Driss Lachgar, membre du bureau politique de l'USFP "Les défis à relever par le Maroc sont de l'ordre de ceux qui se dressent devant tous les pays du tiers-monde. Ce sont des défis qui ont trait à la lutte contre le sous-développement, l'analphabétisme, les pandémies, la pauvreté et la faim. Je pense que tous ces facteurs peuvent être résumés en un seul mot. Le Maroc est confronté au défi démographique. Ceci veut dire qu'au Maroc d'aujourd'hui, les problèmes de l'emploi, du chômage et de la précarité sont intimement liés au problème démographique. Et ce défi nous mène vers un autre défi qui est de caractère purement économique. Il est évident que pour trouver des solutions adéquates à ces problèmes, le Maroc est appelé à dynamiser ses liens de coopération avec d'autres pays et surtout d'optimiser l'accord de libre-échange avec les Etats-Unis d'Amérique. A ce propos, je ne peux qu'exprimer mon étonnement quant au faible écho que reçoit cet accord dans la société civile marocaine et au sein de la classe politique. Je pense qu'il y a un déficit énorme à propos de la promotion de cet accord de libre-échange. Mais si le Maroc a franchi des étapes importantes sur la voie de sa démocratisation, je pense que durant l'année 2003, le pays continuera à brandir les mêmes slogans que le gouvernement de l'alternance avait hissés. Dans ce cadre, il sied de poursuivre les réformes politiques qui doivent s'articuler avant tout sur la réorganisation communale. L'adoption de la nouvelle charte communale ne peut être réellement efficiente que si elle est suivie d'opérations électorales libres et transparentes à l'instar des législatives de septembre 2002. Je pense que ces élections doivent aboutir à ce que les villes se transforment en véritables pôles de développement et en véritable moteur pour leur environnement immédiat. Ces élections sont primordiales parce qu'elles conditionnent la future recomposition des conseils régionaux et la deuxième chambre, malgré les réserves que nous formulons à son sujet. A ce propos, je souhaite que le futur tiers sortant de cette chambre puisse contribuer à rééquilibrer l'action parlementaire dans son ensemble. Donc, le véritable défi à relever est d'ordre démocratique, si l'on veut que le Maroc retrouve la place qu'il mérite dans le système de la mondialisation. Il est tout aussi nécessaire de bien gérer les dossiers en suspens qui ont trait à la question des droits de l'Homme, de la moralisation de la vie publique et de l'assainissement de l'environnement global pouvant être favorable à l'investissement. Dans ce cadre, un large dialogue doit être entrepris pour trouver les solutions adéquates à nos problèmes, notamment en instituant une culture du mérite qui coupe court à toutes les manifestations des privilèges et de l'économie de rente. Je pense que d'ici 2010, le Maroc doit pouvoir surmonter tous ces obstacles et que 2003 est une année décisive pour inaugurer les grands chantiers de la réforme."