Malgré une campagne de presse, des lettres de protestations, la réaction d'ONG, y compris ibériques, les responsables espagnols ne répondent pas aux pilotes Marocains maltraités. L'Espagne est-elle toujours franquiste ? », avions-nous titré au lendemain de la mésaventure d'un club automobile Marocain, dont les membres ont été maltraités par la Guardia civil, en Andalousie. Ce titre avait choqué en son temps, aujourd'hui nous le maintenons et sommes même tentés d'enlever la forme interrogative. Rappelons les faits. Un groupe de passionnés de voitures, tous issus de milieux sociaux aisés ont organisé, en relation avec des vis-à-vis espagnols une manifestation sur un circuit automobile en Andalousie. Ce genre d'événements a lieu au Maroc. A chaque fois, les participants étrangers, y compris espagnols, bénéficient de la sollicitude des autorités locales, d'un appui logistique, d'un traitement VIP. Nos passionnés de voiture n'en demandaient pas autant. Alors même qu'ils n'ont été verbalisés ni pour un excès de vitesse, ni pour un abus quelconque, ils ont été maltraités par la Guardia civil, comme aux pires moments du franquisme, quand ce corps représentait le visage hideux de la dictature espagnole. Tout le cortège a été arrêté, sommé de quitter l'autoroute, fouillé au corps, intimidé, insultes racistes à l'appui et ce, pendant 45 minutes. Le groupe a été ensuite «encadré» pendant 72 heures par les éléments de la Guardia civil, qui l'ont escorté lors du retour, avant de le quitter sur «Fuera Moros», sonnant comme un cri de guerre. Le groupe en rentrant s'en est ouvert à la presse marocaine qui en a fait grand cas. Pratiquement, l'ensemble des titres, toutes tendances confondues, a fait état de son émotion face à ce traitement aux relents racistes. Ils ont aussi interpellé les ambassadeurs, Marocain à Madrid et Espagnol à Rabat. En outre, des ONG Espagnoles ont exprimé leur réprobation et des organes de presse andalous se sont fait l'écho de cette bavure. Malheureusement, officiellement aucune autorité ibérique n'a répondu, même pas pour accuser réception, aux victimes de cet acte de racisme. La surdité des officiels espagnols ne peut être vécue que comme un mépris pour l'ensemble des Marocains. Il ne s'agit pas d'injures racistes de la part d'énergumènes éméchés, mais d'une action concertée, étendue dans le temps, d'une institution étatique. Cela est totalement intolérable. Beaucoup de Marocains traversent le détroit. Certains pour y trouver un emploi, parfois dans des situations illégales. La majorité en tant que touristes, pour y dépenser des fortunes. L'insulte espagnole, par l'acte abject de la Guardia civil, et le silence complice de l'ambassade et de l'ensemble des autorités doit interpeller cette catégorie. Sommes nous obligés de continuer à aimer un pays qui fait preuve de complaisance face au racisme ? La démocratie espagnole doit-elle rejeter tous les racismes, sauf celui anti-Moros ? Sans les excuses de la Guardia civil, nous sommes en droit d'accuser l'Etat espagnol de racisme.