J'aime le Maroc, profondément, viscéralement, affectivement, esthétiquement. Mais comment parler de ce pays avec amour et lucidité ? C'est à Casablanca, mégapole dense, grouillante, vivante, dans un mélange d'Arabe courant truculent et de Français que j'ai voulu me perdre avec délices. Alors j'ai dessiné mon «Aziz», mon «Number One». Je l'ai cherché, découvert, apprivoisé. Je l'ai détesté, je lui ai pardonné... il m'a fait peur, rire, pleurer. Je l'ai aimé dans ses contradictions, dans sa froideur, son injustice, dans sa pudeur. Son histoire est celle d'un pays en pleine mutation. Tout comme le Maroc, Aziz va vivre les contradictions d'un pays musulman où les lois changent, les traditions s'effritent, et les esprits s'éveillent. Un pays où le rapport hommes-femmes tend à se redéfinir. Le gouvernement réforme en 2004 une loi : la Moudaouana. Ce code de la famille rénové donne aux femmes des droits nouveaux qui font d'elles des citoyennes et des adultes à part entière. Le pouvoir est allé plus vite que la société civile où persistent traditions et croyances. Alors, les contradictions naissent... C'est sur fond de ce Maroc en mouvement que je déroule mon histoire. Number One est né du désir d'écrire une fable, une comédie populaire, douce-amère, pour dédramatiser un quotidien difficile. Rire pour ne pas pleurer... Number One est avant tout une histoire d'Amour, de redécouverte de l'Autre, une histoire au-delà des frontières et des cultures. Aziz dirige une usine de confection qui emploie une cinquantaine d'ouvrières qu'il terrorise, tout comme il terrorise sa femme, sa fille ... Un jour, sa femme découvre que son mari peut être aussi un gentleman, un prince charmant, lorsqu'il doit faire bonne figure devant une cliente étrangère ... Elle décide de lui jeter un sort, pour que cet instant de bonheur ne finisse jamais.... Aziz devient féministe malgré lui. Sa vie devient un enfer... ■