Après le SUV, voici la berline. Porsche s'écarte à nouveau de sa tradition, en proposant une berline. Résolument sportive, la Panamera Gran Turismo connaîtra-t-elle le succès du Cayenne ? Wendelin Wiedeking est un homme heureux. Le patron de Porsche, qu'il a pris en main en 1992, peut être fière de ses 16 années à la tête du constructeur indépendant le plus rentable au monde. Mais pour transformer la petite fabrique de coupés sportifs en prédateur, qui s'apprête à prendre le contrôle du groupe Volkswagen, l'homme a du faire passer quelques réformes. D'abord épauler la légendaire 911 par un modèle d'entrée de gamme enfin à la hauteur de son blason (le Boxster), mettre un pied dans le juteux marché des SUV de luxe et, plus récemment, introduire le mot Diesel dans les fiches techniques de Porsche. Les puristes parlent-ils de sacrilège et de crime de lèse-majesté ? Qu'importe, puisque les clients sont de plus en plus nombreux à signer des chèques. Surtout, ces empêcheurs de vendre en rond n'en sont pas au bout de leurs surprises. Après le gros 4x4, Porsche s'apprête à jeter un nouveau pavé dans la mare des traditions, en accueillant dans sa gamme une berline ! 5 portes, 4 places Mais comme le Cayenne fut le SUV le plus sportif du marché, Porsche entend faire de sa Panamera Gran Turismo (c'est son nom) un «berline hautes performances», laissant de côté, au passage, le non-sens linguistique de l'appellation «coupé 4 portes». Car, justement, la Panamera en compte… cinq, de portes ! C'est justement l'une des caractéristiques de la ligne singulière de la grande Porsche (4,97 mètres de long), ligne qui fera (et fait déjà) couler beaucoup d'encre. Pour ses designers, «la Panamera reste fidèle à une philosophie du design composée au fil des décennies par la 911, puis mise en œuvre avec succès sur les Boxster, Cayman et Cayenne». Au public de se faire son idée : si certains y verront une vraie réussite esthétique, d'autres auront du mal à s'habituer à cette silhouette de 911 allongée, alourdie par un popotin rondouillard.Mais au-delà de son physique, la Panamera Gran Turismo devra d'abord convaincre sur le plan pratique et technique. Oui, elle pourra accueillir quatre passagers avec, à l'arrière, deux fauteuils séparés, conçus pour offrir le même confort et le même maintien en conduite sportive qu'aux places avant. Les bagages devraient aussi y trouver place, avec un coffre à la contenance respectable et des sièges arrière rabattables. De 300 à 500 ch ! Mais le plus intéressant se niche sous le capot. En entrée de gamme, on trouve un V6 3.6 l associé à une boîte manuelle 6 rapports pour les Panamera (propulsion) et Panamera 4 (transmission intégrale). Les versions S et 4S bénéficient du V8 de 4.8 litres, et la Turbo du même bloc mais en version suralimentée. Les puissances de ces blocs s'étendraient de 300 à 500 ch. La boîte à double embrayage PDK 7 rapports est évidemment de la partie, de série ou en option selon les motorisations. De plus, une version full hybride est attendue dès le lancement planifié pour fin 2009, début 2010, à des tarifs d'attaque avoisinant les 130.000 euros. D'ici là, elle verra apparaître son unique concurrente directe : l'Aston Martin Rapide. À moins que Lamborghini ne décide de produire sa propre berline, annoncée en octobre dernier par le concept Estoque.