Dans un ouvrage de souvenirs, l'ancien secrétaire d'Etat américain Henri Kissinger raconte les tours que lui jouait l'ancien ministre des Affaires étrangères françaises feu Michel Jobert, qui avait été un ami sincère et désintéressé du Maroc. Le secrétaire américain précise que si les manœuvres réussissaient, il n'en demeurait pas moins que le dernier mot revenait à la puissance américaine. C'était la diplomatie. De nos jours c'est le business qui prime. On l'a vu récemment à l'extrême pointe sud-est de la péninsule Arabe, où la France a installé une base aéronavale. Napoléon aurait dit que c'est un pistolet braqué sur le cœur de l'Iran à l'instar de Douvres face à Calais. Le président français s'est contenté d'affirmer que cette base n'était dirigée contre personne. Les relations entre notre pays et l'Iran ne sont pas bonnes. C'est le moins qu'on puisse dire. Cela n'empêche pas de voir la situation telle qu'elle est. La base qui vient d'être installée est à 250 km de l'Iran et commandera l'entrée du détroit d'Ormuz. Ce qui est divertissant - pour être cynique - c'est que ce pays a fait l'acquisition de 400 chars de la dernière génération, sans barges pour les transborder au-delà du détroit. Quand on songe à l'exiguïté du territoire de ce pays, on se demande où ces engins seront entreposés. Des négociations sont en cours pour l'achat de 60 avions de chasse hyper sophistiqués, mais dont aucun pays n'a voulu jusqu'à présent. Il faut préciser que ce pays a entièrement financé l'installation de la base. En outre, un accord de défense a été conclu avec la France. Cet accord ressemble comme une goutte d'eau à celui passé entre l'ancien Président Roosevelt et le Royaume d'Arabie. Pérennité de la fourniture de pétrole contre garantie de sécurité. A tout cela, il a fallu trouver un alibi, solide comme le sable. Il y a dans ce pays arabe un musée qui s'appellera le Louvre. Il faut savoir que cet hommage à la culture française n'est pas gratuit. Ce pays arabe règlera des royalties pour l'usage du logo Le Louvre durant 30 ans. Si vous prenez un Picasso, on vous cédera en sus un autoportrait de Van Gogh, avec une remise. Dame, il lui manque une oreille. Des poires en plein désert, on comprend que la majorité des observateurs français s'esclaffent. Avec une certaine retenue cependant. Des fonds souverains seront investis en France. Ce pays qui est classé le troisième importateur d'armes craint sans doute pour sa sécurité. Qui l'attaquerait ? C'est comme si Puerto Rico s'armait à outrance par crainte des Etats-Unis. En vérité, c'est quasiment un feu vert donné à Israël sous la direction de la troïka Netanyahou-Barak-Libermann qui feint prendre pour argent comptant les rodomontades du Président iranien. En réalité, maintenant que le détroit d'Ormuz est sécurisé, que le pétrole sera acheminé quoi qu'il arrive, que la nation irakienne n'existe plus et qu'une guerre civile généralisée y est probable, Israël peut se payer le luxe de maintenir sous embargo le territoire de Gaza, de rejeter même l'idée d'un Etat palestinien, d'organiser de grandes manœuvres militaires destinées à riposter à une attaque iranienne fantasmatique. C'est plutôt la voie ouverte à des opérations contre les installations militaires et industrielles d'Iran. Le Président Obama a prévenu qu'il ne serait pas d'accord. Encore faut-il retirer la VIe flotte qui mouille en méditerranée orientale. Par ailleurs, au-delà du business, la France est impliquée. Gendarme du Proche-Orient ? Le costume est trop grand pour l'hexagone. n