L'automne n'a pas encore manifesté ses signes avant-coureurs, mais les premiers frissons de la saison feuille morte sont bien là. Il faut dire que cette période s'annonce toujours agitée en Algérie. Depuis le tsunami du 5 octobre 1988, ce pays est livré à un destin tragique qui s'acharne contre lui. Le ramadhan s'annonçait déjà difficile pour les algériens, mais les deux derniers attentats sanglants qui ont fait plus de 60 morts ont fait basculer le pays dans l'horreur des années 90. La psychose s'y est installée et on craint le pire dans les prochains jours. La réconciliation nationale dont le pouvoir n'a cessé de vanter les mérites s'est avérée un échec sur toute la ligne. Ce constat d'amertume a fait changer d'avis les plus optimistes. Mêmes erreurs, même échec La stratégie du pouvoir qui repose sur le tout sécuritaire n'a pas payé. On a beau annoncer la neutralisation au quotidien de groupes terroristes et la reddition de beaucoup de repentis, les deux derniers attentats de Boumerdès et de Bouira prouvent que la GSPC adopte elle aussi une autre stratégie plus meurtrière encore. Mais comment explique t-on ce phénomène des maquis qui ne se vident pas et dans certains cas, des repentis ont repris du service en rejoignant les groupes armés. Une certaine opinion explique ce regain de violence par le retour d'Ouyahia, l'homme qui parlait « de terrorisme résiduel ». c'est peut-être vrai car l'homme est loin de partager la politique de réconciliation et se targue même d'être un éradicateur. alors comprend qui peut à cette situation quand on sait que Bouteflika ne cesse de clamer que seule la réconciliation reste la solution face au terrorisme. Le président de la république et son Premier ministre sont-ils du même bord ? On est tenté d'en douter. Les observateurs de la scène politique dressent un constat de carence sur tous les plans : social, économique et culturel. En effet, les milliards et les discours n'ont servi à rien, comme l'expliquait dans sa chronique sur les ondes de Medi 1 Salima Ghezali. Les algériens ne comprennent plus rien, on leur dit que leur pays est le plus riche du Maghreb avec des réserves estimées à plus de 100 milliards de dollars, mais la réalité est tout autre. La politique de relance économique n'a pas permis la relance des unités industrielles. La création des postes d'emplois relève de l'utopie, l'université algérienne forme des diplômés qui grossissent le rang des chômeurs (hittistes). Sur le plan social, la privatisation des entreprises publiques a provoqué un cataclysme social, des milliers de travailleurs ont perdu leurs emplois. Dans certaines grandes villes, la misère se manifeste sous plusieurs formes ; mendicité, prostitution, agression et grand banditisme. Ce sont là des fléaux sociaux auxquels les pouvoirs publics n'accordent parfois aucun intérêt. Faut-il être un grand stratège pour comprendre que ces jeunes livrés à eux-mêmes et frustrés par tant d'injustice, restent la cible des recruteurs du GSPC ? Il est vrai que les prêches incendiaires dans certaines mosquées et les fatwas prononcées çà et là encouragent plus d'un, mais le profil des nouveaux kamikazes ne relève pas de ce pedigree islamiste. Ce sont souvent des jeunes des banlieues ou des douars perdus qui n'ont plus rien à perdre et passent à l'acte en faisant des centaines de victimes parmi la population, alors que le pouvoir campe sur ses positions. La dernière embuscade terroriste à Batna fait état de 7 militaires tués et 14 autres blessés. L'automne s'annonce chaud sur tous les plans. La fin du 2ème mandat de Bouteflika n'augure rien de prometteur à l'horizon. Doit-on se fier à ce terrible constat fait par Mouloud Hamrouch, un ancien Premier ministre et ancien colonel de l'ANP, quand il déclarait il y a quelques années, «nous avons des députés mais pas de parlement ! Nous avons des ministres mais pas de gouvernement ! Faut-il en déduire aussi que nous avons un pays mais pas d'Etat. Dans ce pays où même le rêve n'est plus permis, le soleil se lève mais pas pour tout le monde … Car avant l'aube, des centaines de harragas quittent chaque jour les rivages d'Algérie parfois pour un aller simple et au prix de leur vie, par contre d'anciens chefs terroristes au nom de la réconciliation sont devenus des citoyens et assistent même aux funérailles officielles. C'est le cas du ministre Layada ex-chef du GIA livré par le Maroc aux autorités algériennes et qui mène aujourd'hui une vie dans l'aisance. Ce dernier est un pur produit de la réconciliation.