On l'attendait aviaire en provenance d'Asie, elle est porcine et débarque du Mexique : la grippe mutante déferle sur le monde. Elle peut être mortelle et se propage à grande vitesse. L'OMS juge la situation «grave» et se dit «très inquiète» du «potentiel pandémique» de la maladie. Une combinaison de quatre virus, porcin, aviaire et humain Le virus isolé sur des patients au Mexique et aux Etats-Unis est un virus grippal du groupe A de type H1N1. Mais il s'agit en réalité d'une recombinaison génétique de quatre virus : virus de la grippe porcine d'Amérique du Nord, de la grippe aviaire d'Amérique du Nord et des virus d'influenza humains et porcins originaires d'Asie et d'Europe… ce qui est inhabituel et qui n'avait encore jamais été observé, a expliqué Dr Anne Schuchat, du Centre de contrôle des maladies américain (CDC). 27 Avril 2009 10h - Le Mexique, qui retient son souffle, est figé. Tout s'y est arrêté. En quelques semaines, sur plus de 1300 personnes tombées malades, près de cent ont décédé. Et depuis quelques jours, la trainée de poudre se répand dans le monde : Californie, Texas, Kansas, New York, Canada, Nouvelle-Zélande, Israël, Espagne, Colombie, France… Les Etats-Unis ont, par contre, décrété l'état d'urgence sanitaire, qui leur permet de mobiliser davantage de personnel pour la prévention. Ils ont en outre annoncé des dépistages sur les voyageurs se présentant aux frontières en provenance des pays touchés. Le Maroc serait pour l'instant épargné car l'Espagne est juste à côté non ? Situation «grave» pour un virus au «potentiel pandémique» L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décrété une alerte de niveau 3, sur une échelle qui en compte 6, le plus haut niveau étant la pandémie (épidémie mondiale). Selon Margaret Chan, Directeur général de l'OMS, la situation est «grave» et «doit être surveillée de près». Des Comités d'urgence seront régulièrement convoqués pour suivre l'évolution du virus de cette grippe porcine au «potentiel pandémique». Mais l'OMS attend de nouvelles données, et «il est possible que l'alerte actuelle passe au niveau 5» a indiqué Michael Gardam, directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l'Ontario. Des traitements efficaces en stocks L'OMS a constaté que le vaccin saisonnier ne protégeait pas contre la grippe porcine, dont la période d'incubation irait de trois à sept jours, selon les données actuelles. En revanche, le Tamiflu (oseltamavir) de Roche et le Relenza (zanamivir) de GlaxoSmithKline semblent traiter très efficacement la maladie. Or, depuis le retour de la grippe aviaire, la production de ces antiviraux a été stimulée et les stocks de ces traitements sont aujourd'hui importants, du moins dans les pays riches. Au Maroc, «toutes les mesures ont été prises pour éviter l'éventuelle introduction de la grippe porcine», a assuré lundi la ministre marocaine de la Santé Yasmina Baddou. Une cellule du ministère de la Santé s'est réunie pour examiner les derniers développements de cette maladie au niveau mondial, en coordination avec les autres ministères concernés, a-t-elle également indiqué. «Les mesures préventives portent sur le renforcement des contrôles sanitaires aux frontières terrestres, ainsi que dans les ports et aéroports, a-t-elle précisé. La surveillance épidémiologique, clinique et biologique a également été renforcée». Yasmina Baddou a en outre déclaré que des «quantités suffisantes» de masques et de vaccins ont été achetées. Des ambulances spécialement équipées ont été mises à la disposition de la Protection civile et des personnels médicaux ou paramédicaux formés pour prévenir cette maladie, a-t-elle poursuivi. La grippe porcine est une infection virale hautement contagieuse des porcs. Les infections à virus influenza porcin (SIV, Swine Influenza Virus) sont la cause d'une maladie respiratoire caractérisée par de la toux, des éternuements, du jetage, des températures rectales élevées, de la léthargie, une respiration difficile et une baisse de l'appétit. Dans certains cas, les infections à SIV sont associées à des troubles de la reproduction, tel l'avortement. Les signes cliniques et l'excrétion nasale du virus peuvent survenir dans les 24 h suivant l'infection. Si les taux de morbidité peuvent atteindre 100 % dans les cas d'infections par le SIV, les taux de mortalité sont généralement plus faibles. Les infections bactériennes secondaires peuvent aggraver les signes cliniques résultant de l'infection à SIV. La transmission se fait par contact avec des sécrétions contenant des particules virales, telles que les aérosols, générés par les toux et les éternuements, et les jetages nasaux. ■