Devenues une véritable alternative au développement du tourisme, les maisons d'hôtes connaissent un engouement sans précédent. Pourtant, les propriétaires sont en colère : ils trouvent la taxe de séjour communale chère et surtout inéquitable par rapport aux hôtels. Il existe aujourd'hui à Marrakech 578 maisons d'hôtes classées officiellement en 2 catégories, soit une capacité d'accueil de 7600 lits. Une cinquantaine d'autres devraient être classées d'ici la fin de l'été prochain et autant de projets sont en chantier pour la fin de l'année. C'est dire l'importance de cette formule d'accueil, qui dépasse la capacité d'hébergement touristique de Meknès et qui représente un sixième de celle de Marrakech. 80% de ces maisons sont installées dans la Médina et 90% d'entre elles appartiennent à des étrangers, en majorité aux Français. À partir de 2002, on assiste à un véritable «boom» des maisons d'hôtes dans la ville ocre, qui va peu à peu bouleverser la physionomie de la médina. Les familles à revenus modestes dans l'impossibilité d'entretenir leurs maisons vendent à tour de bras pour céder la place aux investisseurs, ce qui permet de « réaménager » et assainir progressivement le cœur de la ville ocre : installation du tout à l'égout et réfection des canalisations, pavage des ruelles, privatisation du ramassage des ordures, installation de l'éclairage public, entre autres exemples, sans oublier que l'arrivée massive de ces étrangers va développer le travail des artisans toutes catégories confondues et générer quelque 6000 emplois directs. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, du côté propriétaires, ça grince des dents. La raison de la colère vient de cette taxe de séjour communale promulguée en décembre dernier, qui classe les maisons d'hôtes dans la même fourchette que les Palais des congrès ou que les hôtels 5 étoiles luxe. Des tarifs non négociables, établis entre 15 et 30 DH par nuit et par personne. « La coupe est pleine, crie haut et fort Wadie Tyouss, le président de l'Association des Maisons d'Hôtes de Marrakech et du Sud ( l'AMHMS). Nous sommes classés en 2 catégories, alors qu'une dizaine de maisons seulement correspond à la catégorie hôtels luxe 5 étoiles, et nous devons tous nous acquitter de la même taxe, soit les 15 DH que nous avons négociés par personne et par nuit avec les autorités de la commune ». Bien que les négociations avec Omar Jazouli aient abouti au tarif minimal (15dh), la grogne s'amplifie, d'autant qu'il s'agit là d'une 2ème taxe imposée en moins d'un an après l'apparition de la Taxe Promotion Touristique (TPT) versée à l'ONMT, 8 ou 11 DH en fonction de la catégorie. « Faites le calcul, poursuit Wadie Tyouss : un couple de touristes qui séjourne une semaine dans une de nos maisons, devra payer 7 fois 46 DH -15 DH (la taxe de séjour) plus 8 DH (la TPT) soit 23 DH multiplié par 2… En résumé, le couple va payer quasiment une nuit supplémentaire ! » Depuis quelque temps, de nombreuses frictions ont été constatées entre propriétaires et clients qui ont carrément refusé de s'acquitter d'un supplément inattendu et non mentionné sur les offres de vente des brochures et des prestations proposées par les TO ou sur Internet, des intermédiaires qui eux aussi refusent de participer au paiement des taxes. La solution avancée par l'ensemble des propriétaires, serait de revisiter les tarifs demandés en proposant un classement des maisons d'hôtes en 4 catégories, à l'instar des hôtels. Entre 10 et 25 DH pour les 5 étoiles, entre 5 et 10 pour les 4 étoiles, entre 3 et 7 pour les 3 étoiles et enfin entre 2 et 5 DH pour les hôtels 1 et 2 étoiles. « Ce serait plus logique et surtout plus équitable de tenir compte des prestations, en sachant que 80% des propriétaires de riads demandent moins de 1000 DH par nuit et que l'on peut trouver des chambres fort charmantes à partir de 350 DH la nuit », conclut W. Tyouss. Reste à convaincre les parlementaires qui font la sourde oreille et qui semblent considérer toute maison d'hôte comme un produit grand luxe.