S'il y a un pays qui a toutes les raisons de prôner la non-prolifération des armes nucléaires ce sont bien les Etats-Unis. Et le Japon qui n'en possède pas mais qui les a expérimentées à ses dépens à la fin de la deuxième guerre mondiale, à Hiroshima et Nagasaki. Ces deux pays qui savent donc ce qu'est l'arme nucléaire sont sur la même ligne que l'Agence internationale pour l'énergie atomique qui craint que cette arme ne soit fabriquée ou ne tombe entre de mauvaises mains. Cela veut dire que les bonnes mains se trouvent en Occident et les mauvaises dans un pays du tiers-monde. Il est couramment fait allusion par les Etats-Unis et l'OTAN à l'ennemi qu'ils se sont fabriqués dans l'aire pakistano-afghane. Cet ennemi qui est décrit comme moyenâgeux et rétrograde, risquerait de mettre ses mauvaises mains sur la bombe pakistanaise. Si l'ennemi de l'OTAN y parvenait, il est possible qu'il les prendrait pour des idoles de la « jahilya ». Il est plus intéressant d'examiner les bonnes mains et de prendre connaissance de leurs exploits. A la fin des années cinquante, alors qu' Hiroshima et Nagasaki habitaient encore les esprits, un bombardier américain survolait l'Espagne. Une banalité. Sauf que les pilotes, qui avaient probablement abusé de la marijuana avaient largué au large de ce pays quelques bombes atomiques. C'était tout de même près du littoral. Ce scandale avait été révélé par la presse internationale qui avait fait son devoir d'informer le public. Il avait fallu du temps à des spécialistes américains pour remonter à la surface, des engins de destruction massive. On se demande ce qui aurait pu arriver si ces bombes avaient été égarées sur une ville espagnole. Plus près de nous, l'année dernière, un bombardier américain avait survolé les Etats-Unis du nord au sud, sans évidemment être inquiété. Normal. L'inquiétant c'est que ce bombardier transportait dans ses soutes quelques bombes nucléaires, embarquées par erreur. Les militaires américains avaient dû respirer quelques lignes de coke avant d'opérer leur chargement. On se demande là aussi ce qui serait arrivé si ces engins avaient été largués sur une ville américaine, alors que 2001 était si proche. On reste désemparé quand on sait qu'il y a quelques semaines un avion présidentiel, flanqué de deux chasseurs, avait survolé New York sans déclencher une panique parmi la population. Les New Yorkais sont devenus fatalistes ou alors c'est l'effet Obama. Le Président avait présenté ses excuses. Il n'y a pas longtemps, au large des côtes françaises, au fond de l'Atlantique, deux sous-marins à propulsion nucléaire s'étaient télescopés. L'un était anglais l'autre français. Que serait-il arrivé si ces deux pays n'étaient pas liés par «l'Entente cordiale». Déjà la marine anglaise avait nié avoir harponné un chalutier français au large de la Bretagne. Le Président américain a beau jeu de proposer la suppression de l'arme nucléaire. Cela ne mange pas de pain. Il serait le premier à porter atteinte aux intérêts du complexe militaro-industriel, seul secteur qui ne souffre pas de la crise. Du reste, tout en trainant le boulet israélien, il vient de réclamer une rallonge budgétaire pour les guerres d'Irak et d'Afghanistan. Avant que les guerres civiles ne prennent le relais.