchait la vue. Par contre, des spécialistes se sont succédés sur les écrans pour faire savoir aux braves téléspectateurs qu'ils n'y comprenaient rien et que les satellites sont injoignables. Tout comme les économistes pour la crise. Il faut être positif malgré tout. Les satellites servent. C'est grâce à eux qu'on peut téléphoner à ces gens pour savoir si les carottes sont cuites. C'est aussi grâce aux chercheurs, qui, bientôt, seront mis au point des robots capables de servir les vieilles personnes. On est peut-être incorrigible, mais on trouve triste de finir en compagnie d'un sinistre robot, et sans pouvoir lui mettre la main au panier. On extrait de « L'homme révolté » d'Albert Camus cette phrase «A quoi bon se révolter, s'il n'y a rien de permanent à sauvegarder ». Ce qui doit être permanent, c'est de s'intéresser aux autres, même si on semble leur tourner le dos.