Il n'existe pas de pays sans culture ni expression artistique. L'histoire retient davantage ces deux aspects de l'existence humaine que les exploits guerriers. Elle stigmatise par conséquent les destructions de biens culturels et artistiques comme l'incendie de bibliothèques dans le passé comme elle stigmatisera le pillage du musée de Baghdad durant l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis. Par ailleurs, on dit toujours que l'art est universel. Il serait étrange qu'il ne fusse pas maghrébin. C'est pourtant le chemin emprunté par les pays membres du Maghreb Uni depuis la signature des accords de Marrakech. Cette même ville a vu la naissance de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dont les principes sont globalement appliqués. En revanche, les forces centrifuges ont la part belle au Maghreb. Cela est dû à l'animosité vouée par le pouvoir algérien envers le Maroc. Plusieurs guerres franco-allemandes ont abouti à une situation apaisée en Europe. Faudrait-il inventer des guerres pour connaître la paix ? Le Maghreb a beaucoup à apporter au monde en dehors des produits de son sous-sol. Par ailleurs, il faut s'imprégner de l'idée que ceux qui s'empoignent aujourd'hui se donneront l'accolade demain. Aussi bien, les artistes et les créateurs maghrébins ne doivent pas être les otages d'aléas politiques et s'investissent dans le projet maghrébin parce que par vocation, ils s'adressent aux peuples, sans intermédiaire. On voit mal un pays,à la frontière fermée interdire le passage à un cinéaste, un peintre, un homme de théâtre, un écrivain ou un musicien. Les Maghrébins réclament leurs artistes et leurs créateurs. Cela devient un impératif pour les hommes et les femmes de culture de participer à la construction du Maghreb en contournant la politique. Cela est possible et faisable à court terme. On a constaté avec satisfaction que le nombre des productions cinématographiques et télévisuelles a augmenté d'une manière significative malgré l'amenuisement du parc cinématographique. Cela irait mieux si le film marocain était accessible à tout le public maghrébin qui devrait être son interlocuteur naturel. On en veut pour exemple l'importante audience obtenue au Maroc par les premiers films de l'Algérie indépendante. On ne sait plus aujourd'hui ce que font les autres composantes du Maghreb, parce que chacun travaille dans l'isolement. Pour faire un travail concret et rattraper le temps perdu, une ou plusieurs associations de cinéastes marocains pourraient prendre l'initiative d'organiser dans une de nos grandes villes des journées cinématographiques maghrébines. Ce ne serait pas un festival et ne s'achèverait pas par des récompenses. Ces journées seraient organisées tous les deux ou trois ans, le temps de nouvelles réalisations, et en alternances dans chacun des pays du Maghreb. Cela ne fera de doublon avec aucune manifestation arabe ou africaine. Elle serait viable dans le cadre d'une communauté urbaine pour éviter les lenteurs et la bureaucratie des administrations. Avec la participation des autres associations maghrébines, cela pourrait aboutir également à la création d'une organisation de production unie qui s'appuierait sur les accords de coproduction intermaghrébins existants. On a pris pour exemple le cinéma parce qu'un film est onéreux et doit atteindre le grand public. Ce schéma peut naturellement être envisagé pour d'autres disciplines.