Alors que les autres candidats refusent le rôle de lièvres, le président Bouteflika, joue celui d'un candidat tranquille et super favori de la présidentielle algérienne. A peine une semaine après le lancement officiel de la campagne électorale, et déjà les premières escarmouches. Le ton est monté d'un cran et pour cause, les adversaires de Bouteflika parlent déjà de fraude et accusent les médias publics d'impartialité. Il est reproché notamment à l'unique chaine de télévision l'E.N.T.V de favoriser le président–candidat, en médiatisant non seulement les sorties de Bouteflika, mais aussi les activités de ses proches sur le terrain, en période de campagne électorale, le ministre de la Solidarité Djamel Ould Abbas est particulièrement mis à l'index par une certaine opinion qui ne croit plus à l'égalité des chances depuis la révision de la constitution qui a permis à l'actuel locataire d'El Mouradia, de briguer un troisième mandat. Son troisiéme mandat ne sera pas de tout repos Dès sa première sortie à l'est du pays, Bouteflika a donné des signes du candidat gagnant, en tenant des propos qui en disent long sur sa volonté de diriger le pays durant son troisième mandat. A Batna, la capitale des Aurès, le président a développé un discours où la fibre révolutionnaire, a encore une fois fait mouche. Il est vrai que l'orateur était conscient qu'il était dans le fief Chaoui qui a enfanté un certain Larbi Ben m'hidi, le Jean Moulin Algérien et Liamine Zeroual l'ex- chef d'Etat, dont le fils était présent dans la salle du meeting. Bouteflika venait de marquer un premier point face à ses concurrents. Toutefois, le président candidat semble complètement changer de stratégie à l'égard des «égarés» et même des dirigeants de l'ex- F.I.S. Le ton et la manière du discours ont surpris tout le monde, le candidat à sa propre succession, fustige les extrémistes et s'en prend même aux repentis qui ont déposé les armes dans le cadre de la réconciliation nationale. A Tlemcen, Bouteflika en s'adressant au corps médical, dira à propos des terroristes «halkouna Rabi yahlakhoum» ( ils nous ont détruits que Dieu les détruise ). L'homme de la réconciliation nationale ira jusqu'au bout de ses critiques et il enfonce le clou devant le forum des intellectuels à Tiaret, en s'adressant cette fois-ci aux dirigeants du parti dissout (F.I.S), en déclarant pour la première fois que «ceux qui ont prêché la violence et ont concouru aux tueries des algériens, doivent se repentir». Bouteflika n'épargnera pas non plus les partisans du boycott en qualifiant : «ceux qui ont choisi de vivre ailleurs et critiquent l'Algérie, sont nos ennemis». Tout le monde aura compris que c'est le F.F.S et son leader charismatique qui sont visés. Selon les observateurs de la scène politique, le président est allé trop loin et son troisième mandat ne sera pas de tout repos. Si le F.F.S et le R.C.D font cause commune, la Kabylie changera la donne politique et ce sera peut-être le déclic tant attendu par le courant démocratique. «ça suffit, les Algériens n'en peuvent plus» Pour la passionaria de la gauche et candidate du parti des travailleurs, le discours n'a pas changé d'un iota, les revendications restent les mêmes, à savoir la protection du secteur public, la fin des privatisations des entreprises de production et un smic à 35.000 dinars. Dans un meeting qu'elle a animé à Relizane, Louisa Hanoun tient le pouvoir responsable de toutes les dérives politiques et économiques. Elle dénonce la mafia du foncier qui s'est accaparée de toutes les terres, alors que le sang coulait en Algérie. Elle s'adresse aux tenants du pouvoir en leur disant «ça suffit les Algériens n'en peuvent plus». De son coté, l'autre candidat Ali Fawzi Rebaine, fidèle à sa ligne de conduite et de son parti Aahd 54, fait preuve d'une grande fermeté à l'égard du pouvoir. A Mascara, devant une assistance nombreuse, il n'a pas mâché ses mots en déclarant «au lieu de protéger le peuple, le pouvoir le réprime» en ajoutant «ceux qui veulent faire de l'Algérie leur propre bien nous devons les chasser comme nous avons chassé le colonisateur». En se solidarisant avec le mouvement de grève du secteur de la santé, Rebaine dira «le secteur de la santé a été volontairement sinistré, ce qui fait les affaires du privé» et sur ce point ce n'est pas Bouteflika qui risque de le démentir, le président lui même a déclaré à Tlemcen, devant les membres du conseil scientifique, que l'Algérie n'avait pas une véritable politique en matière de santé. Durant cette première semaine de campagne, on remarquera qu'aucun candidat n'a encore abordé la politique extérieure de l'Algérie et notamment l'épineux problème du ……..Sahara, et bien entendu, le devenir du grand Maghreb. Abdelhamid Mehri l'ex- ambassadeur à Rabat déclarait récemment, que la fermeture des frontières n'est pas la solution. ■