L'on espérait plus du voyage éclair de la ministre française de la Justice, le samedi 21 juin à Casablanca et Rabat, qui a finalement accouché d'une seule convention bilatérale, dans le domaine de la formation en droit. Voyage « improvisé » ou de famille (Son père l'accompagnait), l'on n'en saurait pas plus que la signature de la convention entre l'Université de Droit d'Aïn Chok de Casablanca et l'Ecole nationale de la Magistrature de l'Hexagone. Ce qui semble bien mince comme accord à ce si haut niveau de représentativité. Et ce, au moment où le Premier ministre François Fillon signait des accords importants à Alger et que le Souverain marocain poursuivait son séjour privé à Paris où il recevait le Président Nicolas Sarkozy venu lui rendre une visite de courtoisie. Saviez-vous que la ministre Rachida Dati, dont la mère est algérienne, est une Doukkalia de pure souche, son père étant originaire de Sidi Bennour dont elle rappelle avec fierté ses origines. Issue d'une famille nombreuse, une dizaine de frères (dont certains ont eu des démêlés, avec la…Justice qu'elle pilote justement qui a grandi à Chalon-Sur-Saonne où elle se débrouillait comme elle pouvait en vendant des produits de maquillage, la Garde des Sceaux est une battante qui fonce sans crainte, beaucoup de dynamisme, de fraîcheur, d'engagement, de passion dans l'action, spontanée et naturelle, très vive dans ses réactions et un regard pétillant d'intelligence. En tout cas, elle a le profil type de celui ou celle qui ne laisse jamais indifférent. Elle garde des attaches personnelles très fortes avec son pays d'origine, le Maroc et l'a clairement rappelé à la grande réception dans la résidence de l'Ambassade de France. Coopération judiciaire fructueuse La ministre française de la Justice, a achevé sa visite au Maroc par une rencontre avec les ressortissants de la République dans la résidence de l'ambassadeur à Rabat, Jean-François Thibault. Associations et organismes représentant les Français de l'étranger, opérateurs et industriels (Webhelp, Lydec, Vivendi Télecoms…), enseignants et autres, avaient répondu massivement à l'invitation pour applaudir la double décision du gouvernement de la république à leur intention. D'abord, en application de la règle de gratuité de l'enseignement public, les frais de scolarité des enfants des Français au Maroc seront pris en charge dans les mêmes conditions que leurs concitoyens vivant dans l'Hexagone. Ensuite, La Garde des Sceaux a annoncé une réforme constitutionnelle cet été pour permettre une représentation parlementaire de la communauté française vivant à l'étranger. Cette rencontre avec Rachida Dati, qui auparavant, dans une journée marathon, n'a pas été lâchée d'une semelle par les ministres de la Santé Yasmina Baddou et Latifa Akherbach, avait animé une conférence sur la citoyenneté à l'université d'Aïn Chok, visité le Centre social de Sidi Moumen et tenu des séances de travail avec le Premier ministre et des ministres marocains, après un déjeuner offert par le Wali de région Mohamed Kabbaj, s'est déroulée avec la présence de certains officiels, dont les ministres des Affaires économiques et Générales du Gouvernement Nizar Baraka, en charge de la Communauté marocaine à l'étranger Mohamed Amer, le Conseiller du Souverain André Azoulay, le Gouverneur « Monsieur INDH » de l'Intérieur Aziz Dadès, le conseiller de la Primature, Driss Guerraoui, comme on aura remarqué la présence de Benhachem fraîchement nommé Délégué Général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion. Une présence qui n'est pas seulement protocolaire, puisque la ministre Rachida Dati a expliqué les réformes introduites en France dont la création de la fonction de contrôleur général des lieux de privation de liberté englobant, outre les prisons classiques, également les locaux de garde à vue, les hôpitaux psychiatriques et autres. « Il faut être ambitieux pour son pays », a maintes fois insisté Rachida Dati, à l'adresse des jeunes marocains, en les incitant à contribuer davantage à l'œuvre d'édification des réformes démocratiques initiées par feu le Roi Hassan II et poursuivies par le Souverain Mohammed VI. Quant aux développements attendus de l'affaire Ben Barka, la Garde des Sceaux s'est interdit tout commentaire pour ne pas interférer dans un dossier dont l'instruction est toujours en cours. Enfin, Dati a jugé la coopération judiciaire entre les deux pays « assez bonne » et le projet d'Union pour la Méditerranée dont le Sommet constitutif aura lieu le 13 juillet à Paris de projet « audacieux et plus équitable » pour un développent solidaire des deux rives de la Mare Nostrum. 3 Questions à Rachida Dati Garde des Sceaux de la République Française3 «Une justice indépendante est un fondement essentiel de la démocratie» La Gazette du Maroc : L'on est intrigué par cette visite-éclair de laquelle nous étions en droit d'espérer plus qu'une seule convention liée à la formation en matière de droit ? Quels sont les véritables objectifs de votre déplacement au Maroc ? Rachida Dati : Une double dimension caractérise mon voyage au Maroc. Primo, la signature d'une convention de partenariat entre l'Université casablancaise de droit d'Aïn Chok et l'Ecole française de la magistrature apte à développer la formation des hommes de loi dans les domaines qui intéressent les réformes mises en chantier tant dans le Royaume que chez nous en France. Deuxio, le volet social de l'insertion et de l'aide aux jeunes pour l'emploi dans les quartiers en difficulté, perspective que nous avons évoquée au Centre social de Sidi Moumen. Quel est votre sentiment sur l'évolution de la Justice au Maroc ? En général, chaque nation vit sa propre expérience en matière de réformes institutionnelles et judiciaires. Je ne peux me prononcer sur la réforme de la justice au Maroc car n'y ayant jamais vécu, il m'est difficile de connaître cette expérience ou d'interférer dans les chantiers en cours… Pourtant, vous aviez déclaré que la modernisation du système judiciaire marocain s'inscrit dans la consolidation des acquis démocratiques du Royaume ? Non, pas du tout ! Je n'ai jamais dit cela. J'ai expliqué, de façon plus globale, qu'une justice indépendante est un fondement essentiel de la démocratie et qu'elle est en mesure de garantir un Etat de droit. D'ailleurs, le Premier ministre Abbas El Fassi m'a assuré de son attachement à l'indépendance de la justice au Maroc.