Règles de Bâle et crise bancaire internationale. Le débat suscité par la SMAEX a soulevé plus de questions, qu'il n'a apporté de réponses. Cependant, avec le panel des intervenants, il ne fallait pas entendre autre chose que des questions biens posées Le 20ème anniversaire de la SMAEX fera date. La Société marocaine d'assurance à l'export a choisi de réfléchir autour de la question d'un thème crucial : «Nouvelle règlementation bancaire et crise financière internationale : quel impact sur l'économie marocaine ?». En d'autres termes, le débat interpellait un riche panel d'intervenants. Les économistes invités pour l'occasion, ont abordé la question sous des angles différents, parfois opposés. Mais, à les entendre, on est tenté de dire qu'il n'y a rien d'étonnant que chacun prêche pour sa propre paroisse. Sur la question de Bâle II, point de doute que le Maroc doit se conformer aux nouvelles règles de solvabilité et de rating qui s'appliquent aux banques et à leurs clients. C'est selon Abdelatif Jouahri, une condition non négociable pour que le Maroc soit en phase avec la finance internationale. Et sur ce point, il y avait au moins un consensus : les règles de ce comité de réflexion sont admises comme non négociables, à quelques nuances près. C'est d'emblée, que Nezha Lahrichi, PDG de la SMAEX, a posé le sujet de ce débat. «Avec la nouvelle règlementation bancaire, l'octroi de crédit dépendra du risque représenté par le prêt envisagé, sur la base d'un système de notation où l'information de qualité devient fondamentale». En poussant sa réflexion un peu plus, l'hôte de cette rencontre a expliqué clairement, que l'approche du risque préconisé par Bâle II et qui est celle de la SMAEX, consiste bien à «qualifier et à surveiller la solvabilité de celui qui bénéficie du crédit», et non comme le veut actuellement la pratique du marché «transférer ledit risque, le diluer et le disperser via les marchés financiers». Cette approche a certes montré ses limites avec la crise des subprimes. Mais, dans le contexte économique marocain, caractérisé par l'existence de milliers de petites entreprises, n'est-il pas le mieux adapté ? Et au ministre de l'Economie et des Finances, Mezzouar, d'interpeller Lahrichi, pour dire que la priorité actuelle n'est pas tant le moral des agents économiques que le respect des règles de Bâle II. Et côté moral, à en croire Mly Hafid El Alamy, il y a encore à faire, puisque les entrepreneurs ont encore besoin d'être rassurés. A côté de ces règles de Bâle et de leurs conséquences sur le tissu économique, le débat a aussi tourné autour des difficultés du moment avec la crise alimentaire mondiale. D'abord il convient de noter que la crise alimentaire arrive une année où la production marocaine de blé ne dépassera pas 50 millions de quintaux, soit 18% de moins que les prévisions et près de 40% de moins qu'une année dite bonne. Il faudra importer du blé afin de combler le gap entre les besoins et la production locale. Et qui dit importation, parle également de l'activation des mécanismes de compensation. Et comme si cela ne suffisait pas, le pétrole atteint des sommets avec un baril échangé, il y a une semaine à plus de 125 dollars. Au final, ce ne seront pas moins de 31 milliards de dirhams de subventions, que la Caisse de compensation devra sortir. Sans aller jusqu'à rappeler les émeutes du pain, Salaheddine Mezzouar a toute de même posé la question de savoir ce qui se serait passé s'il n'y avait pas ce système de compensation. Le fait de subventionner les produits de premières nécessités, est sans doute un élément fondamental de la stabilité sociale. Mais, la question se pose bien de savoir s'il s'agit du meilleur outil pour limiter la flambée des prix. On peut en douter, puisque la subvention du carburant profite en premier aux plus aisés, dont les voitures sont sans doute plus consommatrices de carburant per capita, que les autobus qu'emprunte le peuple. C'est sans doute pourquoi la réflexion doit être ouverte de façon urgente sur les possibilités d'individualiser ces subventions selon les revenus de chaque ménage.