Placée directement au cœur des usines polluantes de la banlieue casablancaise, la deuxième édition du festival de l'écologie, a planté le décor sur la côtière de Mohammedia. Un week-end pour rappeler que l'heure est à l'action et à la sensibilisation des générations futures. Ecologie et développement durables, deux notions ancrées depuis plusieurs années chez nos voisins du Nord de la Méditerranée. Au Maroc et en Afrique en général, ces problématiques peuvent souvent passer pour des concepts inabordables. Un luxe réservé à une poignée de privilégiés lorsque les pays en développement doivent se concentrer sur des problèmes plus concrets. Le festival Africain sur l'écologie et le développement durable a déployé tous ses efforts pour démontrer l'inverse. Moundir Zniber, président de l'association « Pour un Maroc Vert » organisateur du festival, explique très clairement l'urgence de cette situation. « Nous vivons aujourd'hui les prémices d'une crise écologique et environnementale mondiale, touchant essentiellement les pays en voie de développement comme le Maroc ». Le mal est fait, mais il n'est pas trop tard. Que ce soit pour les entreprises polluantes ou le marocain lambda, adopter une démarche écologique peut être simple et économe dont les bénéfices vont au-delà de la seule préoccupation « écolo ». Le cliché du baba-cool vivant hors de son temps, peut être mis au placard. Point de hippie ou de démagogie pour cette deuxième édition, mais bien des participants qui ont les pieds sur terre. Une terre qu'ils respectent et dont ils ont tous pris conscience que ne pas la respecter, revient à couper la branche sur laquelle ils sont assis. De l'entreprise à l'écolier, pas un maillon n'est oublié Un des points d'honneur du festival, c'est bien la sensibilisation de tous. Pour ce faire, différents messages sont passés aux participants afin d'alerter tout un chacun et leur permettre à leurs niveaux d'apporter leurs contributions personnelles à la planète terre. Le niveau du message est adapté. Les tables rondes permettent aux différents conseillers techniques, directeurs de développement, ingénieurs, d'apporter les précisions sur les problèmes concrets rencontrés autour de thèmes tels que « Déchets, une source insoupçonnable » ou encore « Efficacité énergétique et énergies renouvelables ». Ce dernier thème est en parfaite adéquation avec les préoccupations d'Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement soulevées lors des assises de l'énergie en avril. Le Maroc dépendant à plus de 97% de ses besoins en énergies, cette thématique est droite lignée avec les problèmes soulevés par le pays. Le Maroc possède d'ailleurs un potentiel en matière d'énergie renouvelable (éolienne, solaire etc.) insuffisamment inexploité. Non contents de se concentrer sur les acteurs marocains concernés par ces débats, plusieurs ateliers ont été animés pour planter la démarche écologique dans le cœur des enfants. « Préserver notre mère la terre pour les générations futures » est un travail de forçat au quotidien. Si les mentalités sont difficiles à faire changer, à l'image des mauvaises habitudes, c'est par la jeunesse que viendra le renouveau. Trier les déchets, choisir des produits plutôt que d'autres, adapter des gestes simples mais si importants. Les enfants des écoles ont pu aborder de façon ludique une démarche écologique. Savoir maîtriser l'eau a été cette année le fil rouge de cette deuxième édition. L'eau, c'est la Vie Derrière ce leitmotiv se cache une véritable catastrophe. De nos jours, une personne sur cinq dans le monde n'a pas accès à l'eau potable. Des chiffres que tout le monde connaît mais qui ne semblent pas choquer. Si l'eau est présente sur terre, elle n'est pas également répartie et diminue un peu plus chaque année. Houria Tazi Sadeq, gouverneur au Conseil mondial de l'eau, rappelle qu'au Maroc « les 2/3 de l'eau sont concentrés sur trois bassins situés sur la côte atlantique ». D'autant qu'à 80%, cette eau est utilisée dans l'agriculture fortement exportatrice. Cela revient à dire que l'eau dont nous disposons est consacrée à l'étranger… Tout de suite, le stress hydrique semble plus proche de nous. Cette gestion de l'eau est d'ailleurs la responsabilité de tous. Lydec sensibilise ses abonnés, les agriculteurs utilisent des méthodes d'arrosage économes, des industriels montrent leurs derniers produits en matière de sauvegarde de l'eau et Véolia place des systèmes de fontaine à disposition des douars pour sensibiliser même les plus démunis. La problématique de l'eau au Maroc n'est pas si éloignée, c'est demain que le robinet risque peut-être de ne plus couler.